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S’expatrier avec son animal : tout savoir pour partager une aventure au poil

Santé, voyage, droit du territoire… emmener son animal de compagnie s’accompagne de certaines démarches essentielles à traiter avant son départ à l’étranger. Celles-ci varient selon les pays, les espèces et les races. Wouf de soulagement, Lepetitjournal.com vous propose un guide complet sur l’expatriation des animaux avec les témoignages d’une vétérinaire en France et de deux expatriées au Pérou et en Afrique du Sud.

s'expatrier avec son animal, un projet compliqués'expatrier avec son animal, un projet compliqué
Écrit par Teddy Perez
Publié le 10 décembre 2023, mis à jour le 22 décembre 2023

Santé de l’animal, administratif… À quoi faut-il penser avant le départ ?

S’installer dans un nouveau pays avec son animal est fréquent. Au moins une fois toutes les deux semaines, Marie Fenez, vétérinaire, reçoit dans sa clinique des propriétaires d’animaux en partance pour l’étranger. Futurs vacanciers ou expatriés - les demandes s'accélérant plus souvent avant l’été - elle s’occupe de la vaccination, du passeport et du titrage antirabique des animaux domestiques. Les trois principaux éléments qui - une fois réglés - permettent à l’animal d’avoir le feu vert pour être du voyage. Avec parfois des exceptions que nous développerons durant cette promenade…

La vaccination est obligatoire pour des raisons de sécurité sanitaire. Il convient de procéder à une immunisation contre la rage dont le délai de validité est de un an et le coût d’environ 50 à 70 euros. Cette vaccination est considérée comme conforme si elle a été effectuée au moins 21 jours (3 semaines) avant le départ. Le passeport européen pour animaux domestiques constitue un document vétérinaire, et est donc délivré exclusivement par ce dernier. Il fournit la preuve que l’animal a bien été vacciné contre la rage et qu’il est identifié par une puce électronique (ou un tatouage pendant une période transitoire de 8 ans). Grâce à ce seul document, les animaux domestiques peuvent donc être emmenés dans tous les États membres. Il coûte environ 15 à 20 euros en plus du prix de la consultation chez son vétérinaire. Sur le conseil de Marie Fenez, voici le site spécialisé AniVetVoyage.com qui répertorie tout ce qu’il faut savoir lorsqu’on souhaite voyager avec ses animaux.

 

voyager avec son animal lors d'une expatriation

 

À chaque nation sa réglementation animale

Les législations de chaque nation sont strictes lorsqu’il s’agit de faire entrer des animaux sur un territoire, notamment depuis les épidémies de grippe aviaire et porcine de ces dernières décennies. Si l’expatriation s’effectue en dehors de l’Union européenne, prenez contact avec l’ambassade de France du pays de destination et de la Direction Départementale de Protection des Populations avant le départ pour connaître les renseignements utiles.

En plus, un prélèvement sanguin est ordonné pour contrôler la présence des anticorps suite à cette vaccination pour une expatriation vers l’Irlande, la Finlande, la Suède et Malte (en UE), le Royaume-Uni (hors UE) ou encore au sein des pays du Maghreb. C’est ce que l’on appelle le titrage antirabique. Il faut le faire un mois après la vaccination contre la rage et attendre quelques semaines avant d’avoir les résultats - dans ce cas précis, la vétérinaire Marie Fenez conseille de “commencer les démarches six mois avant le départ”. Des traitements pour parasites (tique, ténia…) et pour maladies infectieuses seront aussi nécessaires.

Parmi les destinations qui font de plus en plus rêver pour un voyage ou pour s’expatrier, le Japon, l’Australie et Bali ne facilitent pas la tâche aux propriétaires d’animaux. Sur l’île d’Indonésie, l’importation d'un animal venant d’un autre pays est totalement interdite à cause de la rage. En Australie et au Japon, s’expatrier avec son animal est possible mais il faut le préparer bien en amont de son départ. “Un an à l’avance” indique même la vétérinaire interrogée, le temps de régler toutes les obligations administratives et sanitaires. Une fois arrivée en Australie, l’animal expatrié doit aussi passer 10 jours en quarantaine en plus d’avoir un permis d’importation, au frais du propriétaire. En Australie, s’expatrier avec son animal apparaît ainsi comme un luxe. Certains préfèrent ne pas se l’offrir et laisser leur animal en France.

 

Voyager avec un animal : la théorie

Selon le Ministère de la Transition Écologique, si vous avez décidé de prendre l’avion en compagnie de votre animal, son voyage doit évidemment être préparé soigneusement. Lors de la réservation du voyage, ou de l’achat de votre billet, il faut penser à préciser à votre compagnie aérienne ou à votre agence de voyage que vous voyagerez avec votre animal. Certaines compagnies limitent le nombre d’animaux admis sur un vol.

Chez la compagnie Air France, si votre chat ou votre chien pèse entre 8 et 75 kg, il doit voyager en soute. Le transport de chien ou de chat en soute étant limité ou interdit sur certains types d'avions, la demande de réservation doit être effectuée au plus tard 48 heures avant le départ. La soute est un endroit ventilé, pressurisé et chauffé. La cage de votre animal y sera maintenue de manière à rester stable mais cela reste une longue épreuve pour vos bêtes. Avant même de partir, il faut aussi s’assurer que la taille de la cage dans laquelle repose l’animal soit au norme. Elle doit répondre aux critères de l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien), répertoriés sur le site référence AniVetVoyage. Un conseil : toujours prévoir grand, le sur-mesure est une option qui s’impose parfois.

