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Le Royaume-Uni candidat à un accord commercial transpacifique de grande ampleur

Les membres du CPTPP attablés lors d'une réunionLes membres du CPTPP attablés lors d'une réunion
Flickr - Pippa Fowles
Écrit par Margaux Audinet
Publié le 28 septembre 2021, mis à jour le 28 septembre 2021

Le Royaume-Uni a candidaté en février 2021 pour rejoindre l’Accord Global et Progressif de partenariat transpacifique (CPTPP). Aujourd'hui, les discussions déterminant son admission commencent.

 

Le Trans-Pacific Partnership (TPP), devenu le CPTPP à la suite du retrait des États-Unis, est un accord de partenariat commercial transpacifique, visant à faciliter les investissements, les échanges (notamment quant aux procédures douanières) et à veiller au droit de l’environnement et du travail dans ses pays membres. Une valeur ajoutée certaine pour la Grande-Bretagne post-Brexit qui souhaite multiplier ses partenariats économiques et diplomatiques.

 

L’accord de libre-échange le plus conséquent du monde abandonné par Trump

Le TPP constituait la pièce maîtresse de la stratégie de Barack Obama concernant l’Asie. Signé début 2016, cet accord de libre-échange comprenait 12 pays dont le Canada, l’Australie, Singapour ou encore le Japon. Bien que les négociations aient été délicates du fait des aspirations divergentes de ses pays fondateurs, l’accord a fini par voir le jour, devenant même l’une des alliances commerciales les plus importantes du monde.

Toutefois, Donald Trump, décidé à bousculer toutes les initiatives prises par son prédécesseur, avait retiré les États-Unis de cet accord transpacifique dès son arrivée au pouvoir. Le TPP était alors passé donc de 12 à 11 membres, encaissant une perte considérable. Le TPP-11 gardait tout de même la volonté de conclure un pacte sans les États-Unis : ainsi naquit le CPTPP.

Le CPTPP, Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership, est ratifié en mars 2018 par 11 pays. On y compte l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Mexique, le Pérou, le Chili, la Malaisie, Singapour, le Bahreïn, le Japon et le Vietnam. L’axe principal de cet accord de libre-échange est l’expansion par un meilleur accès aux marchés respectifs des pays-membres, une réduction drastique des charges à l’importation et des taxes, entre autres mesures préférentielles. Les pays sont également tenus de coopérer pour des régulations, tout en demeurant libres de conclure leurs propres accords avec d’autres pays.

 

La Grande-Bretagne candidate au CPTPP

Le Royaume-Uni est le premier pays non-fondateur à candidater. En juin, le CPTPP a indiqué que le processus pouvait commencer, quatre mois après la demande de l’archipel. Les pays-membres se sont déjà rencontrés pour évoquer le sujet de l’admission de la Grande-Bretagne, mais aujourd'hui, un premier rendez-vous virtuel permettra au candidat britannique de participer aux négociations. La nouvelle secrétaire d’État au commerce international Anne-Marie Trevelyan explique qu’il s’agit « d’une étape importante sur notre chemin pour rejoindre le CPTPP, qui nous permettra de tisser des liens plus étroits à la fois avec des vieux amis et certaines des économies à la croissance la plus rapide du monde […] Rejoindre ce partenariat de haut niveau offrira de réelles opportunités aux exportateurs et prestataires de services britanniques et aidera nos innovateurs à ouvrir de nouveaux marchés diversifiés. […] Saisir des opportunités comme celle-ci est exactement l’objectif de Global Britain et contribuera à créer des emplois de haute qualité et une prospérité dans chaque région de notre pays. »

Les bénéfices à court-terme de l’entrée de la Grande-Bretagne dans le CPTPP semblent pourtant limités. Le pays a déjà conclu de nombreux partenariats avec les pays participant à cet accord, et la part des échanges britanniques avec le CPTPP serait mineure. En 2019, le CPTPP représentait 8% des exportations du Royaume-Uni, c'est-à-dire moins que l’Allemagne seule. Toutefois, cet accord de libre-échange présente un gros potentiel dans le futur, notamment si d’autres pays continuent de rejoindre le club. Le gouvernement britannique a qualifié le CPTPP de « réseau moderne et progressif d’accords de libre-échange avec des nations dynamiques ».

 

Qui sont les autres prospects ?

L’autre nation grandement intéressée par cet accord de libre-échange transpacifique est la Chine. Le pays a démontré son intérêt quant au CPTPP à plusieurs reprises, mais a formulé officiellement sa candidature le 16 septembre 2021. Cette requête fait suite à la crise diplomatique des sous-marins (AUKUS), la Chine ayant été offensée par la décision de l’Australie, des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Même si la Chine est optimiste quant à son entrée dans l’accord, des barrières existent concernant la divergence entre certaines valeurs promues par le CPTPP et des pratiques chinoises. Son admission représenterait malgré tout un atout non négligeable pour l’ensemble des pays concernés.

La question du retour des États-Unis est également sur la table depuis l’élection de Joe Biden, mais ce dernier n’a pas abordé le sujet jusqu’à présent. Pour l’instant, cet accord de grande envergure se fait donc sans le géant américain, posant la question du positionnement des États-Unis dans la zone pacifique.