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Délectez-vous s'il vous plaît de ces 4 séries britanniques, progressistes et décalées

Arabella dans I May Destroy YouArabella dans I May Destroy You
Arabella dans I May Destroy You
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 4 août 2021, mis à jour le 5 août 2021

Pour tâcher d’appréhender le monde différemment, notre rédaction vous a concocté un programme télévisuel alléchant : entre humour pinçant à l’anglaise, thématiques sociales d'actualité et regards nouveaux, découvrez quatre séries défiant les diktats.

 

I May Destroy You

Cette série vous frappera de plein fouet, avec un female gaze jusqu’au-boutiste, par le biais duquel on suit l’épopée d’Arabella, une jeune auteure. Un inconnu verse à son insu une substance dans son verre, et elle ne se souvient plus de sa nuit : vous vous doutez bien de l’issue. L’oubli, les flashbacks, le post-traumatisme, la dissociation, la dépersonnalisation, le fantasme… Sont montrés tous les mécanismes divers et variés que nos corps produisent, lorsque agressés, pour combattre les séquelles d’une attaque à l’intégrité. Mais aussi les joies du quotidien qui, elles, parfois perdurent. Puisqu’un traumatisme se vit individuellement, de mille manières différentes, c’est bien un regard frais, terriblement engagé, neuf et ô combien nécessaire que Michaela Coel, actrice principale et créatrice de la série, propose. Une mise en scène parfaite des tabous pérennes autour des problématiques des violences sexuelles, de leur verbalisation encore compliquée, notamment chez les femmes et les hommes queers et racisés…

 

 

It’s a Sin

Le personnage de Roscoe, dans It's a Sin

 

Un autre bouleversement survenu en 2021 : cette série retrace le quotidien d’un groupe d’amis, presque tous queers, qui prennent goût à la vie nocturne londonienne… Jusqu’à ce que l’épidémie de SIDA vienne secouer le monde et, ici, le Royaume-Uni. Alors dit « cancer gay », la maladie sera le prétexte idéal pour une vague d’homophobie virale, décortiquée en profondeur par It’s a Sin. Ici encore, plutôt qu’un pathos exacerbé, les rires, l’atmosphère londonienne des années 80, les moments de complicité retranscrits à l’écran viennent nuancer le tableau sombre de la séropositivité vécue à la fin du XXe siècle.

 

 

Fleabag

 

Fleabag, dans la série éponyme

 

« Fleabag » et sa sœur Claire se rendent, au début de la série, à une conférence féministe où l’oratrice demande à son audience : « si on pouvait donner 5 ans de sa vie et, en retour, avoir un corps parfait, qui le ferait ? ». Seules leurs deux mains se lèvent. Le personnage principal chuchote, amusée, « nous sommes de mauvaises féministes ». Une introduction tout en humour à Fleabag, écrite par Phoebe Waller-Bridges qui se met en scène dans le rôle éponyme. La prestation endosse un niveau d’authenticité tel qu’il est difficile de ne pas y voir des touches autobiographiques, venant de l’auteure qui déclarait elle-même à la BBC qu’elle craignait de ne pas faire les bons choix, en termes de message à communiquer.

Le quatrième mur est brisé tout du long, on voit donc, au fond, la réalisatrice elle-même s’adresser aux spectateurs dans une série déjà hautement décalée ! Le deuil, la recherche de soi, de l’amour, la religion y sont abordés, entre autres. Et même au travers de ces thèmes, le regard féminin est toujours celui qui donne le ton. Les personnages féminins sont drôles, touchants, non sexualisés y compris lors des scènes d’amour.

 

 

Killing Eve

Le personnage de Vilanelle, dans Killing Eve


Une autre prouesse de Phoebe Waller-Bridge, dans un style tout autre. Jodie Comer, dans le rôle de l’hilarante et froide tueuse en série psychopathe, et Sandra Oh, qui enquête sur elle car fascinée par les meurtrières, se partagent la tête d’affiche de ce thriller. Les deux femmes s’y traqueront l’une et l’autre, non sans une certaine fascination mutuelle.

La série est très prisée de la communauté LGBTQ+ pour la représentation spontanée et rafraîchissante qu’elle offre. Ces personnages queer n’ont pas à faire de coming out, à souffrir de leur identité, ou à promouvoir quoi que ce soit : ils vivent une vie intrépide indépendamment de leur sexualité.