« L’amour est plus fort que tout, car il vainc tout », mais qu'en est-il des lourdeurs administratives et le choc culturel rencontrés par les couples binationaux à leur retour en France ? Nous avons donné la parole à ces couples binationaux qui ont fait face à ces difficultés.
Partir s’expatrier pour des raisons professionnelles, personnelles ou pour son éducation, demande son lot de préparation. Les expatriés font face à de nouvelles cultures, des défis personnels, des aventures dans un pays qui n’est pas le leur et en ressortent enrichis. A contrario, on pense que le retour dans son pays d’origine sera simple. Le terrain est connu, la langue est la nôtre et pourtant, quand on tombe amoureux au delà des eaux européennes, décider de revenir en France avec son conjoint étranger, « c’est là que les ennuis commencent » nous a ainsi confié Amélie, mariée avec un Birman durant leur expatriation en Thaïlande.
Rentrer pour mieux repartir ?
Nous avions déjà évoqué les problèmes administratifs des couples binationaux à leur retour en France. C’est « la loi du plus fort qui règne » nous résume Thomas en parlant des « rendez-vous » à la préfecture. Des difficultés telles, que le couple avait envisagé « partir au Brésil pour faire une demande de visa à partir du consulat, ce qui aurait été catastrophique pour nos finances ». Leur situation s’est débloquée grâce à des contacts haut placés : « Quelqu'un avec des contacts moins puissants ou une moindre connaissance de l'administration française aurait pu baisser les bras. »
« Par dépit de ne toujours pas avoir obtenu de titre de séjour » en France pour sa femme originaire de Mongolie, François décide, lui, de repartir. Il s’expatrie à Shanghai de 2012 à 2016. Le travail le ramène en Europe, en République tchèque où il obtient pour sa femme en trois mois, un titre de séjour permanent pour 10 ans et déplore « l’inefficacité de nos services gouvernementaux ».
« Notre couple a évidemment souffert de toute cette lourdeur administrative (…) c’est asphyxiant. Même pour moi, pourtant française. Ça porte vraiment un coup au moral. Ça mine chaque jour. Nous avons eu plus d'une fois l'envie de prendre un billet, de quitter cet enfer bureaucratique. » nous a également confié Amélie.
La fierté de dépasser les obstacles
Isabelle vit avec son mari depuis trois ans en Europe avec qui elle ne communiquait qu’en Google Traduction à leur rencontre. Elle est fière aujourd’hui de dire qu’« à l’inverse des couples traditionnels qui commencent par la vie rose, habitent ensemble et rencontrent ensuite des problèmes, nous, on a commencé par tous les plus grands défis et galères qu’on puisse imaginer : langue, culture, administration, vie martiale et maintenant qu’on a passé ce cap, on vit enfin notre vie en rose bien méritée ! »
Le mari birman d’Amélie, en plus des problèmes administratifs, a fait face à un « choc culturel à bien des niveaux », des complaintes de Français, aux appareils électroménagers, en passant par l’importance de la cuisine gastronomique. Aujourd’hui il parle français et a même passé son permis dans la langue de Molière alors que la plupart des Birmans ne l’ont pas. C’est un « grand respect » qu’Amélie éprouve pour ce que son mari a accompli pour s’accommoder à cette nouvelle vie.
« Nous avons eu tellement de rebondissements dans nos vies ces trois dernières années que bon nombre de proches nous ont vivement conseillé d'écrire un livre ! » souligne Amélie. Isabelle reçoit la même suggestion de chaque personne à qui elle raconte son histoire d’amour.
François explique avec fierté : « Malgré de nombreuses difficultés avec la grammaire et les conjugaisons, ma femme comprend bien le français et se fait comprendre dans la vie de tous les jours. Elle est mème en train de préparer le démarrage de sa propre micro entreprise dans le commerce en ligne de produits importés de Corée et du Japon »
L'amour plus fort que tout
Pierre Laurent Buyrette disait déjà en 1771 « L’amour dans un grand coeur sait doubler le courage ». Avait-il lui aussi aimé quelqu’un qui ne parle pas forcément sa langue, qui n’a pas les même codes culturels que lui et a-t-il eu lui aussi la folle idée de ramener ce grand amour dans son pays ?
Richard, marié il y a 29 ans avec une Thaïlandaise durant son expatriation partage avec nous une véritable note d’amour et d’espoir à tous ces couples binationaux ayant un coeur si gros, qu’ils ne font aucune différence de couleur, religion, culture, langue et qui combattent tous les obstacles sur leur chemin pour vivre leur histoire d’amour comme ils l’entendent. Richard n’avait rien avec sa femme lorsqu’ils sont rentrés en France, ni travail, ni logement et une famille qui « voyait d’un mauvais oeil (leur) union ». Ils ont enchainé les sous-locations chez des amis et les galères. « C’est avec l’apprentissage de la vie que, près de 30 ans plus tard, je peux faire un bilan: j’ai retrouvé un poste de cadre en France, mon épouse s’est très bien adaptée à la France et parle couramment français. Elle a sa propre entreprise et tout cela en partant de rien. Nous avons eu un fils qui a 27 ans maintenant. Tout cela n’a pas été facile mais notre réussite est due à 2 facteurs : l’amour de mon épouse et le travail ensuite. Il faut aussi un petit peu de chance. Mais le plus important c’est d'être soudé dans le couple. Je suis maintenant à la retraite et j’aide ma femme dans son travail car elle n’a toujours pas quitté ses fonctions. En espérant que mon expérience servira à redonner le moral et de l’espoir à tous ceux qui reviennent en France. »