Édition internationale

Après Singapour, Sabrina Zuber s’apprête à conquérir le public britannique

Après vingt ans d’expatriation en Asie, la danseuse et metteuse en scène Sabrina Zuber s’est installée à Strasbourg, où elle poursuit son aventure artistique avec labellepoque, son association artistique. Entre danse, théâtre et vidéo, elle explore aujourd’hui le thème du déracinement à travers des créations nourries de son parcours international et de collaborations multiculturelles. En collaboration avec un musicien résidant à Langley, elle prévoit de se produire sur la scène britannique.

Emmanuelle Grizot et Sabrina Zuber par Flora ZsemlyeEmmanuelle Grizot et Sabrina Zuber par Flora Zsemlye
Emmanuelle Grizot et Sabrina Zuber par Flora Zsemlye
Écrit par Perle Liardet
Publié le 13 octobre 2025, mis à jour le 14 octobre 2025

Danseuse, metteuse en scène et fondatrice de l’association artistique labellepoque, Sabrina Zuber incarne un art à la croisée des cultures et des disciplines. Italienne d’origine, française de cœur et citoyenne du monde par vocation, elle a passé près de vingt ans à Singapour, où elle a développé une riche carrière dans le milieu artistique asiatique. De retour en France depuis 2022, elle poursuit aujourd’hui son aventure créative à Strasbourg, où elle a recréé labellepoque et travaille sur un spectacle pluridisciplinaire construit autour de la notion de déracinement.

 

En quelques mots, présentez-vous.

 

Je suis italienne de naissance avec une double nationalité française. Pendant près de vingt ans, j'ai vécu à Singapour où j'étais directrice artistique de ma propre compagnie qui s'appelle labellepoque et j’ai également été, pendant quelques années, journaliste chez lepetitjournal.com pour l’édition singapourienne. J'ai donc écrit des articles, réalisé des interviews et eu l'occasion de rencontrer des personnalités issues du milieu artistique.  

“J'ai eu envie de créer ma propre compagnie pour continuer à gérer les projets des autres mais aussi pour créer les miens”

 

Pouvez-vous nous expliquer comment est née l’envie de créer votre compagnie ? 

 

À l’origine, j'ai une formation de musique classique et de gymnastique rythmique. En parallèle, j’ai toujours eu une énorme passion pour la danse que j’ai pratiqué de mon côté. En termes de bagage musical, je suis une chanteuse classique en mezzo-soprano et j’ai fait des études de piano. 

À partir de mon arrivée à Singapour en 2004, j'ai d’abord commencé à travailler en tant que consultante auprès des musées et des théâtres de Singapour et puis petit à petit j'ai eu envie de créer ma propre compagnie pour continuer à gérer les projets des autres mais aussi créer les miens et exprimer ce que j'avais besoin ou envie de dire au public.

 

D’où vient le nom “La Belle Époque” ? 

 

Quand je suis arrivée à Singapour, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de traditions musicales classiques mais qu'ils ne connaissaient pas le répertoire très riche de la Belle Époque. 

Historiquement, c'est un moment où l’Europe connaît une phase d'industrialisation, une économie très forte et donc un grand sentiment d’optimisme se reflète dans les arts. Il s’agit d’une période très fertile et créative dont beaucoup de mouvements artistiques émanent. J’avais envie de faire découvrir cette ère au public asiatique. 

 

Sabrina Zuber par Jean-Pierre Marcon
Sabrina Zuber par Jean-Pierre Marcon

 

Dans quelle mesure la crise du covid a-t-elle été un tournant dans votre carrière ?

 

Quand le covid est arrivé, nous avons dû tout arrêter car à Singapour, l'intermittence du spectacle n'existe pas. Ainsi, dès le premier mois de confinement en Asie, j'ai dû réfléchir à un plan B. Il a fallu que je me réinvente.

Quelqu’un m’avait conseillé de me lancer dans le digital mais étant une artiste de formation très classique, j’avais du mal à l’envisager. Et puis, à force de réfléchir, de regarder ce qui se faisait ailleurs, de rentrer en contact avec les créatifs du digital, j'ai découvert une autre manière de créer. Ainsi, quand les théâtres ont ré-ouvert à Singapour en juin 2021, j'ai effectivement préparé un spectacle pluridisciplinaire qui n'avait rien à voir avec toutes les productions que j'avais faites avant Covid. J’y ai introduit la danse contemporaine ainsi que la vidéo projection puis j’ai remplacé le chant classique par de l’improvisation musicale.

