Expatrié et Ambassadeur de France malgré moi

Par Damien Bouhours | Publié le 12/07/2020 à 18:00 | Mis à jour le 13/07/2020 à 12:01
expatrié français

Vivre à l’étranger revient souvent à devenir, volontairement ou non, un ambassadeur de son pays. Alors que le 14 juillet approche, nous avons recueilli les témoignages de ces Français expatriés qui ont découvert leur « french touch » à l’étranger.

 

« Partir c’est mourir un peu », écrivait Edmond Haraucourt, mais le départ vers l’ailleurs ne peut-il pas être source de découverte voire même de renaissance ? S’expatrier, littéralement quitter sa patrie, permet souvent de renouer le lien avec un pays que nous observons aujourd’hui de loin, avec une certaine tendresse ou nostalgie.

 

Devenir français en quittant l’Hexagone

Quitter son pays permet parfois de mieux le retrouver. Le regard d’autres nationalités souligne des habitudes ou attitudes très françaises que nous n’avions jamais remarquées. Auprès de nos amis étrangers, nous devenons expert sur la question française et chacune de nos interventions prend le poids de toute une nation. « J'ai découvert ce que c'était d'être française depuis que je suis expat. », nous a ainsi témoigné Myrtille. Mo ajoute : « Personnellement, j’ai l’impression que née en France, je ne suis pleinement et consciemment devenue française qu’en m’installant à l’étranger, en Allemagne en l’occurrence, il y a de cela 31 ans. »

Nicolas s’en est également rendu compte en arrivant au Mexique : « C'est une fois qu'on ne vit plus en France qu'on se sent français et qu'on commence à être fier. Je fais également le parallèle avec l'appartenance avec la Bretagne, plus je suis loin de mes terres (le Finistère) plus j'en parle et je le revendique, ce qui ne veut pas dire que la France et la Bretagne me manquent. Mais le plaisir d'y retourner est encore plus grand lorsque ce n'est plus notre quotidien. Moins on passe de temps chez soit, plus ce temps devient précieux et plus on l’apprécie. »

 

Un réel ambassadeur de la France

D’après le premier observatoire de l’expatriation réalisé par la Banque Transatlantique en partenariat avec l'Union des Français de l'Étranger (UFE) et OpinionWay, les expatriés français restent très attachés à leur pays d’origine. Près de 2/3 des expatriés se considèrent comme de réels "ambassadeurs" de la France, quelle que soit la zone géographique où ils vivent. Bruno Julien-Laferrière, président du Directoire de la Banque Transatlantique l’explique : "Loin des stéréotypes, cet Observatoire dresse le portrait d'expatriés heureux et fiers d'être français. Grâce à leur expérience dans leurs pays d'accueil, ils ont pu à la fois relativiser, mais aussi prendre la mesure de ce qui fait la valeur et le rayonnement de la France dans le monde. »

Marc nous confie se sentir « toujours français, très chauvin d’autant que tous mes amis sont des locaux ou des expatriés non français ». Il ajoute : « Se trouver au milieu d’étrangers a renforcé ma fierté (cachée) d’être français, un sentiment que je ne montre pas aux autres Français ».

 

expatrié français

 

Un attachement viscéral

Cette fierté d’être français, plus ou moins affichée, se ressent surtout dans le rapport des expatriés avec la culture hexagonale. Jean-Pierre, expatrié au Chili, est attaché « à notre culture sous tous ses aspects en commençant par la gastronomie et les vins, puis la chanson et un peu tout en fait. »

Nicolas nous raconte également : « C'est une grande opportunité de vivre à l'étranger et encore plus dans un pays qu'on choisit (ce qui est mon cas), mais lorsqu'on est à des milliers de kilomètres de chez soi, on tente de retrouver quelques éléments qui nous rappellent nos racines: des amis français (on a créé une communauté ici), des produits français (je suis un grand gastronome) ainsi que des films ou séries françaises. J'essaie même de regarder quelques émissions pour rester connecté aux news du pays. »

Myrtille pense qu’il est aussi important d’arrêter de mettre en avant une vision négative de la France : « On oublie que notre pays et la langue française est magnifique, riche de culture, d'histoire. Les Français ne sont pas que râleurs et grévistes mais on montre plus les mauvais côtés que les bons. Voyons plus loin que le bout de notre nez et on sera fiers d'être Français en France et à l’étranger. »

 

expatrié français européen

Européen avant tout

« Avec le temps, je suis aussi devenu bien plus Européen que je ne l’étais avant de partir », nous explique Serge. Avec l’ouverture des frontières et l’avènement de l’euro, les Français tout comme les autres citoyens de l’Union européenne se retrouvent autour d’une histoire et d’un avenir communs. Ainsi, plutôt que d’être français, Henri se sent « Européen et Breton ».

