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MUSIC-HALL - Joséphine Baker (enfin) à Singapour ! Entretien avec Sabrina Zuber, créatrice de spectacle

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Écrit par Clémentine de Beaupuy
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 7 avril 2017

Sabrina Zuber, productrice/ chanteuse / comédienne, multi-casquettes et surtout multi-talents, nous reçoit avec un grand sourire,  malgré  le stress qui commence à se percevoir pour nous parler de son prochain spectacle Scents of Josephine, présenté du 27 au 29 avril à Singapour.  A l'issue d'une des premières répétitions, elle revient sur le processus de création d'un spectacle mettant en scène un tel personnage, entre doutes qui dévorent et grands bonheurs créatifs.

 

Andayoma,Sabrina Zuber, Robert Casteels, Caitanya Tan, Sharon Frese -Crédits : Anne Valluy 

www.lepetitjournal.com/singapour - Quel est votre lien particulier avec Joséphine Baker ? Comment est née cette idée de spectacle ? 

Sabrina Zuber - Avec Bellepoque, la compagnie que j'ai créée en 2011, j'ai toujours aimé mettre en scène des spectacles originaux et pour cela j'agis par coup de c?ur. Ce nouveau spectacle est né d'une rencontre avec des partitions chinées en France  dans une librairie musicale. J'adore ces trouvailles ! Bien entendu, je connaissais les chansons de Joséphine Baker, mais cette partition trouvée a enclenché un processus. Au début en trouvant cette partition, je me suis dit que je pouvais chanter ce morceau. J'ai une formation classique, je suis soprano léger mais je ne chante généralement pas de jazz. Je suis assez boulimique et je voulais essayer. J'ai toujours travaillé comme cela : à l'instinct et aux coups de c?ur. A partir de cette trouvaille,  j'ai commencé à regarder des films d'archives et à lire des biographies sur sa vie. Et quelle vie incroyable ! Elle a tout connu : l'apartheid, la guerre, des souffrances intimes, ... mais elle ne s'est pas défaite d'un sourire permanent sur scène et des plumes dans la tête. 

D'un point vue voix, tessiture légère de soprano, elle est assez banale en somme. Sa musique était du Early Jazz. Ce n'était pas la partie la plus innovante de sa carrière. Elle a surtout inventé dans la danse, sur scène. 

Cette première rencontre a eu lieu il y a trois ans. En 2015, j'avais acquis une vingtaine de partitions et je voulais en faire un spectacle. 

 

Comment passer ensuite de votre idée à un spectacle écrit et structuré ? 

- J'ai cherché une personne qui était capable d'écrire à partir de ces partitions. Et j'ai contacté Marc Goldberg, auteur, metteur en scène et professeur de théâtre ici à Singapour. Il connaissait bien l'artiste. Nous nous sommes rencontrés et nous avons discuté du personnage, de cette vie fascinante. Je lui ai donné l'ensemble de ma documentation et je lui ai fait part de ma fascination pour cette femme et son énergie positive. Elle est pour moi un exemple de résilience et c'est une caractéristique que j'admire. 

La seule directive que j'ai donnée à Marc est qu'il pioche dans les partitions que j'avais rassemblées. C'est la casquette de la productrice qu'il lui parlait déjà ! 

D'emblée, pour nous, il ne s'agissait pas de recréer sur scène l'immense Joséphine Baker. Je ne suis pas attirée par les « Biopics » à l'américaine. J'essaie de créer à partir de l'artiste, de son univers, des spectacles. 

Pour écrire, Marc a commencé à se poser des questions, au-delà de l'imaginaire attaché à cette artiste. A savoir, comment ancrer ce personnage légendaire tout d'abord dans notre époque et puis ici, à Singapour ? Comment connecter au public d'aujourd'hui quelqu'un qui a été très connu dans les années 1920 ? Il s'est beaucoup documenté et a même trouvé des citations de Joséphine Baker dans le Strait-Times des années 1935,36 et 37 ! 

Il faut savoir que Joséphine Baker ne s'est jamais produite en Asie. C'est d'ailleurs la mission de Bellepoque de montrer au public des choses inattendues, des partitions qui ne sont connues que par des musiciens pointus par exemple. 

 

Ce spectacle, une fois écrit, pour exister doit être incarné : comment s'est déroulé le

/Singapour/affiche2
casting ? 

