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L’expatriation courte n’est pas forcément un échec !

« Un an et tu repars ? Mais, tu n’as pas aimé ? Ça n’a pas marché ? Ce doit être dur de rentrer… » Combien de fois ai-je entendu ces réactions lorsque j’ai annoncé mon départ après un an de vie à l’étranger. Cela m’a donné envie d’écrire à tous ceux qui croient – à tort – que l’expatriation courte est forcément un échec.

Une expatriation courte n'est pas forcément un échec Une expatriation courte n'est pas forcément un échec
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 9 juillet 2023, mis à jour le 14 juillet 2024

 

 

Je suis d’abord allée voir la définition d’une expatriation « courte ». Les études parlent d’une expérience à l’étranger d’un an maximum. C’est mon cas. Je suis restée au Vietnam exactement 11 mois et 12 jours. Je fais donc partie des 5% des expatriations qui durent moins d’un an.

J’ai débarqué, défait mes valises, loué un appartement, acheté de la décoration, inscrit mes enfants à l’école, cherché un travail… Bref, je me suis installée. Au départ, je ne savais pas combien de temps j’allais rester, cela m’a donné de la souplesse dans les idées. Au bout de quelques mois, j’ai su que je repartirai à la fin de l’année scolaire, pour suivre de nouvelles opportunités professionnelles. Je n’étais pas venue avec un conteneur et tous mes meubles, donc le déménagement va être plutôt facile. Niveau administratif ? Trop court pour devoir tout refaire même si, bien sûr, je ne bénéficie plus d’aides sociales, ayant signalé mon départ à l’étranger. 

 

 

« Ce doit être dur de rentrer, j’espère que ce n’est pas trop déroutant ». 

Non, pas particulièrement. Les experts vous le diront, et moi aussi en le vivant : je ne me suis pas déracinée. Du moins je n’ai pas eu le temps ! Le sentiment de ne pas déraciner ma famille était puissant, quoiqu’on en pense. Mes enfants ont savouré chaque instant ici, se faisant de nouveaux amis et apprenant une (voire deux) nouvelle langue. Lorsque je leur ai annoncé qu’on rentrait en France, ils ont été contents, en plus ils allaient retourner dans leur ancienne école et retrouver leurs repères. 

Comme pour tout changement dans une vie, je suis passée par différentes étapes émotionnelles : le déni d’abord (« non mais nous n’allons pas partir maintenant, nous venons seulement d’arriver ! »), la colère (« mais pourquoi on s’inflige de changer à nouveau de vie… »), la tristesse (« demain, je vais emmener mon fils à l’école pour la dernière fois, et bientôt a lieu mon pot de départ… »), et finalement, l’acceptation (« je ne garde que le meilleur et surtout je me souviens ce que cette expérience m’a apporté. »). Aujourd’hui, en écrivant ces mots, j’ai accepté qu’un cycle (même court) se termine, qu’un nouveau commence bientôt. 

 

 

au revoir Vietnam, à bientôt

 

 

 

« Tu n’as pas aimé le pays d’expatriation ? » 

Oh si… J’ai vécu deux expériences d’expatriation et j’en garde de merveilleux souvenirs. Quel émerveillement culturel ! L’avantage avec l’expatriation courte justement, c’est qu’on en profite deux fois plus. Vous savez que très peu de Français ont déjà visité la tour Eiffel (10% des visiteurs annuels) ? C’est parce que le monument est là, près de chez eux et ne sont donc pas pressés par le temps pour le visiter. Sachant que je partais dans quelques mois, j’ai exploré le Vietnam et découvert le pays sous beaucoup de coutures. Je le recommande d’ailleurs. 

 

 

Photos des beautés du Vietnam
Photos des beautés du Vietnam 

 


 

« L’expatriation n’est peut-être pas pour vous… »

Je ne suis pas forcément en manque de la France. J’étais plutôt bien au Vietnam. Mais il y a parfois des décisions qui offrent des tournants dans la vie et, ce jour-là, j’ai décidé de tourner mon volant. Cela ne veut pas dire que je fasse une croix définitive sur l’expatriation, loin de là. Pourquoi les gens pensent que, lorsqu’on rentre en France après une expatriation, la vie à l’étranger ne sera plus qu’un lointain souvenir ? Nombre de personnes rentrent en France, repartent, rentrent, puis repartent. Certains enchaînent. La preuve, selon l’observatoire de l’expatriation de 2020, 56% des Français interrogés ont été expatriés dans plusieurs pays différents.

 

De mon côté, j’ai bien l’intention de repartir vivre à l’étranger un jour, pas forcément au même endroit, mais toujours avec la même envie. 

 

« Ton travail n’a pas marché, c’est ça ? »  

A quel moment est-ce un échec de rester moins d’un an quelque part ? Il est vrai que l’on dit souvent qu’il est de bon ton de rester au moins deux ans à un poste pour éviter qu’on ne pense de vous que vous êtes indécis, ou même instable. Et pourquoi pas souple et spontané, tout simplement ? Je trouve que la crise sanitaire que nous avons traversé a justement apporté cette spontanéité et cette souplesse dans nos mouvements, nos choix et nos parcours de vie, non ? Je le dis donc haut et fort, « non je ne pars pas parce que c’est un échec, mais parce que je choisis un autre chemin ».

 

 

See the good, ce n'est pas tout le temps un échec de partir

 

 

Les échecs d’expatriation existent bien sûr, nous n’en parlons pas assez d’ailleurs. Pour se donner une idée, environ 30% des missions à l’international échouent, selon une étude de 2018.

 

Plusieurs raisons peuvent expliquer l’échec d’une expatriation : la difficulté d’intégration et d’adaptation, l’incompréhension au travail, les mauvaises bases de celle-ci. L’expatriation reste une expérience intense et difficile, et partir en étant fragilisé ou pour fuir les problèmes est bien souvent déconseillé…

 

 

« C’est court pour s’imprégner et s’intégrer » 

Là, je dois bien admettre que c’est vrai. Le temps d’arriver, de digérer le décalage horaire, de s’habituer au climat, d’explorer les magasins, de prendre ses repères, trouver son logement, accompagner les enfants dans leur propre intégration… Cela laisse peu de temps pour s’intégrer et faire de « vraies » rencontres. Quoique. Je dois dire que j’ai été très bien accueillie ici, la communauté française et francophone est dynamique, bienveillante et solidaire. Niveau culture et pays, moi qui ai soif de découvertes, je dois dire que le temps a manqué. Je n’ai pas pu tout faire, j’ai donc choisi ce que je voulais découvrir. Par exemple, tester tout le savoir-faire culinaire vietnamien, flâner dans les marchés en tout genre, visiter les principaux musées, partir en weekend autour de ma ville de résidence. Avec le recul, quelques mois supplémentaires n’auraient pas été de trop de ce côté-là.

 

 

le train à Hanoi a rouvert

 

 

Plutôt qu’un échec, cette expérience est, selon moi, un trésor accéléré d’apprentissages et de rencontres. J’en sors épanouie et j’assume cette échappée audacieuse qui défie les conventions ! 

 

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