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Echec à la Dame de fer !

Boris Johnson plagie Margaret ThatcherBoris Johnson plagie Margaret Thatcher
Écrit par Luther Beaumont
Publié le 31 mars 2020

Le Premier ministre Boris Johnson a repris à tort les mots de sa prédécesseur dans le contexte actuel qui touche la Grande-Bretagne.

 

Boris Johnson a été diagnostiqué porteur du Covid-19, mais il exerce toujours son rôle pour mener la lutte contre l’épidémie. Nous lui pardonnerons donc l’usage inapproprié des mots prononcés par Margaret Thatcher, sur lesquels il s’est récemment appuyé.

Alors qu'il était en train de nous sortir le grand jeu pour féliciter le retour en poste de près de 20 000 retraités au sein des personnels de santé, le Premier ministre prononça : « La société n’existe pas », dans l’une de ses vidéos prises en selfie, adressée à la nation. En quarantaine, il réalise en effet lui-même ses propres clips vidéo.

Le choix de cette communication fut perçu comme une véritable réfutation des propos te-nus par Thatcher en 1987. Elle déclarait dans un magazine : « La société n’existe pas, il n'existe que des individus ». Cette déclaration n’a jamais cessé d'animer les débats pen-dant plus de trois décennies, au sein des politiques britanniques. En partie parce qu'il est question, de l'une des plus grosses erreurs d’interprétation politique du XXème siècle.

Thatcher ne se trouvait pas, cette fois-ci, en train de faire l'apologie de cet individualisme qui lui tenait tant à cœur. Elle se concentrait à condamner le concept, abstrait selon elle, d'une société impersonnelle qui n'aurait aucune existence véritable. Elle le présentait tel la cause des maux de la population. Voici ce qu'elle avait précisément énoncé dans le maga-zine Women”s Own : « Il n’existe pas de société. Il existe une tapisserie vivante d’hommes et de femmes. La beauté de cette tapisserie ainsi que notre qualité de vie dépendent de la capacité de chacun d'entre nous à savoir nous responsabiliser, ainsi que de notre capacité à mettre nos efforts au service des plus mal lotis. »

C'est exactement ce dans quoi la population britannique a su s’inscrire face à l'urgence provoquée par le coronavirus. Des millions de Britanniques ont suivi les recommandations du gouvernement : ne pas sortir de leur domicile pour protéger au mieux les personnes vulnérables et veiller sur son voisinage en offrant d’aller faire les courses par exemple. Les petites épiceries de quartier se fournissent dans les supermarchés pour maintenir leurs rayons remplis. Les personnels de santé et paramédicaux doivent aller travailler tous les jours malgré les risques avérés.

Il est une excellente chose que la population britannique ait su, d’elle-même, prendre et respecter ces dispositions d’urgence. Car ce n'est pas ce gouvernement impersonnel, pour reprendre la façon dont Thatcher critiquait régulièrement la « société », qui aurait su nous y contraindre suffisamment tôt. Les services du NHS ont rencontré toutes les peines du monde pour gérer au mieux la situation jusqu'à aujourd’hui, grâce à des efforts colossaux de ses équipes de travail. La mairie de Londres maintient tant bien que mal le métro ouvert. Et jusqu'à ce week-end encore, les amendes étaient toujours distribuées aux personnels de santé mal garés autour des hôpitaux.

Thatcher avait identifié que le véritable visage de la société britannique demeurait bien plus fortuné que ce que ne pouvait l’être son gouvernement. Elle était aussi convaincue que ses chers compatriotes d’outre-Manche sauraient se montrer capables de se mobiliser si le contexte venait à l’exiger. C'est précisément ce dans quoi nous nous retrouvons placés avec la situation actuelle.