Cela fait plus d’un an que les expatriés français n’ont, pour la plupart, pas pu revenir en France et rendre visite à leurs proches. Comment envisagent-ils cet été 2021 en France ou dans leur pays de résidence ? Des expatriés témoignent de leurs projets estivaux, souvent entachés par la pandémie.
Suite à notre appel à témoins, vous avez été près d’une centaine à nous répondre et nous partager vos projets pour cet été 2021. Allez-vous rentrer en France ou resterez-vous dans votre pays d’expatriation ? Avez-vous des appréhensions pour ce retour dans l’Hexagone ? Quelles sont les raisons de l’annulation de vos vacances en France ? Nous vous présentons les témoignages de ces Français de l’étranger qui refusent que la pandémie gâche encore une fois leur moment de repos bien mérité, si possible auprès de leurs proches.
Des expatriés qui veulent rentrer en France coûte que coûte : « rien ne m’arrêtera ! »
Il semblerait que les Français de l’étranger aient vraiment envie de rentrer en France cet été. Près de la moitié des répondants ont déclaré avoir déjà pris leurs billets pour rentrer en France (47,5%) et 18,8% le souhaitent. Près de la moitié d’entre eux (41,1%) souhaitent y rester au moins un mois, voire plusieurs mois pour 16,1%. 42,9% souhaitent au moins revenir quelques semaines.
Mathilde, expatriée aux Etats-Unis, nous souligne l’importance de ces vacances en France : « Nous rentrons chaque année voir notre famille et nos amis. Cela fait partie de notre équilibre et du contrat que nous nous étions fixés en prenant le choix de vivre à l’étranger. La France reste mon pays de cœur, j’aime cette parenthèse dans ma culture. Nous souhaitons que nos filles découvrent et s’imprègnent aussi de cette culture et bien sûr qu’elles gardent le lien avec leur famille ».
Pour Karen, résidente à Singapour, pas question de manquer ce passage par la France : « Pour l’instant nous ne sommes pas autorisés à revenir à Singapour si nous quittons le territoire. Mon mari et mon fils ne prennent donc pas le risque mais moi je pars pour installer ma fille en France après son bac, rien ne m’arrêtera ! »
Même constat pour Sophie, expatriée à Hong Kong et interrogée par notre édition locale : « Cela fait déjà deux ans qu’on n’est pas rentrés… Il n’y a pas de réduction de quarantaine en vue, et je n’ai pas envie d’attendre un an de plus avant de retrouver la famille et les amis ! »
Que vont faire les expatriés de retour en France cet été ?
Rendre visite à la famille et aux proches. Telle est la raison principale évoquée pour ce retour en France. Pour plus d’un tiers des répondants, cela fait au moins un an, voire parfois plusieurs années qu’ils n’ont pu revenir en France. Cynthia, expatriée en Irlande, nous témoigne : « Ma grand-mère se remet difficilement du covid, j’ai vraiment à cœur d’aller la voir. Mon compagnon a toujours ses grands-parents. Nous avons des enfants qui réclament aussi leurs grands-parents très souvent, donc notre retour est une obligation ! ».
Céline, résidente aux Etats-Unis, va revenir « pour le mariage de (sa) nièce ». « L’occasion de voir de la famille, et de participer à un événement heureux (bien besoin pendant cette pandémie mondiale) et de faire la fête comme il se doit ! Après, je pense que nous louerons une voiture pour visiter des coins de France que nous ne connaissons pas », nous a-t-elle expliqué.
Cynthia espère combiner « découvertes / culture / famille / colonies pour nos filles et temps avec les amis ». « Chaque année je prévois un petit séjour escapade avec mes filles, villes européennes ou autre. Cette année, on fera les plages du débarquement et le Mont St Michel ! », se réjouit-elle.
Lucile, qui vit en Espagne, a également tout prévu : « Je veux m’asseoir avec mes deux amies qui seront à Lyon et écouter leurs histoires de pandémie, retrouver notre connexion autour d’une assiette de fromages et d’un verre de Côtes du Rhône. Je veux pouvoir les embrasser ». Si elle ne compte pas beaucoup voyager, elle prévoit de « passer du temps avec (son) père ». « J’espère pouvoir me balader en forêt et ne pas devoir être enfermée. Cela dit, si je ne peux pas sortir, je me défoulerais sur les apéricubes et les boudoirs. », nous a-t-elle confié.
Il est vrai qu’au deuxième rang des attentes, beaucoup d’entre vous ont évoqué une envie irrépressible de nourriture et d’art de vivre à la française. « Ce qui me manque, avant tout, c'est une douceur de vivre que je n'arrive pas à retrouver en Espagne. Une délicatesse et un calme chez les gens comme dans la culture. C'est aussi la culture française en général qui me manque. Je n'ai pas à portée de main tout ce qui se passe en France culturellement. Je dois faire des kilomètres pour être en contact avec la culture française puisque j'habite à la périphérie de Madrid. Heureusement, j'ai Internet pour regarder la télé en français, voir des films et discuter avec mes amis français», avoue Christina.
La peur d'une 4e vague en France
Même pour ceux qui souhaitent rentrer en France, quelques appréhensions subsistent, notamment sur la situation du Covid en France. « Je souhaiterais aller passer des vacances en famille. Des ami.e.s m'ont également proposé de se revoir, mais dans l'immédiat, je ne souhaite pas planifier précisément des déplacements. Je souhaite plus de visibilité, celle disponible actuellement ne me suffisant pas, même si les chiffres s’améliorent », explique Romain, expatrié en Allemagne.
