Entre ses milliers de bureaux qui restent vacants et les touristes qui refusent encore de montrer le bout de leur nez dans les rues, Londres peine à se remettre de la pandémie. En effet, malgré une amélioration de sa fréquentation au trimestre dernier, les dirigeants de la City s’attendent à devoir faire face à des mois encore difficiles.
Les employés reviennent au compte goutte dans leurs bureaux.
Le retour à la vie normale est un long processus et le travail n’y échappe pas. Les entreprises de la City, qui s’étaient mises à opérer depuis la maison pendant le confinement, sont de retour petit à petit dans leurs locaux. En effet, l’Agence immobilière Colliers rapporte que la quantité d'espaces de bureaux londoniens loués par des entreprises au cours des trois derniers mois a atteint son plus haut niveau depuis le début de la pandémie. Au total, ce sont plus de 250 000m2 qui ont été réinvestis par les travailleurs, principalement à la City et dans le West End. Un chiffre qui a pratiquement doublé par rapport à ceux relevés un an plus tôt à la même période, mais qui reste bien inférieurs à ceux de 2019, pré-pandémiques, où les entreprises londoniennes occupaient 325 000m2 de bureaux.
Ocubis, société de promotion immobilière créée par le magnat de l’immobilier Jon Hunt, a estimé que leurs bénéfices, atteignant normalement les 6,2 millions de livres, ont diminué l'année dernière pour atteindre 4,9 millions de livres. Un des représentants de l’entreprise a cependant déclaré : "Nous constatons une accélération de la reprise avec de nouveaux locataires signant pour nos modèles de bureaux loués à long terme."
La société Great Portland Estates a pour sa part déclaré qu’elle escomptait que cette demande vertueuse se poursuive. Elle a également ajouté avoir vendu un immeuble au 160 Old Street, pour un montant de 181,5 millions de livres.
Une demande qui tient compte du télétravail.
Cette hausse dans la demande de locaux, intervient alors que les entreprises sont en train d’élaborer leurs plans post-pandémie et tous ne s’inscrivent pas dans la même optique. Certaines préconisent un retour total de leurs employés et recherchent de grands espaces de travail, alors que d’autres préfèrent s’orienter vers des locaux plus modernes et pouvant s’adapter au nouveau rythme de travail hybride de leur personnel.
En effet, de nombreuses entreprises ont adopté une approche hybride du travail, permettant à certains employés de travailler à domicile pendant une partie de la semaine. Un sondage de la Chambre de commerce et d'industrie de Londres a révélé que 83 % des entreprises offrant la possibilité de travailler à domicile s'attendent à ce que leur personnel le fasse à raison d’au moins un jour par semaine. La fréquentation globale de la ville pourrait par conséquent avoir du mal à retrouver ses niveaux de 2019 dans un avenir proche.
Le quartier de la City récupère sa fréquentation
En se promenant du côté de la City cette semaine, on constate que le quartier est en train de retrouver de sa superbe. En effet, de nombreux signes indiquent que les travailleurs retournent enfin à leur bureau, faisant du confinement un mauvais souvenir.
Springboard, entreprise d’analyse de données, a montré que du lundi au jeudi de la semaine dernière, la fréquentation du centre de Londres avait augmenté de 58 % par rapport à la même période de l'année dernière. Dans le même sens, TfL a rapporté que le jeudi 23 Septembre avait constitué le jour le plus chargé pour City Station en 2021. La station de Canary Wharf aurait à elle seule enregistré plus de 80 000 entrées et sorties.
Le retour à la normale de la fréquentation du métro s’illustre pareillement sur la ligne transportant les employés de bureau de la station Waterloo à la City. Le mois dernier, 60 000 usagers par semaine avaient été recensés, alors qu’elle n’en transportait que 15 000 lors de sa réouverture en juin suite au dernier confinement.
Le retour des employés au bureau signifie également qu’ils réinvestissent doucement les bars et restaurants du quartier, au grand soulagement des gérants qui ont survécu difficilement aux différents confinements. Leur retour est d’autant plus apprécié que les établissements doivent faire face à une hausse de la TVA, dont les coûts devraient se répercuter sur les consommateurs, ainsi qu’à la fin du programme de chômage partiel mis en place par le gouvernement.
Optimiste, Catherine McGuinness, présidente de la City of London Corporation, a déclaré : « Le Square Mile bourdonne à nouveau, les magasins, les bars et les restaurants accueillent à nouveau les clients et les bureaux reprennent vie ».
Une reprise dont il ne faut cependant pas sous-estimer les difficultés
Malgré ce redémarrage, la fréquentation du centre de la capitale est toujours en baisse de 38 %, par rapport à la même période en 2019, selon Springboard. Les centres de transport et stations de métro de la City n’ont, eux non plus, pas encore ré-atteint leurs taux de fréquentation pré-pandémiques et enregistrent une diminution de 12% par rapport à l’an passé selon Google. L’entreprise américaine a également rapporté que la fréquentation dans les enseignes de commerces et de loisirs de Square Mile a elle aussi diminué de 34%.
Paul Swinney, du Centre for Cities, a déclaré à ce propos : "Alors que les premières données publiées en septembre suggèrent que le nombre de personnes retournant à leur bureau a augmenté le mois dernier, la fréquentation des travailleurs n'est pas encore proche du niveau pré-pandémique. Cela pose un défi pour l'économie de la capitale et les emplois de la rue qui dépendent des travailleurs maintenant que le chômage partiel est terminé."
« Le riche écosystème de Londres - de ses bars, clubs et théâtres à ses magasins - dépend de sa fréquentation pour prospérer », a déclaré John Dickies, directeur général de London First. « Plus vite nous ramènerons les travailleurs dans le centre, plus vite ils pourront récupérer et plus vite la ville entière retrouvera son dynamisme. »