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Au moins 27 migrants sont morts dans la Manche lors d’un naufrage mercredi

des migrants sur une embarcation pneumatique dans l'eau des migrants sur une embarcation pneumatique dans l'eau
Sandor Csudai - Behance
Écrit par Judith Chouzenoux
Publié le 25 novembre 2021, mis à jour le 25 novembre 2021

Au moins 27 personnes se sont noyées dans la Manche lors d’une tentative de traversée vers le Royaume-Uni ce mercredi. Les autorités françaises ont rapporté que des femmes enceintes et trois enfants se trouvaient parmi les victimes.

 

La tragédie s’est déroulée mercredi, à bord d’une embarcation pneumatique, transportant au moins 29 personnes. Le parquet de Lille a confirmé que dix-sept hommes, sept femmes - dont certaines étaient enceintes - et trois adolescents, pour la plupart des Kurdes d'Irak ou d’Iran, sont morts dans la traversée. Les autorités ont également rapporté que deux survivants, un Irakien et un Somalien, étaient traités pour épuisement et hypothermie dans un hôpital de Calais. Leur vie ne serait pas « en danger. »

 

Les circonstances du naufrage encore incertaines

La première alerte a été lancée vers 14 heures, par un bateau de pêche français qui a repéré des corps flottant dans l'eau au large de Calais. Les services français de sauvetage en mer sont arrivés sur les lieux quelques instants plus tard. Bernard Barron, le responsable du service de sauvetage de Calais a déclaré aux journalistes que « le bateau a été retrouvé en grande partie dégonflé, mais qu’il flottait encore. »

 

Selon le responsable du service de sauvetage, « la température de l’eau a été estimée à 17°C », les vents étaient légers et la mer était calme au moment de l’accident. Ces informations ont donné lieu à des théories sur les raisons du naufrage non confirmées dans plusieurs médias. La Voix du Nord explique que « le bateau aurait été heurté par un porte-conteneurs ou aurait plié sous le poids de ses occupants, peut-être après avoir heurté le sillage d'un navire plus grand », mais rien n’a officiellement été confirmé par les autorités pour le moment.

 

Une enquête a été ouverte

Un porte-parole du parquet a expliqué qu’une enquête criminelle avait été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du naufrage, qui sont encore en cours d’instruction. Quatre hommes, soupçonnés d'être « directement impliqués » dans la tentative de traversée, ont été arrêtés mercredi et un cinquième a été placé en détention jeudi matin.

 

Le Ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, a affirmé que « la responsabilité principale de cette situation incombe aux passeurs » les décrivant comme « des organisations mafieuses en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Grande-Bretagne. » Le Ministre a expliqué qu’il était nécessaire que « la France et la Grande-Bretagne travaillent ensemble pour lutter contre ces contrebandiers. »

 

Des réunions de crise se tiennent de part et d’autre de la Manche

Le drame a secoué les gouvernements français et britannique, qui ont tous deux décidé de se réunir afin d’évaluer la situation et les décisions à prendre pour protéger les migrants. Le Premier ministre français, Jean Castex, s’est réuni ce jeudi pour une réunion de crise avec six autre Ministres dans son cabinet, parmi lesquels M. Darmanin, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, la ministre des Affaires maritimes, Annick Girardin, le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

 

L'Élysée a indiqué jeudi dans un communiqué qu'Emmanuel Macron avait informé Boris Johnson par téléphone « qu’il attendait des Britanniques qu’ils coopèrent pleinement et qu’ils s’abstiennent d’instrumentaliser une situation dramatique à des fins politiques. » Le président français a « insisté sur la nécessité d'agir avec dignité, et en respectant l'esprit d'une coopération efficace concernant les vies humaines. » Selon Downing Street, tous deux ont convenu d’« intensifier leurs efforts » et de « garder toutes les options sur la table » pour lutter contre les organisations de passeurs organisant les traversées illégales de la Manche.

 

Les ministres de l'Intérieur des deux pays, Priti Patel et Gérald Darmanin, doivent encore discuter ensemble de la question dans la journée, précise le communiqué anglais.

 

Un drame « prévisible » et impardonnable pour les associations d'aide aux migrants

Les corps ont été amenés dans le port de Calais par bateau et hélicoptère dans la soirée, où des bénévoles d'associations locales d'aide aux migrants les attendaient. Ces derniers, indignés, ont allumé des bougies et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Combien d'autres ? » L'Organisation maritime internationale a décrit la tragédie comme « la plus grande perte de vie en une seule fois dans la Manche » depuis qu'elle a commencé à tenir les registres des naufrages en 2014.

 

Le chef du service des bateaux de sauvetage de Dunkerque, Alain Ledaguenel, a pour sa part estimé que la catastrophe était prévisible. Pour lui « elle devait arriver, et elle est arrivée » car « les moyens disponibles pour le sauvetage en mer sont insuffisants. »

 

Comme une réponse indirecte à ces allégations, le gouvernement britannique a proposé jeudi de créer des patrouilles de police communes sur la côte française longeant la Manche. Le journal Le Monde explique que Kevin Foster, le secrétaire d’Etat à l’immigration britannique, a également rapporté que le Royaume-Uni était prêt à offrir des « moyens » supplémentaires à la France, qui iraient au-delà de son aide financière, comme l’hélicoptère déployé mercredi dans le cadre de l’opération de secours.