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"Je ne peux pas imaginer rester loin de ma famille plus longtemps!"

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Pour la plupart des sondés, l'éloignement avec la famille est le plus difficile - Photo@Chermiti Mohamed - Unsplash
Écrit par Karine Yoakim Pasquier
Publié le 26 mai 2021, mis à jour le 27 mai 2021

Les expatriés francophones rentreront-ils en Europe cet été ? Pour le savoir, Lepetitjournal.com a lancé la semaine dernière un sondage auquel 44 personnes se sont confiées. Voici donc les tendances du moment en matière de retour et de projets estivaux.

Si Victor Hugo n'a pas connu le Covid, son poème Demain, dès l'aube parlera à de nombreux expatriés, souffrant de l'éloignement avec la famille. "Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps..." nous dit le poète. Et nombre d'entre vous, cet été feront le voyage pour rejoindre vos proches. Voici donc les résultats de notre sondage... et certaines de vos pensées sur ce retour au goût d'inquiétudes et de formalités administratives.

Sur un panel de 44 répondants 42 vivent à Hong Kong, un à New York et un à Singapour, 28 sont en couple avec enfants, 8 en couple sans enfants, et 8 sont célibataires. Parmi eux, 30 partiront en voyage cet été, alors que 14 resteront dans leur pays d’accueil. Mais quels sont leurs projets et leurs inquiétudes?

Les prénoms des sondés ont été changés par souci d’anonymat.

La majorité n’a pas revu sa famille depuis plus d’un an

Sur le panel sondé, la majorité n’a pas revu sa famille depuis l’été dernier (43,2 % des répondants), tandis que 38,6 % d’entre eux n’ont pu serrer leurs proches dans leurs bras depuis un an et demi déjà et que certains patientent déjà depuis 2 ans.

Quelques-uns ont toutefois pu rentrer dans l’intervalle : un à Noël, une en octobre dernier pour un décès, et un autre il y a deux mois.

 

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Concernant les plans estivaux, la tendance est au retour. Si 30 % resteront dans leur pays d’accueil, 68 % des interrogés rentreront, avec une grande majorité de retours en direction de la France, 80 % des questionnés faisant de l’hexagone leur destination. 95 % se feront ou sont déjà vaccinés en vue de leur voyage.

Les durées de séjour sont plus aléatoires et dépendent des possibilités de vacances et surtout de télétravail. Lors de leur pause estivale, 85 % des personnes interrogées logeront chez la famille ou chez eux, s’ils possèdent un logement sur place, le reste des personnes sondées louant un bien.

Si 9 chanceux rentreront plus de deux mois, la majorité restera sur place entre trois et six semaines (16 individus sondés). Trois d’entre eux séjourneront deux semaines en Europe, tandis que 3 rentreront définitivement.

Une fois sur place, la famille avant tout

Lorsque nous interrogeons sur les raisons du retour, les réponses sont multiples, mais tournent autour d’un unique sujet : revoir ses proches restés au pays.

Sophie se confie : « Cela fait déjà deux ans qu’on n’est pas rentrés… Il n’y a pas de réduction de quarantaine en vue, et je n’ai pas envie d’attendre un an de plus avant de retrouver la famille et les amis ! »

Mais elle n’est pas la seule, la majorité rentrant pour voir leurs proches. Certains sont retours se font d’ailleurs dans un contexte difficile. L’une des personnes interrogée écrit notamment : « Mon père est décédé en novembre et je n’ai pas pu rentrer. Je rentre donc avec ma fille pour voir ma mère et enterrer l’urne de mon père. Heureusement, nous sommes vaccinées toutes les deux. »

 

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Si certains rentrent pour travailler depuis le siège de leur compagnie en Europe, d’autres invoquent un changement d’air bénéfique : « On rentre pour voir la famille, mais aussi pour changer d’air et faire du bien à sa santé mentale…»

« J’ai eu beaucoup de congés accumulés et non utilisés depuis l’été dernier, avec peu de possibilités de voyager en tant que citoyen français venant de Hong Kong, excepté en France. Personnellement, cela sera aussi l’occasion de faire le point et évaluer le contexte français dans l’optique d’un rapatriement, car la situation politique (et économique dans mon secteur) morose à Hong Kong me convainc progressivement qu’il est temps pour moi de bouger. », nous écrit Fanny.

 

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Photo@Dim Hou - Unsplash

 

«La quarantaine avec des enfants, ce n’est pas possible!» 

Pour ceux qui restent, la situation est difficile également et nombre d’entre eux invoquent la quarantaine et son coût prohibitif.