Cédric, expatrié en Belgique, témoigne également : « Je revendique mon statut d'européen autant que de Français, je revendique me sentir aussi un peu belge parfois maintenant, je revendique notre droit à peser dans la politique locale et dans les choix de collaboration entre notre ville et les villes frontalières. Je revendique nos fêtes des pères ou des mères, décalées par rapport à la Belgique, de fêter Noël plus que la St Nicolas, le 14 Juillet autant que le 21. Je revendique le droit de nous associer en « diaspora » locale mais aussi à travailler à notre intégration et contre l'ostracisme dont parfois nous sommes la cible. Nous pouvons être fiers des liens d'amitié qui lient nos deux pays, de ce que nous construisons ensemble, du succès de l'humour belge chez l'un, de la cuisine française chez l'autre. Et si au final, nous n'étions qu'Européens ? »

 

Français mais sans le revendiquer

Partir vivre à l’étranger n’est pas forcément une déchirement. Si on quitte la France, ce n’est pas pour l’incarner ailleurs, nous ont expliqué certains lecteurs. Comme le souligne ABC : « Vivre à l'étranger ne doit pas pousser à être un ambassadeur de son pays d'origine mais bien au contraire, d'essayer dans la mesure du possible de s'intégrer ainsi que nous le demandons aux étrangers qui vivent en France. »

Jean-Louis, expatrié en Espagne, ajoute : « Mon choix de vie est volontaire et je ne suis pas dans le choix de mettre en avant le fait d'être français ! Me fondre dans la population locale est mon bien être. Si je suis parti de France, ce n'est pour retrouver les Français partout. C'est le choix que j'ai toujours eu en vivant à l'étranger et j'en reçois les récompenses chaque jour. Malheureusement, je vois encore trop de Français chauvins, qui feraient mieux d'avoir plus d’empathie. »  

Bernard, 77 ans et expatrié de longue date au Vietnam, veut rester dans ce pays qu’il affectionne tant. « Je veux que mes cendres restent au Vietnam », nous a-t-il confié. Mais il nous précise : « je suis vietnamien de fait mais français de coeur et de l’âme. J'ai toujours sur les casquettes un pin's aux couleurs françaises et aussi sur mes t-shirts un écusson français »

 

Alors si le fait d’être français à l’étranger n’est pas forcément une source de revendication, il peut faire l’objet d’un certain sentiment de fierté, qui peut se réveiller au détour d’un évènement sportif, de la fête nationale ou d’un apéro entre amis. On peut se sentir français ou européen sans s’en rendre compte, de par son héritage culturel ou des habitudes bien ancrées. On peut chérir ce petit bout de France que l’on transporte avec soi, comme quelques grains de sable ramenés de vacances, ou un petit pin’s tricolore en guise de madeleine de Proust.

damien bouhours

Damien Bouhours

Diplômé de sociologie à l'Université de Nantes et Tromsø (Norvège), il a vécu plus d'une décennie en Asie du Sud-Est (Laos et Thaïlande). Il a rejoint lepetitjournal.com en 2008 dont il est directeur éditorial et partenariats.
9 Commentaire (s) Réagir
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jean luc1 sam 18/07/2020 - 15:56

30 ans en Allemagne, ma femme est allemande, mes deux filles ont la nationalité allemande et française, elles ont fait leurs scolarisée en Allemagne, je n'ai pas l'impression des Allemands . je m'intéresse beaucoup á la culture allemande, comme à sa gastronomie, et ses vins que j'apprécie beaucoup car je suis dans une région viticole, je bois peu de vin français, les Allemands sont aussi bons y compris dans les rouges . je dirais à Kiss que si tu fis pas d'effort pour comprennent les Allemands, eux ne répondent que le tartuf c'est toi, si toi tu bouffe, les autres eux mangent .

