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Observatoire de l’expatriation : une installation durable et heureuse

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Écrit par Déborah Collet
Publié le 26 juin 2020, mis à jour le 7 juillet 2020

La Banque Transatlantique en partenariat avec l'Union des Français de l'Étranger (UFE) et OpinionWay, a dévoilé ce 26 juin, son tout premier observatoire traitant de l’expatriation. Cette consultation vise à donner la parole aux Français vivant à l’étranger afin de mieux les connaître. 

 

Le premier Observatoire de l’expatriation, mené par la Banque Transatlantique, l’Union des Français de l'Étranger (UFE) et OpinionWay a interrogé les Français de l’étranger sur leurs motivations de départ, leur relation avec la France ou encore leur regard sur le rayonnement de celle-ci à l’étranger. À l’aide d’un questionnaire en ligne, 6.489 expatriés français ont participé à la consultation et 5.382 ont validé leurs réponses. Vincent Joulia, membre du Comité exécutif de la Banque Transatlantique, a souligné : "À travers cet observatoire, La Banque Transatlantique a souhaité faciliter l’objectivation du regard que nous portons sur les expatriés."

 

Qui sont ces expatriés ? Quelles sont leurs motivations ? 

La majorité des expatriés français qui ont répondu à cet observatoire résident en Europe (51 %) dont 31 % au sein de l'Union européenne. 19% des répondants habitent en Amérique du Nord, 15% en Asie, 9% en Afrique dont 4% dans des pays du Maghreb. Une majorité de ces citoyens français possèdent uniquement la nationalité française (56%), tandis que 44% d’entre eux déclarent avoir plusieurs nationalités. Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’OCDE, a constaté un effet du Brexit sur la naturalisation des Français de l’étranger. Selon lui, environ 4.000 Français ont adopté la nationalité anglophone pour faciliter leur mobilité dans l’avenir. D’une manière plus globale, de plus en plus de Français acquièrent une seconde nationalité.

La plupart des Français de l’étranger ont vécu dans plusieurs pays. 56% d’entre eux se sont expatriés dans deux pays en dehors de la France et 44% se sont rendus dans un pays étranger pour y vivre. Leurs motivations de départ sont variées et multiples, cependant les opportunités professionnelles sont citées par 39% des expatriés, s’ensuit une raison affective "par amour" pour 25% d’entre eux et la découverte d’une nouvelle culture (23%). 

L’observatoire révèle aussi un clivage très marqué selon les âges. Les expatriés de moins de 35 ans décident, majoritairement, de s’expatrier afin d’accéder à de meilleures offres professionnelles. Ils souhaitent progresser plus rapidement professionnellement ou socialement. Les jeunes âgés de moins de 25 ans préfèrent partir à l’étranger pour suivre des études. Aujourd’hui, environ 5% des diplômés du supérieur nés en France résident dans un autre pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Les attaches familiales, le climat ou encore le coût de la vie sont aussi des motivations de départ pour les expatriés français. Quant à l’exil fiscal, il ne semble pas être un moteur puissant de l’expatriation puisqu’elle est citée par 5 % des expatriés français.

 

Partir à l’étranger : pour y rester combien de temps ?

Avant de partir en expatriation, ces Français envisageaient de rester en moyenne 7 ans dans leur pays d’accueil. Or, une fois sur place, la durée réelle du séjour est trois fois supérieure à la durée initiale. Cet observatoire démontre que la durée moyenne s’élève à 20 ans. Cette donnée est très significative sur le vécu de l’expatriation. Marc Boudin, délégué général de l’UFE, se réjouit de ces résultats "Ce sont des Français qui sont heureux de vivre à l’étranger, qui ont un ancrage durable et qui restent plus de 20 ans à l’étranger." 

La quasi-totalité des expatriés sont satisfaits de leur expatriation (93 %) et 51% d'entre eux sont même "très satisfaits." La majorité des expatriés ont répondu que leur pays d'expatriation était plus adapté que la France pour exercer une activité professionnelle (68%), chercher du travail (64%) ou encore créer une entreprise (64%). Très peu ont rencontré des problèmes d'ordre professionnel ou pour leur installation dans leur pays d'accueil. 

Vincent Joulia de la Banque Transatlantique, note que cette communauté d’expatriés est très active, elle est intégrée et très ouverte sur le monde extérieur. Il a déclaré "C’est une population plus entrepreneuriale et dynamique que nous pouvions l’imaginer. Dans ce contexte-là, cela bat en brèche un stéréotype du français expatrié cadre dans une entreprise du CAC 40." Il poursuit : "17% sont des indépendants, de profession libérale, des artisans, des commerçants ou encore des chefs d’entreprise."

 

Français à l’étranger mais Français avant tout

Malgré la distance qui sépare ces expatriés à la France, ils gardent des attaches indélébiles avec l’Hexagone. 85 % des expatriés interrogés sont fiers d’être français. Ce chiffre est encore plus élevé chez les personnes âgées de moins de 35 ans.

