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Charles III en Australie : vers la fin du Commonwealth ?

La visite de Charles III en Australie en octobre 2024 a été marquée non seulement par des événements symboliques, mais aussi par des critiques croissantes, remettant en question l’avenir du Commonwealth et la pertinence de la monarchie dans ce pays. Alors que le Commonwealth est souvent perçu comme un vestige des anciennes relations coloniales, cette tournée royale a ravivé les débats sur la souveraineté australienne et la place du roi britannique en tant que chef d’État.

Charles III en Australie : vers la fin du Commonwealth ?Charles III en Australie : vers la fin du Commonwealth ?
Le roi Charles rencontrant des membres de la communauté autochtone en Australie
Écrit par Aldric Meeschaert
Publié le 23 octobre 2024

Une visite dans un contexte de montée du républicanisme

 

En Australie, environ un tiers de la population se dit aujourd’hui favorable à l’abolition de la monarchie, un mouvement qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis la fin du règne de la reine Élisabeth II. La campagne du mouvement républicain australien (ARM), qui a surnommé cette visite la “Farewell Tour”, reflète cet état d’esprit. Le groupe a diffusé des images caricaturales de Charles III et sa famille pour symboliser l’idée que cette visite pourrait être la dernière d’un roi britannique en Australie. Pour Esther Anatolitis, coprésidente de l’ARM, l’objectif est clair : démontrer que la monarchie n’a plus sa place dans une démocratie moderne comme l’Australie. Elle affirme : “La démocratie n’est pas un spectacle. Nous élisons nos représentants en fonction de leur mérite” .

 

Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, tout en respectant Charles III en tant que visiteur officiel, a longtemps été un partisan de la transformation de l’Australie en république.

 

Bien que les ambitions d'Albanese pour un référendum républicain aient été mises en veille, notamment après l’échec du référendum sur les droits des populations autochtones en 2023, la question de la république reste un enjeu de fond dans la politique australienne.

 

Charles III hué au Parlement : les critiques postcoloniales

 

Au-delà du républicanisme, la visite a mis en lumière les tensions postcoloniales. L’interruption du discours de Charles III au Parlement par la sénatrice aborigène Lidia Thorpe en est un exemple marquant. Elle a dénoncé ce qu’elle a qualifié de « génocide » des peuples autochtones pendant la colonisation et a réclamé que les terres volées soient restituées. Cet événement a mis en lumière les blessures historiques qui subsistent en Australie, un pays où la colonisation britannique a profondément affecté les populations autochtones. Pour une partie de la population, la monarchie est associée à ce passé colonial, et la question de savoir si l’Australie doit rester membre du Commonwealth est plus que jamais d’actualité.

 

Un Commonwealth en mutation

 

Le rôle du Commonwealth, et plus spécifiquement de la monarchie britannique au sein de cette organisation, est de plus en plus remis en question. Selon Dr Cindy McCreery, professeure en histoire à l’Université de Sydney, cette visite royale est une occasion pour les républicains et les monarchistes de réaffirmer leurs positions respectives. Cependant, elle observe que le lien entre l’Australie et la monarchie s’est affaibli avec les générations plus jeunes : “Les Australiens sont moins déférents envers les membres de la familly royale que les Britanniques, et les jeunes générations ressentent moins cette connexion historique avec le Royaume-Uni” .

 

Bien que Charles III se soit efforcé de montrer que le Commonwealth peut évoluer et demeurer pertinent, certains analystes estiment que l’organisation pourrait perdre de son influence, surtout si des nations clés comme l’Australie choisissent de rompre leurs liens avec la monarchie britannique. Cependant, d’autres soulignent que, même si l’Australie devenait une république, elle pourrait rester membre du Commonwealth, comme l’ont fait d’autres pays dans le passé.

 

Quel avenir pour la monarchie et le Commonwealth ?

 

La visite de Charles III en Australie reflète des débats plus larges sur l’avenir de la monarchie dans le monde moderne et sur la pertinence du Commonwealth. Si l’Australie décidait de devenir une république, cela pourrait entraîner un effet domino pour d’autres nations du Commonwealth, dont plusieurs en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique.

 

"Cette visite pourrait marquer un tournant dans la manière dont les Australiens perçoivent leur lien avec la monarchie" .

 

Cependant, l’avenir du Commonwealth ne dépend pas uniquement de la monarchie. En tant qu’organisation intergouvernementale, elle pourrait continuer à exister même si plusieurs de ses membres choisissent de rompre leurs liens avec la Couronne britannique. Pour l’instant, l’Australie n’a pas programmé de référendum sur la question, mais la pression pourrait croître dans les années à venir. Comme le souligne Dr McCreery, “les changements constitutionnels en Australie prennent du temps, mais cette visite pourrait marquer un tournant dans la manière dont les Australiens perçoivent leur lien avec la monarchie” .

 

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