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S’expatrier, oui mais comment ?

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Écrit par Justine Hugues
Publié le 21 mars 2018, mis à jour le 3 décembre 2020

Mondialisation oblige, l’expatriation est un phénomène qui ne cesse de croitre. Face à cet engouement, le salon « s’expatrier, mode d’emploi » propose chaque année, à Paris, une journée de rencontres entre tous les acteurs de l’expatriation (santé, emploi, assurance chômage à l’international, fiscalité, retraite..) et les Français ayant des envies d’ailleurs. 

 

Il est 10h30 à la cité internationale universitaire de Paris. Et déjà plus de 800 visiteurs au compteur. Parmi eux, Julie et Nelly, qui se sont levées aux aurores pour prendre le train depuis Bourges, où elles viennent de terminer leurs études dans le bâtiment. Elles patientent dans l’interminable queue pour accéder à l’un des conseillers de Pôle Emploi. « Je voudrais savoir s’ils ont des pistes pour trouver du travail et si financièrement, je peux être aidée », indique Nelly, qui souhaite s’expatrier en Australie. 

Le permis de conduire est-il valable à l’étranger ? Quelles dispositions prendre pour sa retraite ? Comment payer ses impôts ? Autant de question auxquelles les participants devront répondre… en onze heures chrono !

 

« Faire en sorte que les personnes se posent les bonnes questions »

A l’entrée de la vaste salle, la Direction des Français à l’étranger du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères oriente les visiteurs. « On incite vraiment les gens à se poser les bonnes questions sur leur projet. En fonction des réponses, on les oriente vers les organismes compétents. On a un vrai rôle de portail », commente l’une de ses employées. La Direction alerte également les aspirants expats’ sur les spécificités des législations locales. « Beaucoup n’ont pas conscience que les règles sont différentes. Il arrive que des ressortissants se fassent arrêter. ». 

Questionner et alerter, c’est aussi, ce matin, le travail d’Agnès Arcier, Directrice des résidents à l’étranger et des services généraux de la Direction Générale des Finances publiques. Dans un stand aussi populaire que celui de Pôle emploi, la dizaine de conseillers qui maitrisent sur le bout des doigts les accords fiscaux entre la France et les pays étrangers n’ont pas de quoi chômer. « Les personnes qui viennent nous voir s’interrogent sur leurs obligations fiscales et c’est tant mieux ! Parfois, les considérations liées à la fiscalité peuvent remettre en cause un projet d’expatriation ». Pour Agnès Arcier, si l’impôt sur le revenu est un réflexe, c’est loin d’être le cas pour d’autres types de fiscalité, comme sur les revenus fonciers. «  Certains réalisent en venant au salon que les revenus locatifs de biens immobiliers en France sont aussi imposables quand on vit à l’étranger ». Par ailleurs, l’Hexagone est souvent perçu comme le pays ayant la fiscalité la plus lourde, quand d’autres Etats, comme la Belgique, s’illustrent en la matière. 

 

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Des envies variées, un souhait partagé : quitter la France

« Il y a des étudiants, des familles, des retraités. Certains ont déjà un poste et quitteront la France à la fin de l’été. D’autres ont une véritable envie de partir, mais leur projet n’est pas encore abouti, ne serait-ce que sur la destination », indique la collaboratrice de la direction des Français à l’étranger. « On a vu ces derniers années toute une vague de retraités s’expatrier, pour gagner en pouvoir d’achat », complète Agnès Arcier. 

A 34 ans, Marine qui a déjà été expatriée en Nouvelle Zélande, s’apprête à renouveler l’expérience du Permis Vacances Travail (PVT). « J’en ai marre de la France, il faut que je parte. Dans l’idéal, j’aimerais m’installer définitivement à l’étranger ». Mélodie, qui travaille dans la petite enfance et a le Canada dans le viseur, tient des propos similaires.

 La vie est beaucoup plus simple là-bas, ils ne mettent pas autant les gens dans des cases. En France, le diplôme est un motif de discrimination. Au Canada, dès lors qu’on prouve qu’on a les capacités d’exercer un métier, on nous donne notre chance. 

Suzanne peine, depuis près d’un an, à trouver du travail dans l’export. « Il y a beaucoup de concurrence. C’est compliqué sur le marché français, bien que je parle quatre langues. Je me dis que ce sera peut être plus simple en Angleterre, en Irlande, ou au Canada ». Cette franco-colombienne de 29 ans vient de consulter Pôle Emploi, qui s’est engagé à l’accompagner dans son projet. 

« Nous sommes tombés amoureux de l’Indonésie », mentionnent en cœur Alain et Sylvie, qui partent y ouvrir des chambres d’hôte. « Cela fait 35 ans que nous sommes salariés en France alors forcément, on a pas mal de questions sur notre couverture sociale, notre retraite » précisent-ils, devant le stand de la CFE. 

 

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L’appel du caribou

Arthur travaille dans l’intérim et n’a jamais mis les pieds au Canada. C’est pourtant la destination qu’il a choisi. «  Si je n’ai pas de visa, j’irai en touriste et j’essaierai de faire mon trou sur place », dit-il avec détermination. L’image d’Epinal d’un Canada de tous les possibles fait bien des émules. Il faut dire que le pays a une politique d’immigration très favorable, en témoignent les nombreux recrutements qui ont lieu, chaque année, au salon "Destination Canada".  

Sophie, Pauline et Elif n’ont, comme Arthur, qu’une connaissance théorique du pays de l’érable. PVT en poche, elles pourront y rester pendant deux ans. « Il n’y a pas d’avis mitigé sur la beauté des paysages et l’accueil des Canadiens. Tous ceux qui y vont sont unanimes !» s’exclame Sophie, 31 ans, qui part prochainement en repérage avant de décider dans quelle province elle s’établira. Pauline vient de démissionner de son poste d’attaché de presse. « Je pensais aller à Montréal mais on m’a dit ce matin qu’il y a énormément de Français et un début de saturation » dit-elle en riant.  « Je ne quitte pas la France pour subir de pression, donc j’irai peut être ailleurs, à Vancouver ou Toronto ». 

Justine Hugues
Publié le 21 mars 2018, mis à jour le 3 décembre 2020