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Boom des prix de l’immobilier à l’étranger : les expatriés sont-ils coupables ?

L’essor de l’expatriation depuis la fin de la pandémie a engendré l’augmentation des prix de l’immobilier dans le monde, créant un paysage économique où la migration post-pandémique se mêle étroitement aux enjeux du logement.

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Écrit par Aurélie Billecard
Publié le 27 août 2023, mis à jour le 19 octobre 2023

Depuis la fin de la crise du coronavirus, le monde a été témoin d’un phénomène sans précédent : une vague massive d’expatriation. Un nombre record de personnes ont quitté leur pays d’origine à la recherche de meilleures opportunités professionnelles et personnelles. Cependant, cette tendance a engendré une série de défis, notamment une hausse significative des prix de l’immobilier partout dans le monde. 

 

Une pression croissante sur le logement : une demande en hausse face à une offre limitée

 

L’expatriation vers des destinations européennes, nord-américaines et asiatiques, et le « nomadisme digital » sont devenus des choix de plus en plus populaires, mais ces tendances ont mis en évidence une réalité économique préexistante : le manque criant de logements dans ces villes attractives. Cette demande supplémentaire de logements a provoqué une augmentation des prix malgré la persistance des taux élevés des prêts immobiliers. L’équilibre migratoire en faveur des pays riches en 2022 a connu une hausse spectaculaire de 80 % par rapport aux niveaux prépandémiques, selon le Wall Street Journal.

 

L’impact sur les marchés immobiliers mondiaux

 

Plusieurs pays à l’instar de l’Allemagne, du Canada, et du Japon ont mis en place des dispositifs pour attirer les travailleurs qualifiés et combler les pénuries de main-d’œuvre, causées par le vieillissement démographique. Cependant, cette migration a souvent exacerbé le déséquilibre entre l’offre et la demande de logements. Environ 85 % des expatriés deviennent locataires, ce qui contribue directement à l’augmentation des prix des loyers, et joue un rôle dans l’inflation. Les économistes Joseph Briggs et Giovanni Pierdomenico ont souligné dans un rapport pour Goldman Sachs que les pays tels que l'Australie et le Canada, caractérisés par une croissance démographique et des soldes migratoires élevés, ont connu les plus fortes hausses des prix de l’immobilier.

Les locations de courte durée, notamment via Airbnb, ont réduit l'offre de logements à long terme, faisant grimper les coûts pour les résidents locaux. L'inflation impacte également le prix des travaux de rénovation, ce qui pousse les loyers à la hausse.

Cette tendance a exacerbé la gentrification, affecté les loyers, et suscité des préoccupations quant à l'accessibilité des logements. Des réglementations plus strictes et une coopération internationale sont nécessaires pour équilibrer la demande en logement et les flux migratoires.

Le phénomène de l'expatriation et ses répercussions sur le marché immobilier ne sont pas propres à une région spécifique. Au Portugal, par exemple, les politiques visant à attirer les investissements étrangers et les « visas dorés » pour les nomades numériques ont conduit à une augmentation vertigineuse des prix de l'immobilier, rendant les logements inaccessibles pour de nombreux locaux. Les mesures de libéralisation du marché de la location et les incitations à l'achat de propriétés de valeur élevée ont créé une situation où une grande partie de la population, y compris les moins privilégiés, lutte pour trouver un logement abordable.

 

Conséquences sociales et économiques : un impact généralisé et une recherche de solutions durables

 

Cette crise du logement a des répercussions qui touchent tous les segments de la société. Les familles ont du mal à subvenir aux besoins de logement de leurs enfants étudiants, les professionnels de la santé hésitent à établir des cabinets en raison des coûts de location exorbitants, et la population en général se retrouve confrontée à une pression accrue sur le marché immobilier. Les « nomades numériques », privilégiés économiquement, qui ont profité des visas de travail à distance, sont devenus une source de critique pour avoir contribué à cette inégalité grandissante. Par exemple, l'afflux de nomades numériques, en particulier américains, au Mexique depuis la pandémie, malgré les avantages économiques, suscite l'opposition des Mexicains qui voient les loyers grimper et évoquent un « néocolonialisme des expatriés ». Le visa simplifié pour les travailleurs à distance a engendré une hausse des loyers à Mexico, évinçant certains habitants. Cependant, ces nouveaux venus font face à des critiques de la part des expatriés établis et des locaux pour leur impact sur la culture locale et la société.

 

Le Mexique en a marre des nomades digitaux

 

Face à cette situation, certains expatriés prennent conscience de leur rôle potentiel dans la gentrification et l’augmentation des prix de l’immobilier. Le gouvernement portugais a annoncé des mesures pour mettre fin aux programmes de « visas dorés », dans l’espoir de réduire les pressions sur le marché immobilier local. Cependant, la recherche de solutions à long terme reste complexe et nécessite une coopération internationale pour équilibrer les flux migratoires et les besoins en logement.