Édition internationale

More Than Human : l’exposition qui pousse à repenser notre place dans le vivant

Traverser les trois salles de More Than Human, c’est abandonner, peu à peu, une idée ancienne : celle selon laquelle la nature serait un décor et l’humain son centre. Ouverte au Design Museum depuis le 11 juillet, l’exposition propose un renversement de regard. Plantes, animaux, rivières : ici, ce sont eux les protagonistes.

More than humanMore than human
Écrit par Morat Alizée
Publié le 22 juillet 2025, mis à jour le 24 juillet 2025

Sur place, le parcours se déploie autour de plus de 140 œuvres issues d’une cinquantaine de créateurs internationaux. Première vitrine muséale d’envergure autour du design post-anthropocentrique, More Than Human est un manifeste visuel et sensoriel, mais aussi un terrain de réflexion politique.

More than human

Salle 1 : Être paysage 

Dans la première salle, on entre en immersion. “Être paysage” affirme que nous faisons partie du monde naturel, plutôt que d’en être séparés. Sur un mur entier, une fresque de huit mètres signée MOTH (More Than Human Life Project) attire les visiteurs. Réalisée en collaboration avec l’avocate Cássia Rodrigues-Gorovitz et l’illustratrice Elena Landinez, elle représente un réseau fluvial habité qui mêle texte juridique et poésie visuelle. Objectif : rendre visibles les luttes pour la reconnaissance légale des rivières.

Un peu plus loin, les œuvres de Solange Pessoa brouillent les frontières entre humain, animal et végétal. On y perçoit des formes brutes, organiques, puissantes. Non loin, les peintures d’Hélio Melo, ancien saigneur de caoutchouc exilé devenu artiste, témoignent de la richesse de la biodiversité amazonienne… mais aussi des ravages causés par l’extractivisme.

D’autres œuvres invitent à changer de regard, comme les photographies de Federico Borella et Michelle Boulton sur les "Rumiti", ces femmes-arbres du sud de l’Italie qui renouent avec les rituels forestiers. Une sculpture en bronze du collectif Raqs Media et une animation signée Bedwyr Williams sur l’histoire agricole du Kent complètent cette première séquence.

Dans cette salle, les voix autochtones ne sont pas absentes : les artisans Ye’kuana, peuple amazonien, partagent leur vision d’un monde tissé de relations entre humains et non-humains. Chaque forêt, chaque saison, chaque tradition y devient un lien partagé.

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Salle 2 :  Créer avec le monde 

Ici, le design devient complice du vivant. La deuxième salle rassemble des objets issus de pratiques traditionnelles, comme des pièges à poissons utilisés au Royaume-Uni, en Birmanie, en Indonésie ou encore sur les îles Nicobar. Conçus pour respecter les écosystèmes, ces outils témoignent d’un savoir-faire hérité, transmis et encore actif.

Le pavillon autrichien construit en 2022 par Eilina Koivisto et Naijo Suomi est présenté dans une version reproduite : des briques non cuites, une architecture accueillante pour les humains comme pour les insectes.

Une autre œuvre marquante : les vases en terre cuite de Johanna Seelemann, inspirés d’anciens systèmes d’irrigation. Leur fonction ? Abriter durablement les racines des arbres urbains. Entre artisanat ancestral et innovation écologique, ces objets incarnent une autre façon de penser les usages.

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Salle 3 : Changer de perspective 

Dernière étape du parcours, cette salle interroge notre perception du vivant. L’artiste japonais Shimabuku a placé des boules de verre devant des pieuvres pour observer leurs réactions. Que regardent-elles et pourquoi ? Une expérience à la fois artistique et presque anthropologique. 

Face à une tapisserie murale colorée signée Alexandra Daisy Ginsberg (Pollinator Pathmaker: Perceptual Field…), nous apprenons que l’œuvre a été conçue à partir des besoins visuels des pollinisateurs. Avec des scientifiques, Alexandra Daisy Ginsberg a développé un algorithme capable de créer un jardin pensé pour les abeilles.

L’installation immersive Kelp Council de Julia Lohmann invite à imaginer une assemblée d’algues marines en train de débattre de l’état des océans. Réalisée à partir de vraies algues, l’œuvre est à la fois poétique, sensorielle et politique.

More than human

Un projet à l’échelle nationale

En parallèle de cette exposition, le Design Museum mène depuis trois ans Future Observatory, un programme soutenu par l’Arts and Humanities Research Council. Il finance plus de 100 projets centrés sur la transition écologique. More Than Human représente un jalon important de cette initiative. Les quatre commandes originales passées à des créateurs et créatrices (Ginsberg, Lohmann, MOTH et Paulo Tavares) incarnent ce choix de mettre le design au service du vivant.

 

Infos pratiques : Du 11 juillet au 5 octobre 2025
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h – fermé le lundi
Design Museum, Kensington High Street, Londres W8 6AG
Adulte 16€ ; tarif réduit 12,50€ ; enfants (6–15 ans) 8,30€ ; étudiants 6€ ; gratuit pour les moins de 6 ans
Réservation conseillée en ligne via le site officiel du musée

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