Des rencontres brillantes à l'université d'Oxford pour célébrer la culture française

Le professeur Michaël Abécassis enseigne la linguistique et le cinéma français à Oxford. Depuis près de vingt ans, il accueille régulièrement des personnalités de la scène culturelle française et francophone au sein de son université.

Le 19 octobre, il recevait Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie Française et réalisateur du film multi-récompensé, Les Garçons et Guillaume, à Table !. Pendant cette rencontre d’une heure, le comédien est revenu avec beaucoup d’humour sur son parcours artistique. Après une séquence de questions-réponses très enthousiaste, il a offert au public une lecture personnelle d’un texte de Marcel Proust.

Quelques jours plus tard, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Michaël Abécassis, l’occasion pour lui de nous parler des dessous de ces rencontres, et de ses projets pour l’avenir.

 

Promouvoir la culture française sous toutes ses coutures, le leitmotiv de Michaël Abécassis

Comment avez-vous eu l’idée de créer ces rencontres culturelles ?

Nous avons créé la séquence "Le cinéma et la culture francophone" en 2005. À Oxford, la Students' Union invite des personnalités du cinéma, de la chanson et de la politique à grande échelle. À l’époque, je m'étais dit qu’il serait intéressant de faire la même chose pour les personnalités francophones. Très vite, j'ai commencé à approcher des réalisateurs français et à ma grande surprise, ils ont tout de suite répondu présent. En 2005, nous avons reçu Jean-Claude Carrière, puis Bertrand Tavernier. Mes champs de recherche sont la linguistique, le cinéma, la chanson francophone et la grammaire. J’essaie donc de relier les rencontres avec ces disciplines.

 

 

Quel est le public auquel vous souhaitez vous adresser avec ces rencontres ? Avez-vous été surpris par sa composition ?

Au début, les étudiants en études françaises venaient vraiment en masse. Aujourd'hui, la communauté francophone d'Oxford est très présente. Désormais, nous recevons entre un et trois invités par an. La communauté francophone connaît ces artistes, sinon ils ne seraient pas là. Les étudiants ne sont en revanche pas toujours aussi bien informés. Cela permet donc d'illustrer ce que nous enseignons dans les cours pour la communauté d'étudiants en études françaises. Nous faisons un long travail en amont pendant les cours, pour présenter l’artiste qui se déplacera.

 

Chaque mur d’Oxford est imprégné de la culture francophone.

 

À quel point la culture française imprègne-t-elle le Royaume-Uni et ses universités selon vous ?

Je pense qu'elle est très présente. À l’Université d’Oxford, il y a toute une histoire avec des grands écrivains et philosophes français qui sont venus dès la fin du XIXᵉ siècle. Verlaine avait par exemple échangé avec des étudiants. Il se dit qu’il aurait lu ses poèmes devant seulement quatorze personnes ! Mais cela est resté dans l'histoire, et chaque mur d’Oxford est imprégné de la culture francophone. Stéphane Mallarmé, Roland Barthes, André Malraux et Jean Cocteau l’ont suivi. Il y a tout un héritage et une histoire qui permet le rayonnement de la culture francophone dans l’université.

Cela se voit aussi dans l’entrain qu’ont les étudiants britanniques à l’idée de partir en France et dans les pays francophones. Malheureusement, le Brexit a beaucoup affecté les études de français et il est plus difficile de convaincre nos étudiants qu'ils feront carrière en France, parce qu'il y a des incertitudes sur les visas, par exemple. Depuis quelques temps, certains échanges Erasmus sont remis en place. J’espère que cela créera une nouvelle dynamique.

 

 

Comment le Royaume-Uni est-il perçu par les artistes français que vous avez rencontrés ? 

Les artistes qui viennent à nos événements sont très intéressés par la culture, et notre université représente quelque chose pour eux. Guillaume Gallienne a fait des études de théâtre à Oxford, par exemple. Il y a surtout une attente de participer à quelque chose d'important pour la culture. Ce sont des artistes qui sont bien établis, et qui ouvrent leur esprit à quelque chose qu'ils n'ont jamais fait auparavant. Nous avons la réputation d'être une université où nous réfléchissons et discutons beaucoup. Je crois que certaines personnalités aiment ce challenge.

 

Patrick Bruel : « Je peux maintenant dire que j’ai fait Oxford ! »

 

 

 

Quelle est l’approche que vous adoptez lors de vos entretiens ?

Nous accueillons des invités que nous aimons, que nous apprécions, que nous admirons. Donc nous instaurons une relation tout à fait amicale. Nous nous intéressons surtout à la relation de l'artiste avec la littérature, le cinéma, le théâtre ou la musique. Par exemple : Qu'est-ce que cet artiste a voulu dire ? Comment s'exprime-t-il ? À la fin, les échanges sont toujours très enrichissants.

 

À travers ces quelques minutes d’entretien, un vécu et des émotions très nombreuses sont transmis.

Lors de son passage à Oxford, Jean-Claude Carrière m'a dit : "Avec ces rencontres, vous allez apprendre davantage qu'avec mille ouvrages que vous aurez lus sur les invités". C’est tout à fait vrai. À travers ces quelques minutes d’entretien, un vécu et des émotions très nombreuses sont transmis. 

 

À Oxford, la culture française et francophone n’a pas fini de rayonner 

 

Quels sont les projets futurs de Cinéma et culture française en fête à Oxford ?

Nous souhaitons continuer à ouvrir nos rencontres à la francophonie en général, avec des personnalités culturelles venant d’autres pays que la France. Des rencontres avec davantage d’artistes féminines devraient aussi avoir lieu.

Nous aimerions enfin inviter des journalistes, mais aussi des sportifs. Nous avons précédemment reçu Lilian Thuram, qui nous a parlé de sa fondation contre le racisme dans la société. Cet échange nous a vraiment marqué.