- Il n'y en a pas eu ! Je n'ai pas fait d'audition. Je connaissais ces chanteuses et comédiennes à travers différents projets. La scène artistique à Singapour est petite. J'avais d'ailleurs donné à Marc Goldberg cette idée de casting mais ne savais comment l'articuler. Le casting est d'ailleurs un joyeux mélange. Sharon est une actrice britannique merveilleuse, issue d'une culture noire. Pour moi, elle est engagée comme pouvait l'être à son époque Joséphine Baker. Mais elle ne veut pas chanter. J'ai contacté Andoyama que je connais depuis longtemps. Elle chante du jazz et de la chanson française mais n'est pas comédienne et ne souhaitait pas avoir du texte à mémoriser. J'avais aussi en tête Caitanya avec qui j'ai travaillé par le passé. Je savais qu'elle avait une très belle voix et avait un faible pour la chanson française. Et, puis, elle est jeune et singapourienne. Elle fait la connection avec le public ici. Sur scène, nous jouons nous même. Les personnalités de chacun avaient donc de l'importance. 

Marc souhaitait que chaque artiste s'approprie Joséphine. Lors de leur première rencontre,  il leur posait à chacune la même question : et toi, comment tu la vois ? 

Les chanteuses ont sélectionnées chacune 5/6 morceaux. Personne ne connaissait la sélection des autres. 

 

A quel moment dans la création d'un spectacle, l'artiste que vous êtes devient productrice ? 

- Un peu à tous les moments. Même si ce n'est pas ce que je préfère dans ma carrière Déjà dans le choix du théâtre, qui doit se faire bien en amont, plus d'un an et demi souvent ! Dans les dossiers pour obtenir des financements. Pour ce spectacle, je ne vais pas vous cacher, cela a été très dur et les financements ont souvent été donnés à la dernière minute. Avec le script reçu en décembre, j'ai commencé la guerre ? même si j'avais déjà anticipé, notamment pour participer au Festival Voilah! 2017. Etant donné que c'est un spectacle original, je dois avoir le script complet pour le soumettre aux autorités singapouriennes pour validation ?Et j'ai reçu des emails du MDA pour clarification sur les décors, le contenu des chansons et les costumes notamment. En tant de productrice, je rentre dans une période de 2 mois de stress. Et le plus grand est quand la billetterie va ouvrir. Cela me dévore. Je ne suis pas productrice dans l'âme 

En assistant aux répétitions, on se rend compte que le spectacle continue d'évoluer entre les choix de la metteur en scène et les remarques des comédiennes, quand s'arrête la création d'un spectacle ? 

- Peut-être jamais. Un spectacle continue même d'évoluer lors des représentations. Chaque regard le fait évoluer. L'auteur ne souhaitait pas mettre en scène ce spectacle alors que pour moi, c'était évident. Il voulait un autre regard et nous avons choisi une jeune singapourienne, Samzy Jo. Pour moi, c'est difficile, en tant que productrice du spectacle, j'ai eu l'idée et je dois apprendre à lâcher-prise. Samzy travaille beaucoup en collectivité, avec les autres. Je lui ai laissé carte-blanche en lui précisant quand même que le budget était serré ! 

 

Que peut-on vous souhaiter pour l'avenir à part le succès de votre spectacle ? 

- J'aimerais créer sur la scène singapourienne plus de synergie. Par exemple, j'aimerais faire un spectacle avec Nathalie Ribette de Sing'théatre. Mettre en commun des ressources et nos compétences créatives seraient un plus. Ce qui m'intéresse est ce partage créatif entre artistes. 

 

Propos recueillis par Clémentine de Beaupuy, www.lepetitjournal.com/singapour, le jeudi 16 mars 2017

 

Scents of Josephine, du 27 au 29 avril 2017 , Black box@Drama centre 

Avec le soutien de l'Ambassade américaine,dans le cadre du Festival Voilah!2017 

Auteur : Marc Goldberg

Mise en scène : Samzy Jo 

Music Direction : Robert Casteels 

Musique : Viviane Salin et Balraj Gopal 

Pour réserver : ici 

Code Promo réservé aux lecteurs du petit journal de Singapour : BEpjournal17

 

 
clémentine de beaupuy
Publié le 15 mars 2017, mis à jour le 7 avril 2017

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