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Philviet ven 17/07/2020 - 07:29

oh là là, Kriss quelle masturbation de cervelle ! Discours incroyable ! Vraiment, vous vous compliquez la vie. Se fondre dans la population et vivre avec eux n'a rien de péjoratif le "eux" n'est pas du tout condescendant, vous voyez le mal partout, vous êtes obnubilé par le racisme. Je fais une différence parceque un touriste qui vient pour 3 semaines ne peux pas le faire. Je suis marié à une vietnamienne et je vis au Vietnam plusieurs mois par an en alternance avec la France, nous y avons une maison. Au Vietnam, je suis avec ma femme, sa famille, ses amis et tout se fait naturellement il n'y a aucun problème, je ne les singe pas, je suis avec eux comme en France avec mes amis et je méprise les étrangers qui sont dans ma situation et ne recherchent la cie que de leurs compatriote. C'est là que je vois du racisme. Je vis avec "eux" et ils sont contents de voir un étranger qui ne fait pas de différence qui ne reste pas à l'écart. Votre discours me dégoûte, c'est vous qui alimentez le racisme. Vous devez être une amie d'Assa Traoré ou vous devez beaucoup l'apprécier. Le débat est clos, je ne me fatigue pas plus avec des gens comme vous tchao !

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KRISS sam 25/07/2020 - 23:52

Pourquoi donc tant de « fracture » entre soi ? Une explication ! Rien de mieux pourtant que le contradictoire de 2 avis voire 3 ou 4 et alors quelle joie ! Quelle joie si l’un l’exprime par la dérision, l’autre par le pondéré et l’autre ne dit rien mais son sourire suffit etc..etc..! Accepter d’analyser la vision des choses des autres est si formateur pour soi-même et la position d’expat double triple quadruple les opportunités mais aujourd’hui comme le dit Scoubidou il faut vraiment jeter d’énormes pavés dans la mare pour avoir d’autres avis. Certains croient alors prendre le pavé en pleine figure quand la forme n’est pas en cul de poule, bougies, nounours , larmes et discours convenus! Peuple godillot ! Dommage ! Pourquoi « fracture » alors si grande ? Je crois que la question fondamentale aujourd’hui est ici exprimée, ce n’est pas le dialogue de simples avis différents à débattre chacun de sa manière mais la compréhension inverse par l’un de ce que l’autre veut dire qui peut aboutir à ne pas même comprendre qu’on dit la même chose! Monde de la confusion, de sensiblerie, aboutissant à l'invective et basta! Voilà pourquoi par la propagande, la communication, la dissimulation, le mensonge, le fascisme est au bout du chemin et peu de Français ne s'en rendent compte!

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scoubidou dim 19/07/2020 - 02:54

SE FONDRE , est vague et flexible , et peut etre interprete d,un nombre de facon differente . Ceux qui travaillent dans le service public me comprendront tres bien . ( Hou la la , terrain glissant ) Changeont de sujet . On peut se fondre par discretion , passer innapercu pour ne pas deranger ou ne pas attirer l,attention ect ect ( dans ces eaux la ) . Oubien se fondre en faisant le singe et cirant des bottes a tout vas . Imitant les natifs pour gagner leur acceptance plutot que d,etre le different , Bien souvent en esseyant d,etre plus natif que le natif ect ect , ( dans ces eaux la ). Quarante cinq ans de vie a l,etranger mon donne la conviction qu,il y a une forte majoritee de singes plutot que de discrets . Soyont donc plus precis et les singes qui se deguisent en natifs , C,est d,eux que je me moque . Ils ont grand besoin de se laver la cervelle . Tout comme dans la facon de s,exprimer , On peut etre interprete comme vulgaire et cru , mais cela peut etre volontaire dans le desir d,avoir un impact plus fort et en s,adressant aux personnes qui comprennent l,idee avec tres peu de mots . Comme on dit en englais ( you got the picture ) A l,opose de ceux qui comprenent vite mais a qui il faut expliquer longtemps . Je ne m,adresse pas a eux , Trop cons . Allons Allons , Faut pas avoir peur des mots , A moins d,etre coince et de se cacher deriere une facade . Very Very french . La forme plus importante que le fond ( Quelle misere ) Les pays anglo saxon sont a l,inverse , C,est ce qui leur donne leur dinamisme .

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bullet mer 15/07/2020 - 02:54

Je suis en Thaïlande, mais quand je vois le comportement de certains "Français" j'ai vraiment honte et parfois envie de dire que je suis Suisse entre ceux qui sont des repris de justesse et ceux qui se croient tout permis comme en France ( les Thais ont d'ailleurs un nom spécifique pour ceux là), Cela m'attriste beaucoup, ce vous avez n'est pas parce que l'on ai à l'étranger que l'on doit se comporter de manière incivile, au contraire respectons les pays ou nous vivons car nous sommes pour les locaux les représentants de nos pays, Comme je le disais au début, le reflet est souvent celui donné par ceux qui sont indisciplinés et qui ce font remarquer par des actions répréhensibles.

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