Cuisinier à l’Élysée le jour, peintre autodidacte la nuit, Magot mène une double vie fascinante. À 30 ans, cet artiste toulousain trace son chemin avec une authenticité rare, refusant les compromis et les diktats du marché de l’art. Ses œuvres vibrantes séduisent collectionneurs anonymes et personnalités. Entre Paris, Londres et Toulouse, il impose son style unique tout en jonglant avec ses obligations au palais présidentiel.
Un héritage familial : apprendre à dessiner comme une langue maternelle
Originaire de Toulouse, Magot doit ses premiers pas dans le dessin à son grand-père, dessinateur industriel chez Airbus. Ce dernier l’initie dès l’enfance aux bases du trait et des perspectives.
Je n’ai jamais pris de cours. J’ai appris naturellement, comme on apprend une langue maternelle, en observant et en expérimentant
En 2014, il quitte sa ville natale pour Paris, avec une double ambition : poursuivre sa carrière en cuisine tout en explorant son potentiel artistique. Durant plusieurs années, il cherche son style, expérimentant différentes techniques et supports. « Entre 2015 et 2020, je me cherchais encore dans le dessin. Puis, en 2021, j’ai compris que c’était la peinture. J’ai trouvé mon style et ma signature », dit-il avec conviction, évoquant cette période comme un tournant décisif.
Cuisiner à l’Élysée, peindre à Paris : une double vie exaltante
Depuis près de dix ans, Magot officie comme cuisinier à l’Élysée, un environnement prestigieux où il a participé à des moments marquants. Il se souvient notamment d’avoir illustré un menu pour la visite du président chinois, un travail qui a ensuite été exposé dans la boutique officielle de l’Élysée. « La cuisine et la peinture ont un point commun : la créativité. En cuisine, tout disparaît en quelques minutes, alors qu’un tableau reste », souligne-t-il, mettant en lumière l’équilibre qu’il trouve entre ces deux passions.
Malgré les exigences de son métier, il consacre tout son temps libre à la peinture, dans son atelier sous les toits parisiens. « C’est une double vie qui se fait naturellement. Quand je fatigue d’un côté, je me réfugie dans l’autre. Mais mon objectif est clair : un jour, je quitterai la cuisine pour me consacrer entièrement à l’art », affirme-t-il, déterminé à faire de sa passion une priorité.
Un style unique, entre abstraction et émotion
Magot refuse de se laisser enfermer dans une catégorie artistique. Son style, qu’il qualifie de "libre", se construit à partir de papiers épais, de toiles non tendues et d’un mélange d’acrylique et d’encre.
Dessinateurs et peintres ne savent pas où me classer. Moi, je dis que je peins du Magot
Ses œuvres, comme sa collection emblématique Au ras des pâquerettes, explorent des thématiques variées, mais toujours avec la même intensité. « Quand je peins, je ne cherche pas à retransmettre une émotion précise. Ce que je peins, c’est ce que je ressens, et chacun est libre de l’interpréter à sa manière », ajoute-t-il, décrivant sa démarche comme profondément intuitive et personnelle.
Londres : la Gare St Pancras comme muse
Lors de son récent séjour à Londres, Magot s’est concentré sur un projet ambitieux : une série de six œuvres consacrées à la Gare St Pancras. Ce bâtiment, avec son architecture néogothique et ses nuances de briques rouges, l’a immédiatement fasciné.
Dès ma première visite, j’ai su que je devais la peindre. Ce lieu est chargé d’histoire et d’émotions
Durant une semaine, il a travaillé sans relâche, installé dans un hôtel en face de la gare. Il a cherché à capturer non seulement l’architecture, mais aussi les jeux de lumière et les ciels typiquement londoniens. « Je peins ce que je ressens. Avec St Pancras, j’ai voulu figer le mouvement d’un lieu qui m’a profondément marqué. » Pour Magot, chaque toile devient une manière d’immortaliser des instants uniques.
Peindre sans contraintes : un principe immuable
Magot a fait le choix, parfois difficile, de refuser les commandes. « On me l’a proposé, parfois à des prix intéressants, mais je refuse. Peindre sur demande, c’est le meilleur moyen de décevoir », confie-t-il, expliquant que cette approche lui permet de préserver la sincérité de sa démarche artistique.
Aujourd’hui, Magot commence à se faire une place parmi les artistes contemporains, avec des œuvres vendues entre 1.000 et 10.000 euros. Ses tableaux attirent des collectionneurs variés, des amateurs anonymes aux figures publiques.
« La confidentialité est essentielle. Si mes clients veulent en parler, c’est à eux de décider », souligne-t-il, soucieux de préserver leur discrétion.
Pour l’avenir, il ambitionne d’exposer dans des galeries internationales tout en continuant à peindre librement. « Ce qui m’importe, ce n’est pas la quantité, mais l’authenticité. Chaque toile est une partie de moi », conclut-il, convaincu que la liberté reste la clé de son succès.