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Charles III et le Commonwealth, vers quel avenir ?

Charles III succède à Elizabeth II et préside désormais le CommonwealthCharles III succède à Elizabeth II et préside désormais le Commonwealth
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 25 septembre 2022, mis à jour le 3 juin 2023

Depuis le décès de la reine Elizabeth II le 8 septembre 2022, une question interroge de nombreux citoyens aux quatre coins de la planète. Quel avenir pour le Commonwealth ? Quels sont les enjeux de cette alliance, désormais gouvernée par le roi Charles III ? Sera-t-il à la hauteur pour conserver son unité ? Décryptage.

 

Tous les deux ans, les dirigeants des pays membres se réunissent afin de façonner les politiques et priorités du Commonwealth. Le dernier sommet s’est déroulé du 20 au 25 juin 2022 à Kigali, au Rwanda, quelques mois avant le décès de la reine. Et Charles III présidait déjà cette assemblée. Créé en 1931 alors que le Royaume-Uni était en plein processus de décolonisation, cette organisation abrite actuellement 2,5 milliards de personnes, soit plus d’un quart de la population mondiale. N’importe quel pays peut rejoindre cette alliance. Les derniers étant le Togo et le Gabon, lors de cette dernière réunion.

 

56 pays indépendants au sein du Commonwealth

Le Commonwealth comprend 56 pays indépendants. Il s’étend de l’Afrique, en passant par l’Asie, dans les Amériques, en Europe et enfin dans le Pacifique. Les pays membres de cette organisation sont divers, allant des nations les plus riches aux plus pauvres du monde. Et la plupart sont d’anciennes colonies britanniques. 

Commonwealth : « Nous aidons à renforcer la gouvernance »

Après le décès d’Elizabeth II, le roi Charles III est désormais à la tête du Commonwealth. Son rôle est surtout symbolique, et n’a pas de durée déterminée maximale.

 

Dans cette « famille » de nations, se trouvent trois organisations intergouvernementales : le secrétariat, aidant les pays membres à atteindre les objectifs fixés; la fondation qui soutient la participation populaire à la démocratie et au développement, et enfin le Commonwealth of Learning, qui promeut l’apprentissage ouvert et l’enseignement à distance.

 

 

Nous sommes une voix pour les petits États vulnérables. Nous aidons à renforcer la gouvernance, à construire des institutions inclusives et à promouvoir la justice et les droits humains. Notre travail contribue à la croissance des économies et à la stimulation du commerce, à l'autonomisation des jeunes et à la lutte contre les menaces telles que le changement climatique, la dette et les inégalités.
Secrétariat du Commonwealth

 

La volonté du Commonwealth n’est autre que de contribuer à une action collective face aux défis mondiaux. Ses valeurs et principes, bien que discutés, sont exprimés dans la Charte du Commonwealth. Cette grande « famille » soutient aussi les objectifs de développement durable des Nations Unies, ainsi que l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique.

 

Une désunion progressive au sein du Commonwealth

La préservation du Commonwealth aura été l’une des principales œuvres de la reine Elizabeth II, rapporte au Monde Virginie Roiron, historienne et spécialiste de civilisation britannique et du Commonwealth à l’Institut d’études politiques de Strasbourg. Mais cette préservation reste controversée à cause du passé esclavagiste du Royaume-Uni.

 

Le Premier ministre jamaïcain, Andrew Holness, estime « inévitable » la transition vers un régime républicain. De son côté, le Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Brown, souhaite à ce propos organiser un référendum. « Ce n’est pas un acte hostile » envers la monarchie, « mais la dernière étape pour achever notre chemin vers l’indépendance », déclare-t-il à la chaîne de télévision britannique ITV.

 

 

De l’autre côté du globe, en mai dernier, le gouvernement australien souhaitait se défaire progressivement de la monarchie britannique. Pour eux, la priorité n’est pas de remplacer la monarchie par une république, mais d’organiser un référendum sur les droits politiques des populations indigènes, affirme le Premier ministre Anthony Albanese. Il refuse cependant de s’engager dans ce débat, après la mort de la reine Elizabeth II. Comment Charles III, gèrera-t-il alors ces nouveaux enjeux ?

 

Charles III reconnaîtra-t-il le passé esclavagiste du Royaume-Uni ?

Une autre spécialiste du Commonwealth, Mélanie Torrent, rapporte à TV5 Monde qu’il est primordial pour le Royaume-Uni de redéfinir sa place, pour en prendre moins au sein de l’Alliance, et reconnaître son passé colonial.

 

Elle affirme également que « les nouvelles admissions (NDLR : le Togo et le Gabon ont rejoint le Commonwealth en 2022) démontrent une nouvelle tendance de ces dernières années. » Pour elle : « L’expansion n’est plus seulement liée à Londres ou à la relation que les États membres du Commonwealth veulent avoir avec Londres. Le Royaume-Uni n’est plus celui qui domine. » Cette nouvelle stratégie pourrait prendre exemple en la Barbade qui, en novembre 2021, s'était proclamée République en congédiant la Reine comme monarque mais était restée au sein du Commonwealth. « Nous sommes impatients de poursuivre notre amitié avec la monarque britannique », affirmait alors Mia Mottley, Première ministre de la Barbade.

 

 

Liste des pays membres du Commonwealth :

Afrique

Botswana, Cameroun, Gabon, Gambie, Ghana, Kenya, Royaume d’Eswatini, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Nigeria, Rwanda, Les Seychelles, Sierra Leone, Afrique du Sud, Togo, Ouganda, Tanzanie, Zambie

 

Asie

Bangladesh, Brunei Darussalam, Inde, Malaisie, Maldives, Pakistan, Singapour, Sri Lanka

 

Caraïbes et Amérique

Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Bélize, Canada, Dominique, Grenade, Guyane, Jamaïque, Sainte Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès, St Vincent et les Grenadines, Trinité-et-Tobago

 

Europe

Chypre, Malte, Royaume-Uni

 

Océanie

Australie, Fidji, Kiribati, Nauru, Nouvelle-Zélande, Papouasie, Nouvelle-Guinée, Samoa, Îles Salomon, Tonga, Tuvalu, Vanuatu