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Des jeunes juifs agressés dans un bus sur Oxford Street

Tag antisémiteTag antisémite
Wikimedia Commons
Écrit par Lili Auriat
Publié le 8 décembre 2021, mis à jour le 10 décembre 2021

Lundi dernier, plusieurs adolescents juifs ont été agressés dans un bus sur Oxford Street alors qu’ils célébraient la fête d’Hanoukka. Une attaque qui s’inscrit dans une hausse des gestes antisémites qui traverse l’Europe depuis plusieurs années.

 

Les vidéos ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Deux vidéos montrent des passants frapper aux fenêtres, crier et faire des saluts nazis aux jeunes juifs à l’intérieur d’un bus sur Oxford Street. Rapportées à la police et à la CST, l’association de protection des Juifs britanniques, l’agression fait actuellement l’objet d’une enquête.

 

Projectiles, insultes et saluts nazis

Lundi soir sur Oxford Street, aux alentours de 20 heures, des hommes s’en sont pris à un bus privé, frappant aux fenêtres, crachant, insultant les passagers et imitant des saluts nazis. Sur les vidéos, prises de l’intérieur du bus, on peut même voir un homme retirer sa chaussure pour la jeter sur le bus tandis que d’autres se mettent à courir derrière le véhicule en mouvement.

Suite à cette agression, la Police Métropolitaine ainsi que l’association CST ont été prévenues. La Met Police est venue à la rencontre du bus un peu plus loin pour « éviter toute autre altercation ». Les jeunes à l’intérieur du bus « avaient très peur que les personnes qui les menaçaient ne les attaquent physiquement » ajoute Dave Rich, directeur de la CST. Si personne n’a été blessé, la police a ouvert une enquête pour « crime haineux » et recherche activement les hommes visibles sur les vidéos.

Boris Johnson a réagi à la vidéo qu’il a qualifiée de « dérangeante », affirmant que « le racisme, de quelque nature que ce soit, ne sera jamais toléré dans notre société » et qu’il fera « tout son possible pour l’éradiquer ». Le maire de Londres, Sadiq Khan, s’est, de son côté, exprimé sur les réseaux sociaux en déclarant lui aussi que « l'antisémitisme (n'avait) aucune place dans la société ». « Je condamne catégoriquement ces actes immondes. » a-t-il ajouté, « personne ne devrait avoir à vivre cela ».

Des actes antisémites qui se multiplient au Royaume-Uni

Dave Rich a rapporté à The Independent que l’association CST avait récemment relevé une importante augmentation des crimes de haine antisémites au Royaume-Uni : « Au cours des six premiers mois de cette année, nous avons enregistré le plus grand nombre d'incidents antisémites jamais signalés au CST sur cette période ».

Cette tendance grandissante à l’antisémitisme s’est faite d’autant plus ressentir après la guerre meurtrière à Gaza entre Israël et le Hamas en mai dernier. Au cours de ces 11 jours, du 10 au 21 mai 2021, 87 incidents antisémites ont été signalés à la police dans la capitale britannique, alors que le chiffre mensuel le plus élevé depuis mai 2018 était de 22 incidents. La CST a, elle, rapporté 116 incidents antisémites contre les Juifs britanniques entre le 8 et le 19 mai. Toujours selon l’association, 1.668 actions antisémites ont été commises au Royaume-Uni en 2020, le troisième résultat le plus élevé jamais enregistré.

Ces attaques s’étendent de la dégradation de tombes et de bâtiments ou de pneus crevés à des insultes, menaces et agressions physiques. Le Premier ministre avait, en mai, condamné la vague « intolérable » d'incidents antisémites, tandis que le maire de Londres avait augmenté les patrouilles de police dans les quartiers les plus touchés. Mais cette hausse de l’antisémitisme s’observe déjà deplus plusieurs années, aussi en dehors du Royaume-Uni.

 

Une vague d’antisémitisme qui déferle sur l’Europe depuis plusieurs années

Si les actes antisémites augmentent au Royaume-Uni, c’est aussi le cas en Allemagne ou en France. De l’autre côté de la Manche, le ministère de l'Intérieur a relevé 687 faits à caractère antisémite en 2019, contre 541 l'année précédente, soit une augmentation de 27%. Entre 2017 et 2019 le nombre d’actes antisémites a augmenté en France de 121%. Même si les plus graves - les atteintes physiques aux personnes - reculent, les cas de dégradations, d’insultes, de menaces et de propos antisémites, notamment sur les réseaux sociaux, se multiplient.

Selon le Service de Protection de la Communauté Juive (SPCJ) en France, les atteintes antisémites semblent avoir légèrement diminué en 2020. Mais l’association explique cette diminution par une simple baisse des activités communautaires dues à la pandémie. Les agressions ont en effet fréquemment lieu aux abords d’un lieu de culte. Cependant, elle relève qu’en 2020, 44 agressions violentes ont été recensées, soit un nombre identique à celui de 2019.

La pandémie a également attisé les propos haineux envers la communauté juive sur les réseaux sociaux. Des rumeurs ont été relayées désignant les Juifs comme boucs-émissaire pour le Covid-19, comme au Moyen-Age lorsque ceux-ci ont été accusés d’être à l’origine de la peste. Les théories complotistes en France ont notamment pointé du doigt l’ancienne Ministre de la Santé Agnès Buzyn, ainsi que son mari Yves Lévy, professeur immunologiste.