Il y a quelques années, le profil type du V.I.E au Royaume-Uni était assez clair : un mélange d’ingénieur ou de banquier un peu stéréotypé, tentant de jongler entre deux langues et qui, la plupart du temps, finissait par bien s’acclimater à l’environnement outre-Manche. Aujourd’hui, la donne a changé : les V.I.E présentent des parcours très variés, l’offre s’est élargie et de nouveaux secteurs se sont ouverts. Alors, en 2025, à quoi ressemble le visage des V.I.E au Royaume-Uni ?


“N’importe qui, peut-être un V.I.E.” Une phrase qui, somme toute, aurait difficilement pu être proclamée il y a quelques années. Pourtant, en 2025, le même discours prend tout son sens.
Moussa-Cavin Beye en est le parfait symbole. Grand Prix V.I.E 2025, Business Developer chez Gigamedia, il incarne une nouvelle génération de jeunes prêts à faire de Londres leur terrain de jeu : “Mon V.I.E, en un mot ? La détermination. Parce qu’il y a beaucoup de candidats très compétitifs.” Une fois en poste, son maître-mot reste la confiance en soi. Car, comme beaucoup de jeunes au Royaume-Uni, “On se retrouve souvent seul dans un nouvel environnement, avec une autre culture. C’est là que l’ouverture d’esprit devient essentielle : comprendre, s’adapter, apprendre sans juger.”
Des V.I.E de plus en plus prévoyants sur le plan financier
Si l’esprit d’aventure des V.I.E n’a pas disparu au fil des années, il s’accompagne désormais d’une bonne dose de pragmatisme. Aujourd’hui, tout le monde le sait : vivre à Londres, c’est un rêve, certes, mais un rêve à budget serré. “On arrive à survivre à Londres, même si la vie est très chère et que les loyers sont très élevés”, sourit Moussa-Cavin.

Et si l’économie locale rend la capitale exigeante, le charme londonien, lui, agit toujours.
Paul, un autre V.I.E, raconte : “Il y a toute la culture anglaise, de l’afterwork au Pub avec les collègues. Quand on se promène dans la City à 18h, les pubs sont remplis. C’est une vraie tradition, et c’est important pour s’intégrer.” Très clairement, ces sorties au bar deviennent souvent les premiers points d’ancrage pour de jeunes Français qui découvrent ce que signifie travailler à l’international.
Le parcours du combattant à Londres ? Pas vraiment…
Revenons à la première étape : trouver un V.I.E. Selon les deux jeunes hommes, décrocher un poste relève surtout d’une bonne préparation. “Je me suis inscrit sur le site de Business France et j’ai postulé directement aux offres qui correspondaient à mon profil”, précise Moussa. “Ça prend un peu de temps, il faut s’y prendre à l’avance, mais c’est faisable. Et puis, chaque entretien est un bon entraînement”, complète Paul.
Le processus s’est professionnalisé, avec plusieurs tours d’entretien. “Le secret, du moins ce qui a marché pour moi, c’est d’avoir préparé mes entretiens en anglais comme en français”, ajoute le lauréat du soir. Quant aux démarches administratives, elles ne sont plus l’obstacle redouté d’autrefois : “Il faut un peu de temps pour le visa, mais on ne se noie pas dans la paperasse. Tout est bien encadré par Business France”, assure Paul.
La bonne nouvelle du soir, signée Business France
D’ailleurs, en parlant de Business France, le groupe a une bonne nouvelle : le dispositif au Royaume-Uni a été officiellement étendu à deux ans sur le format “1 + 1”, selon les mots d’Henri Baïssas et Karen Soman. Après une première année réussie, le contrat peut être prolongé d’une seconde année si l’entreprise, le bénéficiaire et Business France sont d’accord. Une évolution qui renforce encore l’attractivité du V.I.E britannique.

Le V.I.E au Royaume-Uni est officiellement étendu à deux ans
Des recruteurs exigeants, mais toujours bienveillants
Pour les entreprises françaises installées au Royaume-Uni, le V.I.E devient une porte d’entrée stratégique. Antoine Renaud, directeur de projet UK chez Eiffage, explique : “Le V.I.E, c’est aujourd’hui un des seuls points d’entrée pour faire de l’international en tant que jeune diplômé. Il faut parler anglais, évidemment, mais surtout avoir une vraie capacité d’adaptation.”
Dans un secteur comme la construction, les jeunes envoyés sur les projets phares apprennent vite à sortir de leur zone de confort, souligne Antoine : “Nous les lâchons parfois dans la nature, sur des chantiers en pleine campagne, à Aylesbury par exemple. Ce n’est pas toujours le rêve londonien, mais c’est une immersion totale !” Cette réalité plus brute forge des profils solides et prêts à entrer dans la vie professionnelle. “On ne vit pas le cliché du jeune expat à Shoreditch, mais on apprend à se débrouiller, à comprendre les codes locaux, à travailler avec des équipes mixtes. C’est formateur.”
La French Touch en plein Royaume-Uni
Une chose est sûre : la présence française reste visible et appréciée. “La French Touch existe toujours, même au milieu de 150 nationalités différentes”, confie Matthew, manager sur le site HPC pour EDF. “Nous avons été chanceux avec nos V.I.E. Ils s’engagent vraiment, que ce soit dans le travail ou dans la vie locale. Certains finissent même par rester, d’autres rentrent en France enrichis d’une expérience unique.”
Zeïd, jeune ingénieur sous le mentorat de Matthew, confirme que cette expérience est avant tout une fierté : “À 24 ans, pouvoir dire ‘j’étais là pendant la construction’ d’un projet comme Hinkley Point*, c’est incroyable. On voit tout, on comprend, on apprend. C’est concret, et ça marque une carrière.”
Hinkley Point*, gigantesque chantier mené par EDF dans le Somerset, vise à construire deux réacteurs nucléaires de type EPR, capables d’alimenter plus de six millions de foyers britanniques.
Plus diversifiés, plus ouverts, les nouveaux V.I.E abordent désormais leurs missions comme un tremplin global et non plus un simple “stage d’apprentissage”, preuve que, décidément, la French Touch sait toujours se réinventer…
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