Amateurs de faits insolites ou d’anecdotes historiques, Londres ne manque pas de ces petits détails cachés au détour d’une rue et dont personne ne connaît l’histoire. Voici l’un d’entre eux.
Les avez-vous remarqués ? Datés du Moyen-Age, les derniers morceaux du vieux London Bridge -quatre alcôves de pierre qui permettaient jadis aux piétons de s’abriter - existent toujours, près de trois siècles après leur construction. Ils ont été dispersés en des lieux pour le moins inattendus.
Pour les retrouver, rendez-vous dans le quartier de Southwark, puis cherchez le bâtiment qui s’élève dans l’ombre du célèbre ‘Shard’. Passez les portes et empruntez le couloir qui mène jusqu’à la cour intérieure. Le Guy’s Hospital, fondé en 1721 et toujours en service, cache au fond de son jardin une des curieuses alcôves de pierres, abritant un banc idéal pour un après-midi lecture.
Une statue de bronze y a par ailleurs déjà pris place, celle du poète romantique John Keats qui trône, contemplateur, dans cette niche renommée “la Chaise des Fous“, ainsi nommée car l’alcôve fut un temps placée contre le mur de l’aile de l’hôpital réservée à la psychiatrie.
Deux autres curieuses reliques, identiques ou presque, ont été installées dans Victoria Park, à l’Est de Londres et à North Sheen. Pourquoi ces alcôves médiévales se trouvent-elles en ces lieux ? Personne ne le sait vraiment. Une chose est sûre en revanche : divers morceaux du pont ont été vendus après sa destruction pour générer des fonds, et ces alcôves comptent aujourd’hui parmi les rares reliques de la seconde période de la vie du pont, lorsque quatorze arches piétonnes ont été ajoutées en 1760.
Des vestiges de la vie londonienne d’autrefois
Aux côtés de ces alcôves, d’autres morceaux du Vieux Pont Médiéval de Londres ont survécu aux effets dévastateurs du temps. Il est par exemple toujours possible de passer sous l’arche qui fût autrefois l’entrée piétonne du pont. Elle fait aujourd’hui partie intégrante de la tour de l’église St Magnus The Martyr, située sur Lower Thames Street, tout près de l’actuel London Bridge. Dans l’arche de la tour se trouve aussi une curieuse plaque de métal qui faisait partie d’un quai romain. Trouvée sur la colline voisine de Fish Street en 1931, elle est la preuve que les rives de la Tamise se sont déplacées en l’espace de 2000 ans.
Enfin, si vous levez les yeux lors d’une promenade sur Newcomen Street, vous pourrez aussi remarquer un blason Royal sur la façade du Kings’ Arms pub, dernière relique de l’ancien péage qui se trouvait à l’entrée du pont.
Face à ces vestiges, on se prend vite à rêvasser des centaines de milliers de personnes passées par là, traversant la ville de Londres en direction de Southwark et vice-versa, à cheval ou à pied, pour faire leurs courses sur le pont ou y vendre leurs marchandises.
Le premier pont en pierres au Royaume-Uni
Enjambant la Tamise sur plus de 262 mètres, le London Bridge est aujourd’hui un emblème de modernité, tout comme le fût son prédécesseur au temps de sa construction entre 1176 et 1209. La version Médiévale du Pont de Londres est unique en son genre au début du 13eme siècle puisqu’elle constitue le premier exemple de pont en pierres au Royaume-Uni.
Jusqu’en 1750, le London Bridge est le seul moyen de traverser la Tamise au niveau de la capitale. Tout comme les ponts médiévaux qui traversaient la Seine à Paris, le vieux pont était un lieu clé pour le commerce, et des magasins étaient construits directement dessus. Au-dessus de ces magasins, des dizaines de maisons se sont érigées au cours du temps.
Après avoir surplombé pendant 600 ans la Tamise, et survécu à un incendie spectaculaire, un éboulement et subi deux phases de fortifications, le Old London Bridge est finalement démantelé en 1969 car jugé trop étroit et trop fragile. L'architecte Harold King est chargé de reconstruire un nouveau London Bridge, achevé en 1973.