Les domaines qui tirent cette fierté sont la culture française, le système éducatif, le patrimoine historique, la gastronomie ou encore la beauté de la France. Près de 2/3 des expatriés se considèrent comme de réels "ambassadeurs" de la France, quelle que soit la zone géographique où ils vivent.

Le sentiment d’appartenance à la nation française y est exacerbé puisque 34 % des expatriés se voient comme des citoyens français. Frédéric Micheau, directeur des études d'opinion au sein d’OpinionWay, a déclaré "Le temps n’abolit pas le sentiment d’appartenance à la nation française." D’après l’étude, 26 % des Français interrogés se considèrent comme des citoyens européens et 23% comme des citoyens du monde. Seulement 11% des répondants se considèrent comme des citoyens du pays où ils vivent. Les expatriés français aiment se rendre en France, plus de 3/4 ont déclaré s’y rendre au moins une fois par an. 

Pour la plupart des Français à l’étranger, l’utilisation de la langue française est essentielle. 60% des expatriés côtoient des amis français ou une communauté française dans leur pays d’accueil. Plus étonnant encore, 1/4 des expatriés français ont comme projet de vie pour des raisons professionnelles ou personnelles de retourner en France pour y vivre, notamment pour ceux résidant en Afrique ou au Maghreb. Les conjoints et les enfants des Français de l’étranger, pour la plupart, fréquentent régulièrement des institutions françaises telles que l’Institut Français, l’Alliance Française, les Chambre de Commerce…

Les expatriés suivent régulièrement l’actualité de la France par le biais de médias français ou par les réseaux sociaux. Les Français de l’étranger préfèrent consommer des produits culturels français comme des livres, des films, des séries ou encore de la musique. Le "made in France" aussi est très demandé auprès des expatriés et ils consomment principalement des services et produits des marques françaises. La majorité d’entre eux, fréquente des boutiques, des cafés et des restaurants français. Bruno Julien-Laferrière, président du Directoire de la Banque Transatlantique a déclaré : "Loin des stéréotypes, cet Observatoire dresse le portrait d'expatriés heureux et fiers d'être français. Grâce à leur expérience dans leurs pays d'accueil, ils ont pu à la fois relativiser, mais aussi prendre la mesure de ce qui fait la valeur et le rayonnement de la France dans le monde."

"Cet Observatoire démontre que l'adage "loin des yeux, loin du cœur" ne s'applique décidément pas aux Français vivant à l'étranger" a précisé François Barry Delongchamps, Président de l'UFE. Il poursuit : "C'est important que les pouvoirs publics, comme nos compatriotes dans l'Hexagone, en aient conscience et ne laissent pas ce lien précieux se distendre. Ce rayonnement à l'international est une force tant pour la culture que pour l'économie française."

 

Les impacts incertains de la crise pour les expats

L'Observatoire sur l’expatriation a été réalisé bien avant l’apparition de la pandémie mondiale de Covid-19. Cependant, Marc Boudin, a expliqué qu"au moment du pic de la crise dans les différents pays, peu de Français durablement installés ont choisi de rentrer. Les Français qui sont rentrés sont ceux qui étaient en voyage, les pvtistes, ces jeunes qui partent avec un visa vacances travail, les étudiants et puis certaines grandes entreprises ont aussi rapatrié leurs collaborateurs."

L'Union des Français de l’Étranger s’attend pourtant à un retour massif des expatriés français, car dans certains pays, ils n’ont reçu aucune aide financière. Marc Boudin a expliqué : "Par exemple, en Asie, les Français de l’Étranger nous ont dit que les salaires baissés et que de nombreuses entreprises ont fermé." Il poursuit : "Au Vietnam, plus de 3.000 Français vont rentrer ou sont en train de rentrer en France, ce qui équivaut à plus de 20% des Français implantés au Vietnam. En Thaïlande, de nombreuses entreprises ont dû fermer et les entrepreneurs qui avaient des agences de voyages ou des restaurants doivent partir. À partir du moment où vous n’avez plus de travail dans ces pays, votre visa expire et vous n’avez pas d’autres choix que de rentrer." Les Chambres de Commerce prédisent également qu’à partir de cet été et jusqu’à la fin de l’année, de nombreux expatriés français devraient rejoindre l’Hexagone.

L’OCDE révèle que l’expatriation chez les Français a augmenté de plus de 40 % depuis le début des années 2000. Cependant, Jean-Christophe Dumont constate que "la pandémie mondiale aura un impact extrêmement fort sur les flux migratoires." Il poursuit : "Il faut s’attendre au moins à une division par deux des flux sur 2020." Les dernières annonces, notamment aux États-Unis, dénotent un resserrement très fort de la politique migratoire et elles vont réduire les opportunités. En revanche, ce "mouvement d’expatriation semble être durable et s’inscrit dans une insertion de la France dans la mondialisation."

 

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