 

santé, droit du territoire, voyage, s'expatrier avec son animal est un parcours du combattant

 

Réglementation, date limite, voyage en fret… la réalité des expatriés

Liliana est expatriée avec sa famille au Pérou. Avant de s’installer en Amérique latine, elle vivait en France avec sa chienne Maya. Au moment du départ vers Lima en juin 2022, elle et sa famille n’ont pas pu être suivis par l’animal, resté chez le beau-frère de Liliana. Dans son cas, ce n’est pas une question de coût qui a bloqué.

L’installation au Pérou a été officiellement programmée en janvier 2022, soit cinq mois avant le grand départ. Un délai qui a été trop court pour s’occuper des problématiques de son chien, alors que Liliana était au même moment enceinte. Pourtant, la vaccination de son berger allemand croisé border collie était effectuée pour partir de France : “tout était en règle mais notre vétérinaire français nous a dit que dans le sud de l’Amérique latine, il y avait une bactérie contagieuse qui, si elle est attrapée par le chien, l’empêche de revenir en France. Cela nous a un peu bloqué.” Il existait une autre solution pour contourner la réglementation et éviter de faire passer de nombreux tests à son chien en cas de retour en France : le faire voyager en tant qu’animal d’une personne de l’ambassade. Une option vite abandonnée par Liliana et sa famille.

À l’inverse de Liliana, Maeva a pu faire venir son chien et son chat avec elle lorsqu’elle s’est expatriée en Afrique du Sud. Mais ce fut un véritable casse-tête logistique qui a bien failli laisser ses animaux à l’aéroport de Marseille alors qu’elle s’envolait vers Johannesburg… Cette aventure remonte à 2016, lorsque Maeva programme son expatriation en Afrique du Sud à la fin de l’année alors qu’elle est encore au Ghana et qu’elle s’apprête à passer par la France durant l’été. Le timing est court mais ce n’est pas vraiment le problème cette fois. Cela concerne plutôt le voyage en avion. L’aéroport de Johannesburg n’a pas le service requis pour permettre aux animaux de voyager en soute - ou en cabine si la taille de l’animal le permet. La seule solution : le voyage en fret.

 

réglementation voyager avec son animal

 

Maeva contacte donc la société de fret Dimotrans pour s’occuper du voyage de ses animaux. Et avec Dimotrans, elle avoue “avoir eu de la chance”. Pour un périple France-Allemagne puis Allemagne-Afrique du Sud, le coût de tous les services a été chiffré à quasiment 2.000 euros (au total pour les deux animaux). Pour la réception en Afrique du Sud, Maeva a aussi choisi une société de fret car “le faire par ses propres moyens aurait été l’enfer.” C’est également un “deuxième budget à sortir mais qui simplifie toutes les démarches.” Sur le papier, tout semble donc réglé, non sans mal… mais cela devient un peu plus compliqué le jour même du voyage. Arrivée à l’aéroport, Maeva apprend que le fret d’Afrique du Sud n’a pas donné son feu vert pour le voyage à la date prévue, mais seulement le lendemain. Cette péripétie occasionne une dose de stress supplémentaire alors que, ne plus avoir le contrôle sur son animal pendant tout le transit est déjà préoccupant. Face à cette difficulté, la société Dimotrans accepte de garder le chien et le chat pendant une nuit pour laisser Maeva prendre son vol - sans avoir besoin de changer tous leurs plans au dernier moment. “Un parcours du combattant” qui se termine bien malgré ce passage à l’aéroport et d’autres histoires contraignantes… Les papiers pour l’expatriation du chien adopté au Ghana ou l’obligation d’avoir un certificat de bonne santé tamponné par un vétérinaire gouvernemental en France en font partie.

Si la théorie pour organiser son expatriation avec son animal paraît déjà complexe, en pratique, chaque cas est bien différent. Maeva nous a d’ailleurs partagé le récit d’une de ses amies qui, aujourd’hui expatriée en Afrique du Sud, n’a toujours pas récupéré son animal depuis son départ de Côte d’Ivoire. Une situation qui dure depuis plusieurs mois.

 

Les nouveaux animaux de compagnies, des règles spécifiques ?

Si votre animal fait partie des Nouveaux Animaux de Compagnie - aussi connus sous l’acronyme NAQ, dont font partie les rongeurs, les furets ou les tortues - les questionnements peuvent être d’autant plus présents. Finalement, cela ne relève pas plus de difficultés. Au contraire même, il n’y a pas besoin de passeport et de vaccination contre la rage pour eux s’ils ne sont pas carnivores. L’identification sanguine n’est pas forcément obligatoire, selon dépend des pays. Aussi, en fonction de la taille de l’animal, il faut faire attention aux conditions de voyage car ce sont des animaux qui sont beaucoup plus stressés de manière générale. Ils ont ainsi besoin de davantage d’aménagements pendant le trajet. Une réflexion en amont s’impose si l’on souhaite le prendre avec soi : “C’est beaucoup plus simple de voyager avec son NAQ. Mais il est préférable de les habituer avec la voiture par exemple avant le départ. Cela peut l’aider lors de transports plus longs. Un petit oiseau, par exemple, peut mourir de stress.” explique Marie Fenez.

Partir avec son animal à l’étranger ne s’improvise donc pas. Et, une fois arrivé sur le lieu de l’expatriation, comme pour les êtres humains, l’animal a besoin d’un temps d’adaptation au sein de son nouveau lieu de vie. Penser au bien-être de son animal, c’est identifier une clinique vétérinaire ou un professionnel de la santé des animaux proche de son nouveau lieu de résidence. Lui laisser de l’eau, de la nourriture et sa litière bien en vue, sans oublier de redoubler d’attention… et de câlins.

Teddy Perez
Publié le 10 décembre 2023, mis à jour le 22 décembre 2023