« On ne va pas rentrer à cause de la quarantaine de trois semaines à l’hôtel, surtout avec 2 enfants en bas âge, le coût et le stress que cela engendre », nous dit une personne interrogée.

Natasha quant à elle s’inquiète des conséquences possibles : « On veut éviter de passer 21 jours en quarantaine obligatoire à l’hôtel au retour avec notre fils de trois ans. De plus, il y a un risque d’être considéré comme cas contact d’une personne qui aurait été testée positive à l’arrivée et être envoyé au centre spécialisé ! »

Certains toutefois restent pragmatiques. C’est le cas de Claudine : « Il y a plein de choses à découvrir à Hong Kong, et même après 12 ans on ne s’en lasse pas. De notre côté, un retour en France n’est pas raisonnable. Il faudrait faire une quarantaine de 3 semaines avec un enfant de 7 ans, ce qui coûterait en plus très cher. Et il y a aussi le risque de rentrer porteur du virus et d’être isolés en camps, séparé de la famille ! »

«Je me sens prisonnier, pas privilégié.»

Lorsque nous demandons à notre panel s’ils se sentent privilégiés, la réponse est mitigée. C’est le cas de Mélina : « Je me sens chanceuse parce que j’ai eu la chance de me faire vacciner à Hong Kong, quand la plupart de mes amis/famille en France attendent toujours, et de plus, j’ai le budget pour ce voyage. Je ne me sens pas privilégiée pour les mesures drastiques de quarantaine obligatoire à l’hôtel maintenues par le gouvernement même pour les personnes vaccinées, avec un coût exorbitant tant financier que psychologique. »

 

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Photo@Eunice Stahl - Unsplash

 

C’est également le cas de Marlène : «Hong Kong est plutôt épargnée par le virus, mais l’impact sur la vie sociale et familiale, à cause de toutes les restrictions mises en place, n’est pas négligeable. Ne pas voir ses proches durant un an et demi ou plus n’est pas sans conséquences… Le temps perdu ne se rattrape jamais! Et puis vivre dans une bulle ça va un temps, mais ça ne peut pas durer indéfiniment.»

Si certains saluent la situation sanitaire hongkongaise, l’accès facilité au vaccin et les mesures nous permettant de vivre malgré la crise, bénéfices du télétravail, des ombres viennent noircir le tableau : éloignement de la famille, manque de perspectives, répercussions professionnelles liées à la pandémie, manque davantage pour les personnes vaccinées restent les doléances de beaucoup de sondés.

«Je me considère prisonnier, pas privilégié. Et malheureusement non, je ne peux pas choisir de quitter Hong Kong définitivement avec les enfants, sinon je l’aurais fait depuis longtemps…», nous dit une personne interrogée.

«Être testé positif avant de revenir à Hong Kong, ce serait l’enfer.»

Pour les mois à venir, nous devrons tous faire face à des difficultés. Pour les personnes sur le retour, ce sont de nombreux sujets sont sources d’inquiétude : «[Je crains les] procédures multiples qui ne laissent pas de marge d’erreur (3 aéroports, 3 listes de documents à montrer), ainsi que le stress face aux changements de dernière minute. En tant que personne d’origine asiatique, je me demande aussi si je vais rencontrer du racisme en France, accentué par les préjugés liés à l’origine du COVID. Les incidents de ce type aux États-Unis sont alarmants.»

Rester coincé en France, ne pas trouver de centres de test qui puisse faire une lettre en anglais, la quarantaine, les difficultés de déplacements, les éventuels changements de restrictions restent des thématiques qui inquiètent les esprits.

 

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Photo@Camila Perez - Unsplash

 

Mais beaucoup craignent aussi de se faire contaminer en France. «Moi, c’est la quarantaine qui me fait peur, nous dit Marco. Et j’ai surtout peur de me faire contaminer en Europe. Être testé positif avant de revenir à Hong Kong, ce serait l’enfer.»

Pour ceux restant, les raisons de stresser sont également nombreuses : « Ce qui m’angoisse c’est la distance avec la famille et le fait de vivre constamment dans la crainte d’être envoyé un jour en centre de quarantaine ou de ne revoir la famille que dans très longtemps. », nous écrit une personne interrogée.

Estelle précise: «J’ai peur de ne pas voir nos familles pendant encore plusieurs mois… et la crainte que quelque chose arrive à nos proches avant qu’on ait pu les revoir ! ». Une autre maman s’inquiète de l’étirement du lien familial : « La plus grande difficulté, c’est le manque de la famille et surtout le manque de création du lien enfant grands-parents !»

Que vous restiez ou que vous partiez, l’équipe du Petit Journal vous souhaite avant tout que tout se passe au mieux.

Et vous, quels sont vos plans pour cet été ?

 

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