“Il s’agissait vraiment de tout recommencer à zéro après 20 ans passés sur un autre continent.”

 

Comment s’est passé votre retour en France, après 20 ans d’expatriation ? 

 

Lorsque je suis rentrée en 2022, je me suis installée à Strasbourg et j'ai créé une association artistique qui porte le même nom, labellepoque, parce que je considère que cela est devenu mon identité. Il s’agissait vraiment de tout recommencer à zéro après 20 ans passés sur un autre continent. C’était compliqué au niveau du networking, des contacts mais aussi pour trouver un espace. 

Puis j'ai eu la chance de rentrer en contact avec un groupe de chercheurs et d'historiens du département de l'histoire des migrations de l'université de Clermont-Ferrand. Ils ont lancé un projet de recherche sur l'immigration européenne après la deuxième guerre mondiale, en particulier l'immigration d'Italie vers l'Allemagne et le reste du nord d'Europe. Ils ont eu l'idée de commissionner des artistes pour leur demander de faire un travail artistique sur ce sujet. Étant moi-même immigrée italienne, je ne pouvais qu’être intéressée par le sujet, d’autant plus qu’ils m’ont laissé carte blanche pour le réaliser. 

 

Sabrina Candeloro Zuber – Une page se tourne, entre Singapour et la France

 

Emmanuelle Grizot par Flora Zsemlye
Emmanuelle Grizot par Flora Zsemlye

 

En quelques mots, pouvez-vous nous parler de ce spectacle ? 

 

J’ai décidé d’aborder le thème de l’immigration dans une dimension psychologique et émotionnelle. Je voulais un spectacle qui parle à un public large, qui soit universel. J’ai donc choisi d’aborder le thème plus général du “déracinement”. Pour le contexte, il y a une équipe internationale entre Clermont-Ferrand, Vérone et Munich qui travaille sur ce sujet car cette année aura lieu la commémoration des 70 ans de signature des accords bilatéraux entre l'Allemagne et l'Italie pour la gestion des flux migratoires pendant cette période.

Je collabore sur la création de la chorégraphie du spectacle avec Raka Maitra, une chorégraphe d’origine indienne qui habite désormais Singapour et Emmanuelle Grizot qui était ancienne étoile à l’Opéra de Bordeaux et qui travaille actuellement à Berlin.

Notre équipe est assez multiculturelle, ce qui est très intéressant lorsque l’on travaille sur un tel thème: Mes vidéastes sont basés entre Singapour et Londres, mes musiciens sont en Malaisie et nous faisons également appel à un compositeur de musique basé au Royaume-Uni. 

 

Sabrina Candeloro Zuber – Lien entre cultures européenne et asiatique

 

Lien vers le trailer de Déracinés

 

Aimeriez-vous présenter votre spectacle à Londres ? 

 

Pour le moment, il n'y a pas de performance prévue pour Londres puisque nous ne sommes pas tout à fait prêts. Évidemment, j'espère pouvoir entrer en contact avec l'Institut de Londres, l'Alliance Française ou encore l'Institut Culturel Italien pour pouvoir présenter le spectacle une fois qu’il sera complété. Je nous le souhaite pour la saison culturelle de 2026-2027 ! 

Évidemment, ayant notre musicien compositeur à Londres, l'objectif est de revenir à Londres le plus rapidement possible et si possible dans son académie. Nous avons pour volonté de revenir dans les pays où chacun des membres de l'équipe habite : Singapour, Royaume-Uni et peut-être même en Italie.

Maestro Claudio Di Méo par Anne Valluy
Maestro Claudio Di Méo par Anne Valluy 

 

En quoi Londres intervient-il dans votre processus artistique ? 

 

Nous serons entre Windsor et Londres du 16 au 23 octobre 2025. Nous avons pour projet de rentrer en studio de répétition avec Claudio Di Meo, notre musicien compositeur qui est basé ici depuis très longtemps. Il est directeur de la Langley Hall Arts Academy en plus d’être pianiste, compositeur et chef d'orchestre.

L'idée est qu'il puisse composer de la musique pour la nouvelle partie de chorégraphie que nous viendrons créer ici. Ce serait une sorte de deuxième chapitre du spectacle qui continuerait le thème. Le maestro Claudio Di Meo ajoutera sa musique à ce que nous allons  lui montrer, ce sera un réel travail de collaboration !


MUSIC-HALL - Joséphine Baker (enfin) à Singapour ! Entretien avec Sabrina Zuber, créatrice de spectacle


Extrait du spectacle Déracinés

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