Budget du Royaume-Uni : plus d’impôts, mais aussi plus de soutien aux familles

“Ce sont mes choix : ni austérité, ni endettement, ni aveuglement face à l’injustice”, a déclaré la ministre des Finances, Rachel Reeves, devant les députés, à l’heure de la présentation d’un plan qui combine hausses fiscales et mesures sociales : “Mon choix, c’est un budget pour une fiscalité équitable, des services publics solides et une économie stable”, ajoute-t-elle.

Le Premier ministre, Keir Starmer, affaibli dans les sondages et talonné par plusieurs partis extrémistes, joue gros. Les marchés financiers sont devenus les arbitres de la crédibilité économique du Royaume-Uni et ces prévisions sont au centre de toutes les attentions. L’Office for Budget Responsibility (OBR) avait revu à la baisse ses prévisions de croissance à long terme, malgré une légère révision à la hausse pour cette année, désormais estimée à 1,5 %.

Les mesures fiscales clés :

Pour financer ses ambitions, Rachel Reeves a annoncé une série de hausses d’impôts ciblées, censées générer plusieurs dizaines de milliards de livres, sur le moyen terme :

• Gel des seuils de l’impôt sur le revenu jusqu’en 2031 : cette mesure, qui fait grimper certains salariés dans des tranches supérieures au fur et à mesure que leur salaire augmente, rapportera environ 12,7 milliards de livres en 2030/2031.
• Hausse des taxes sur le jeu (paris) : le prélèvement sur les jeux en ligne passera de 15 % à 25 %, et le duty sur les jeux à distance de 21 % à 40 %, rapportant plus d’1 milliard de livres.
• Nouvelle taxe kilométrique sur les véhicules électriques : 3 pences par mile pour les voitures électriques et 1,5 p pour les hybrides, soit 1,4 milliard supplémentaire.
• Capital gains tax sur les trusts de propriété employés : réduction du dispositif de 100 % à 50 %, rapportant 900 millions.
• Hausse des taxes sur dividendes, propriétés et revenus d’épargne de 2 points, soit 2,1 milliards.
• Mansion tax sur les propriétés supérieures à 2 millions de livres, générant un peu près 400 millions.
• Mais aussi Uber et Bolt qui seront désormais soumis à une taxe spécifique.

Les mesures sociales et le soutien au pouvoir d’achat :

Les prévisions de budget incluent également des mesures destinées à soulager les ménages :

• Suppression du plafond de deux enfants sur les allocations familiales dès 2026, visant à sortir 450.000 enfants de la pauvreté pour un coût de 2,3 milliards de livres.
• Augmentation des pensions : + 440 £ par an pour la basic state pension (pension de retraite de base ) et + 575 £ pour la new state pension (pension d’État réformée).
• Hausse du salaire minimum et du living wage : + 4,1 % pour les plus de 21 ans, + 8,5 % pour 18-20 ans, + 6 % pour 16-17 ans et apprentis.
• Gel des frais de prescription à 9,90 £ et gel des tarifs ferroviaires, une première depuis 30 ans.
• Réduction moyenne des factures d’énergie de 150 £ grâce à la suppression de certains prélèvements.
• Investissements dans la santé et les infrastructures : 250 nouveaux centres de santé de quartier et 300 millions de livres pour la technologie du NHS.
• Formation et emplois pour les jeunes via le Youth Guarantee avec un budget de 820 millions de livres.

Une stratégie prudente qui vise à rassurer les marchés

Face à une économie en stagnation (+0,1 % au troisième trimestre) et au déficit avoisinant 5 % du PIB, le gouvernement cherche à donc une nouvelle formule, entre rigueur budgétaire et soutien social. Le budget prévoit également un coussin financier de 22 milliards de livres, pour faire face à de futurs chocs économiques.

En fin de discours, Rachel Reeves a reconnu que les conservateurs avaient laissé un “héritage difficile” après 14 ans au pouvoir, mais elle mise sur ce nouveau plan pour rétablir la confiance, à la fois des marchés et des électeurs.