La décision de Boris Johnson de quitter ses fonctions à la tête du gouvernement britannique a provoqué un séisme politique au Royaume-Uni. Un tel scénario serait-il envisageable de l’autre côté de la Manche ?
Une surprise attendue. Si nombreux étaient les Britanniques à penser que Boris Johnson parviendrait encore une fois à convaincre le Parti conservateur de croire en lui, il n’en a rien été. Sa démission, qui semblait inévitable depuis plusieurs mois, est finalement intervenue jeudi en début d’après-midi.
Après de multiples scandales allant du Partygate à l’affaire Chris Pincher en passant par une rénovation d’appartement mal financée, l’ancien maire de Londres, pro-Brexit et attendu comme le messie des Britanniques après le fin de mandat compliquée de Theresa May, quitte Downing Street avec une cote de popularité au plus bas. Dans un sondage publié le 5 juillet dernier par YouGov, 70% des insulaires souhaitaient le départ de leur Premier ministre.
Si l’affaire Pincher - membre des Tories accusé d’agression sexuelle mais maintenu jusqu’alors au gouvernement - a finalement sonné le glas pour Boris Johnson, outre manche, un effet miroir en fait tiquer plus d’un. Avec des affaires comme celles de Gérald Darmanin ou, plus récemment, Chrysoula Zacharopoulou, le gouvernement Macron traîne lui aussi ses casseroles, mais l’option de la démission du président ne semble pas d’actualité.
Le précédent Charles de Gaulle
En France, malgré un rejet important de la politique d’Emmanuel Macron, une démission du président semble très peu probable. La différence de régime politique entre les deux pays est en effet plus favorable à un maintien du président français, élu au suffrage universel direct, qu’à son homologue britannique, qui doit absolument conserver la confiance de son parti pour continuer à gouverner, sous peine de se voir remplacer par un membre de son propre camp.
Cette pression politique moindre n’a pourtant pas empêché Charles de Gaulle de démissionner de son poste de président de la République en avril 1969. Conformément à sa promesse de quitter le pouvoir en cas de rejet de son référendum portant sur la régionalisation et la rénovation du Sénat, il se retire après la décision des Français de ne pas soutenir ses propositions de réformes. Alain Poher, président du Sénat de l’époque devient alors président par intérim.
Au cours de la cinquième république, outre Charles de Gaulle, seul Georges Pompidou, décédé avant la fin de son mandat, a été remplacé par un président par intérim. Cette fois encore, la tâche est revenue à Alain Poher.
Que se passe-t-il en cas de démission du président ?
Selon l’article 7 alinéa 4 de la Constitution, en cas de démission d’Emmanuel Macron, le président du Sénat, actuellement Gérard Larcher, se chargera de l’intérim. De nouvelles élections doivent ensuite se tenir vingt jours au plus tôt et trente-cinq jours au plus tard après le départ du chef de l’État. Dans le cas où le président du Sénat ne pourrait exercer les fonctions qui lui sont dévolues, la tâche revient au gouvernement.
En juin 2020, alors confronté à la crise du Covid-19, des rumeurs – rapidement démenties par l’Élysée – concernant une démission d’Emmanuel Macron étaient apparues. L’objectif, selon Le Figaro, qui avait divulgué l’information ? Organiser des élections anticipées lors desquelles il se serait représenté avec l’ambition de donner un nouveau souffle à sa politique. Un choix politique risqué qui ne pourrait désormais plus se présenter à l’actuel locataire de l’Élysée, celui-ci ayant déjà effectué les deux mandats maximums que prévoit la Constitution.