Christian, qui vit au Burkina Faso, nous a également confié ses « incertitudes liées au COVID ». « Pour l'instant, nous n'avons pas de visibilité sur la possibilité de se faire vacciner dès qu'on arrive en France », nous explique-t-il. Comme beaucoup d’entre vous, il nous explique avoir peur de « rencontrer des difficultés pour un éventuel retour après les congés, s'il y avait une dégradation sanitaire voire une 4ème vague liée au Covid ».
L’épineuse question du retour dans son pays d’expatriation
La question du retour en France est sur toutes les lèvres. Comment gérer une possible quarantaine ou me laissera-t-on tout simplement revenir dans mon pays de résidence ?
Romain craint ainsi des répercussions d’une possible quarantaine sur sa vie professionnelle en Allemagne : « A Noël dernier, mon employeur a relativement facilement accepté que je passe la quarantaine imposée au retour de France en télétravail. Cependant maintenant, alors qu'un potentiel retour au bureau se profile à court ou plus vraisemblablement moyen terme, je ne sais pas ce qui sera possible ou non ». « Rien ne dit cependant que cette mesure de quarantaine imposée sera maintenue d'ici là. », espère-t-il.
Pour les Français des Etats-Unis, le travel ban (interdiction de voyage à l’étranger) imposé pour le moment par le gouvernement américain, est dans tous les esprits. « Je suis vaccinée ainsi que mon mari mais pas nous deux enfants de 5 et 8 ans. On va prendre toutes les précautions nécessaires mais nos proches en France sont eux aussi vaccinés ! En ayant un visa non immigrant, j'ai pris le risque de devoir faire 15 jours de quarantaine avant de revenir sur le sol américain si le travel ban reste en vigueur. Je croise les doigts ! », explique Laure. « Si le travel ban est levé et que nous rentrons, j’aurais toujours peur qu’un nouveau variant, ou une nouvelle vague arrive et que les frontières se referment... notre vie est aux Etats-Unis pour le moment. », confirme Céline.
Un retour en France « impossible »
Pour près d’un tiers d’entre vous (30%), il n’est pas envisageable de revenir en France cet été, soit car votre pays de résidence ne vous le permet pas ou que les mesures de retour sont beaucoup trop contraignantes.
Thomas, entrepreneur à Ho Chi Minh-ville, nous résume ce qui ressemble à un véritable parcours du combattant : « Actuellement (Juin 2021) les frontières du Vietnam sont fermées. Les seules personnes autorisées à passer ces frontières sont (a) diplomates (b) experts internationaux certifiés (c) capitaines d'industries. Ces qualifications doivent être supportées par un ensemble de documentation, et approuvées par 1 comité populaire de la ville, ainsi que 4 ministères. Les procédures d'obtention de l'approbation d'expertise prennent 6 semaines, et ne sont qu'un "avis favorable" en vue d'un retour prévu à une date "précise" pour une seule personne désignée comme experte. Basé sur des expériences récentes, cette date de retour sera invariablement repoussée par les autorités, et dépendra de la situation sanitaire du moment ».
Et quand le retour est possible, les frais de quarantaine sont également dissuasifs : « L’ensemble des frais reliés a la quarantaine de 21 jours par personne individuelles sont à la charge du voyageur: pour notre famille 3 transferts aéroport individuels + 3 test en début de quarantaine + 3 tests en fin de quarantaine + (3× 21) nuits d'hôtel dans dans des hôtels agréés coutant minimum 70-100 $ la nuit. Au vu du budget important, des incertitudes multiples, et comme nous planifions de revenir au Vietnam, actuellement cette option de voyage est impossible ». Thomas espère cependant un déblocage de la situation : “Mais cela évoluerait drastiquement si le ministère de la Santé acceptait la proposition du Comité national de prévention et contrôle du Covid-19 du jeudi 03 juin 2021"
Xavier, résidant au Vietnam depuis 21 ans, évoque également un « risque trop grand ». « J'aimerais bien pourtant retourner en France pour me faire vacciner avec ma femme et mes deux filles qui devront retourner au lycée en septembre. Devant l’incertitude, je préfère ne pas sortir du Vietnam », explique-t-il.
Emmanuelle vit, quant à elle, en Australie où la situation n’est pas plus simple : « Il faudrait une raison importante pour demander une autorisation spéciale pour rentrer en France, et ensuite le voyage de retour sera incertain car très peu de vols internationaux volent vers l’Australie. Il y a donc des listes d'attente... Le voyage de retour serait aussi très onéreux avec le coût du vol et de la quarantaine en hôtel spécial. Bref, il est impensable de rentrer pour des "vacances" même si cela nous attriste de ne pas pouvoir voir nos parents âgés, qui auraient bien besoin de voir leurs petits enfants… »
Pour ceux qui ne pourront rentrer en France cet été, peut-être faut-il voir le verre à moitié plein, comme Alexandra, expatriée aux Etats-Unis, qui a préféré ne pas tenter de retour en France : « Visa L1 et L2, trop d'incertitudes pèsent sur le retour. Et tout ça pour voir ma belle mère... autant visiter ce pays magnifique ! J'ai envie de découvrir ce pays, et de le montrer aux enfants. Finalement, ces difficultés de déplacement sont une aubaine, elles m'évitent de me justifier».