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Démission de Boris Johnson : et maintenant ?

Quel avenir pour le Royaume-Uni après la démission de Boris JohnsonQuel avenir pour le Royaume-Uni après la démission de Boris Johnson
Andrew Parsons / No 10 Downing Street - Flickr
Écrit par Colin Porhel
Publié le 7 juillet 2022

Après les démissions de Rishi Sunak et Sajid David mardi soir, plus de cinquante membres du gouvernement ont suivi le pas, mercredi et jeudi matin, dans l’espoir de voir Boris Johnson quitter rapidement ses fonctions. Une demande finalement acceptée par le Premier ministre ce matin, a annoncé la BBC.

 

Si les résultats des élections législatives en France faisaient planer un risque pour « la stabilité britannique », selon certains commentateurs anglais, qu’ils se rassurent, Londres se charge seule de rendre la situation politique du Royaume-Uni plus qu’incertaine.

 

Un peu plus d’un mois après avoir survécu à un vote de défiance des parlementaires, Boris Johnson était, depuis mardi soir, poussé à la démission par plus d’une cinquantaine de membres de son gouvernement ayant eux-mêmes quitté le navire. Il a finalement accepté d’abandonner son poste de chef du Parti conservateur, mais souhaite rester à la tête du gouvernement jusqu’en octobre, date de la prochaine conférence des Tories, a annoncé la BBC. Il avait pourtant assuré la veille que « le travail d’un Premier ministre dans des circonstances difficile est de continuer », ce qu’il « allait faire ». Selon un sondage publié par YouGov mardi, 70 % des Britanniques souhaitaient sa démission. Petite consolation pour lui : depuis 1900, seule Theresa May est resté à Downing Street plus longtemps que lui.

 

« L’importance de l’intégrité et de l’honnêteté »

Mercredi, l’ancien maire de Londres était déjà confronté à une vague de démission d’une ampleur encore inédite pour un Premier ministre. En vingt-quatre heures, plus de quarante membres de son gouvernement avaient préféré quitter leurs fonctions, fatigués des polémiques à répétition.

 

Lors d’un long discours à la chambre des communes mercredi midi, Sajid Javid avait justifié son départ par une perte de confiance envers Boris Johnson. « La dernière fois que j’ai fait une déclaration personnelle, j’ai parlé de l’importance des institutions et des conventions. Aujourd’hui, il s’agit de l’importance de l’intégrité et de l’honnêteté ». Des points non respectés par Downing Street, selon l’ancien ministre de la santé, qui a également avoué avoir défendu « à de multiples reprises » de fausses versions communiquées par le Number 10 notamment en ce qui concerne le Partygate.

 

« À un moment donné, nous devons mettre un terme à tout cela. Et je crois que ce moment est arrivé. Le problème vient du sommet et ne changera pas », avait-il conclu, devant un Boris Johnson visiblement mal à l’aise.

 

L’affaire Pincher, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase

Déjà fragilisé par la tristement célèbre affaire du Partygate, le Premier ministre était désormais confronté à de multiples critiques pour avoir défendu le député Chris Pincher. Accusé d’agressions sexuelles sur plusieurs hommes depuis plusieurs années, le conservateur avait quand même été chargé de la discipline au sein de son parti en février dernier.

 

La semaine dernière, après « s’être couvert de honte » et « avoir beaucoup trop bu », selon les mots du principal intéressé, il s’était également livré à des attouchements sur deux hommes, dont un député, avait rapporté Sky News. Chris Pincher avait finalement démissionné de son poste de whip junior sous la pression de son propre camp.

 

Pendant plusieurs jours, le gouvernement britannique avait soutenu que leur supérieur ignorait tout de ces agissements, avant d’admettre le contraire lundi. Un énième scandale auquel n’a finalement pas survécu Boris Johnson, abonné aux rétropédalages sur ses mensonges depuis le scandale des fêtes à Downing Street.

 

Qui pour remplacer Boris Johnson à la tête du pays ?

Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de Theresa May, qu’il a lui-même remplacée. Elle aussi contrainte d’affronter une motion de défiance après l’accord du Brexit conclu avec Bruxelles, elle avait finalement sauvé sa place grâce au soutien de sa majorité. Trop affaiblie politiquement pour continuer à diriger le pays, la Première ministre avait néanmoins dû quitter le gouvernement quelques mois après.

 

L’ancien journaliste ayant accepté de quitter Downing Street, la course à la succession est désormais lancée. Sans même attendre la déclaration officielle de Boris Johnson, plusieurs figures du parti conservateur ont déjà exprimé leur souhait de le remplacer. Et si aucun favori ne se dégage vraiment, Rishi Sunak et Sajid David semblent les mieux placés pour s’installer à la tête d’un nouveau gouvernement. Les deux démissionnaires peuvent compter sur une cote de popularité en hausse depuis mardi, eux qui ont été les premiers à réclamer le départ de Boris Johnson. Parmi les personnes intéressées par le poste figure également Suella Braverman, qui occupe actuellement le poste de procureure générale pour l’Angleterre et le Pays de Galles. La ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, pourrait aussi tenter sa chance, selon les médias britanniques.

 

Le départ de l’actuel Premier ministre pourrait toutefois intervenir plus vite que prévu. Dans une déclaration au Guardian, deux anciens ministres dont les noms n’ont pas fuité ont assuré qu’il n’était pas possible que Boris Johnson reste en poste jusqu’à l’automne. « Son comportement au cours des dernières 48 heures a été imprudent et erratique. On ne peut pas lui faire confiance pour diriger le pays jusqu'à l'automne », ont-ils affirmé. Un argumentaire repris par l’ancien ministre de l’Education, Nick Gibb, qui a tweeté que l’ancien maire de Londres « avait perdu la confiance et l’autorité nécessaire pour continuer à gouverner ». Si un tel scénario se confirmait, les fonctions dédiées au Premier ministre seraient confiées temporairement à Dominic Raab, actuel ministre de la Justice et vice-Premier ministre, jusqu’à l’élection du nouveau chef des conservateurs.

 

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