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London, Sugar & Slavery : L’histoire des Docks londoniens au temps de l’esclavage

 docklands museum of london  docklands museum of london
amandine guiony
Écrit par Amandine Guiony
Publié le 29 novembre 2021, mis à jour le 29 novembre 2021

Au coeur du très moderne quartier de Canary Wharf s’élève un bâtiment chargé d’histoire. Le Museum of London Docklands, basé sur le West India Quay, fut construit à l’époque du Commerce Triangulaire. L’exposition ‘London, Sugar & Slavery’ retrace cette partie de l’histoire de Londres.

 

Installée en 2007 à l’occasion du bicentenaire du ‘Slave Trade Act’ signé en 1807 et marquant officiellement l’abolition de l’esclavage par le gouvernement britannique, l’exposition est depuis devenue permanente.

La galerie fait partie d’un projet plus vaste qui vise à retracer l’expansion des Docklands de la capitale le long de la Tamise depuis l’époque Romaine jusqu’à nos jours, et le rôle important qu’ils ont joué dans le développement économique de Londres et du Royaume-Uni d’une manière générale. Malgré une disposition peu immersive et qui mériterait un rajeunissement, l’exposition, poignante, mérite un détour par les Docklands de Londres.

10 000 bateaux impliqués entre 1642 et 1818

L’exposition se concentre sur les deux siècles qui ont vu plus de 10 000 bateaux dédiés à la traite transatlantique quitter Londres à destination des côtes africaines. Dès l’entrée, le ton est donné : un mur entier se dresse devant le public, noirci de la liste des navires ayant contribué à l’esclavage et au commerce triangulaire. Les chiffres dévoilent, tout au long de l’exposition, l’ampleur massive de ce “commerce” qui a largement contribué à la prospérité du Royaume-Uni au 19è siècle.

Un apport économique considérable

La seconde partie de l’exposition est dédiée aux apports économiques engendrés par le commerce des esclaves et l’exploitation des ressources du continent Africain comme du Nouveau Continent. L’argent gagné a changé la ville de Londres pour toujours, rappelle le musée.

Des listes manuscrites et des calculs d’importants marchands britanniques sont exposés, sur lesquels on s’aperçoit que les Africains y sont placés au même niveau que les produits tels que l’ivoire ou le sucre. Le rôle clé de l’exploitation des cultures de sucre est d’ailleurs aussi mis en avant à travers la galerie, au travers de gravures et de quelque 140 objets provenant de cette époque.

Une exposition (très) poignante

Au fil de l’exposition, les écriteaux se suivent et enchaînent les constats accablants pour le Royaume-Uni de l’époque : “N’est-il pas étrange de penser que ceux qui sont considérés comme les hommes les plus instruits et civilisés au monde ont été capables de faire prospérer l’un des traffics de la plus barbare cruauté et injustice et que beaucoup soient devenus si corrompus qu’ils pensent que l’esclavage, le vol et le meurtre ne sont pas des crimes ?“, questionne le musée.

Plus loin, des objets de torture utilisés pour soumettre les Africains devenus esclaves sont exposés au milieu des gravures et autres témoignages poignants, invitant à se révolter aux côtés des révolutionnaires Haïtiens, dont l’histoire est également retracée dans l’exposition. L’exposition met un point d’honneur à livrer les histoires de chacun des peuples opprimés à l’époque, espérant ainsi démystifier un récit souvent considéré comme eurocentré : “Peut-être, dans le futur, y aura-t-il une Histoire africaine à enseigner. Mais à présent il n’y a en aucune, ou extrêmement peu : il existe seulement l’histoire des Européens en Afrique. Le reste n’est qu’obscurité“, déplore l’un des écriteaux de la galerie.

De Londres à Dublin, des Docklands aux destins liés

À moins d’une heure de vol de Londres, Dublin et ses Docklands ont une toute autre histoire à raconter, quoique pas moins liée à l’impérialisme britannique. Langue, culture et mode de vie britannique, oppressaient les Irlandais qui ont finalement choisi d’entamer une révolution en avril 1916.

Tandis que l’année 2021 marque le Centenaire de l’Indépendance de la République Irlandaise, l’année 2022 marquera les cent ans de sa première Constitution et du traité anglo-irlandais, synonyme de liberté retrouvée.

Une liberté gagnée notamment grâce aux hommes travaillant sur les Docklands de Dublin : le lieu a joué un rôle clé dans l’approvisionnement d’armes et de munitions pour les rebelles de l’IRA, l’Armée Républicaine Irlandaise. Lorsque les bateaux chargés de ce butin entraient dans les ‘Docks’, le réseau entier de l’IRA en bénéficiait à travers le pays.

Aujourd’hui, les Docklands constituent la partie la plus moderne de Dublin, mais les traces de ce conflit contre la colonisation britannique y demeurent, ancrées dans les murs, les plaques, et les mémoires.

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