Avec la nomination le 31 mai d’un « ministre délégué pour la République », le Gouvernement australien souhaite se défaire progressivement de la monarchie britannique au moment où débute le jubilé de la reine Elizabeth II.
Matt Thistlethwaite, député de Sydney, vient d’être officiellement nommé « ministre délégué pour la République », parmi d’autres de ses attributions. Une nomination très symbolique puisque l’Australie est toujours considérée comme une monarchie selon sa Constitution, et, à ce titre, la Reine d’Angleterre est la cheffe d’Etat du pays ; une fonction toutefois honorifique.
Une promesse de longue date du Parti travailliste
Dès l’investiture d’Anthony Albanese comme premier ministre le 23 mai, le doute s’était installé sur l’avenir des liens avec la monarchie. En effet, le parti pro-républicain a toujours promis dans le passé de réaliser un référendum pour défaire la Reine d’Angleterre de son titre de cheffe d’Etat. De plus, la rapide création d’un « ministre délégué pour la République » par Anthony Albanese fait écho à sa déclaration d'après victoire aux Législatives le 21 mai : « Je veux vraiment changer le pays".
Par ailleurs, lors de son assermentation le 1er juin, le nouveau ministre, Matt Thistlethwaite, a déclaré que son rôle sera avant tout d’éduquer les Australiens sur l’alternative d’être lié à une monarchie. “Nous sommes une nation indépendante. Nous avons notre propre identité et notre propre culture. Nous sommes une puissance économique dans la région Asie-Pacifique, et je pense qu’il est temps que nous reprenions une conversation sérieuse sur ce qui va suivre pour l’Australie après le décès de la reine Elizabeth. » a-t-il ajouté, insistant sur le fait qu’aucune décision ne serait prise avant un second mandat.
Qu’en penseraient les Australiens ? Le dernier référendum avait eu lieu en 1999, mené par l’ancien Premier ministre Malcolm Turnbull. 55% des électeurs avaient choisi de garder les liens avec la monarchie.
Le débat sur l’avenir de la monarchie s'intensifie
Au Royaume Uni, à l’heure où le jubilé de platine d’Elizabeth II a débuté, un débat s’intensifie autour de l’avenir de la monarchie britannique et des pays du Commonwealth, dont l’Australie : Que va-t-il se passer après le décès de la Reine d’Angleterre, âgée de 96 ans ?
Si la Barbade a déjà répondu à cette question en s’affranchissant pacifiquement de la couronne en novembre 2021, d’autres pays semblent s’y préparer, comme la Nouvelle Zélande ou l’Australie évoquée précédemment. La Jamaïque, quant à elle, voit le débat de l’indépendance constitutionnelle revenir régulièrement dans son actualité. Au Canada, de récents sondages laisseraient entrevoir un sentiment de rejet envers la monarchie britannique.
Concrètement, s’affranchir de la couronne nécessiterait une majorité favorable via un référendum, puis un vote des élus pour pouvoir modifier la Constitution du pays. Crée en 1949, le Commonwealth comprend 54 pays membres, dont une trentaine qui ne comptent plus la Reine d’Angleterre comme Cheffe d’Etat. C’est le cas, entre autres, de l’Inde ou du Kenya et, plus récemment, de l’île de la Barbade.