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Gabrielle Narcy : "On ne se débarrasse pas du virus de l'expatriation"

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Écrit par Vincent Villemer
Publié le 15 mars 2018, mis à jour le 22 mars 2018

Expatriée depuis six ans, Gabrielle Narcy, consultante en marketing, partage son quotidien entre son activité professionnelle et l’entretien de son blog, intitulé « l’Allée du Monde » sur lequel elle écrit les récits de ses voyages ainsi que des articles pratiques pour informer et conseiller au sujet de l’expatriation. Rencontre avec une femme pour qui l’expatriation rime avec passion.

 

Sur votre blog « L’Allée du monde » vous dîtes avoir voulu vous expatrier à l’âge de 20 ans. Pour quelles raisons vouliez-vous partir ?

Deux raisons principales : la première, c’est que j’ai une famille assez internationale, composée de pas mal de grands voyageurs, expatriés et couples binationaux. Depuis toute petite, j’ai été fascinée par toutes les langues et cultures qui composent ma famille, qui vit ou a vécu en Angleterre, en Turquie, au Laos, en Inde, en Allemagne, en Belgique, pour ne citer que quelques pays ! La seconde raison est plus terre à terre : je ne me sentais pas dans mon élément dans une culture professionnelle française trop étriquée pour moi. Après un Master en sciences humaines m’offrant malheureusement peu d’opportunités de travail en France, j’ai décidé de tenter ma chance dans un pays anglophone, ces derniers étant beaucoup plus intéressés par ce types de formations dans le monde de l’entreprise. À Londres, j’ai trouvé un emploi dans le marketing dès mon arrivée. Le Royaume-Uni m’a donné ma chance tout de suite, en valorisant ma formation telle qu’elle était, ce dont je suis très reconnaissante ! 

 

Vous êtes partie à Londres à 25 ans, avant de passer à Lisbonne puis de revenir en Grande-Bretagne. Que retenez-vous de ces expériences ?

Que chaque expérience de vie à l’étranger est différente, et que l’on a beau préparer une expatriation, on ne sait jamais comment on réagira une fois sur place ! À mon arrivée à Londres il y a 7 ans, j’étais persuadée de n’y rester qu’un an, puis de m’envoler pour les États-Unis, puisque j’avais une Green Card à l’époque. Le Royaume-Uni ne devait être qu’un saut de puce avant l’Amérique, mais je suis tombée si amoureuse de Londres et de mon job que j’y suis restée 5 ans. Lorsque je suis partie à Lisbonne pour un poste quelques années plus tard, j’étais très motivée pour apprendre le portugais, langue que je n’ai finalement pas vraiment apprise, car j’ai été happée par le travail dans une start-up où tout le monde travaillait en anglais. Cela m’a empêché de me projeter au Portugal sur le long terme, et m’a fait ressentir un mal du pays assez aigu. L’expatriation est une expérience culturelle et émotionnelle tellement riche et forte qu’il est important de rester ouvert au fait que l’on ne peut pas tout contrôler, et de savoir s’adapter en conséquence !

 

Après votre passage à Londres puis à Lisbonne, vous êtes donc revenue en Angleterre, à Leicester. Quelle différence avez-vous ressentie entre l’expatriation dans une métropole comme Londres et une ville comme Leicester ?

Londres est une ville unique en Europe. Son dynamisme économique et son caractère ultra-international en font une métropole où tout est possible, par exemple trouver un emploi ou un logement très vite ! Sans compter la vie culturelle, qui y est incroyable. Le revers de la médaille, c’est le coût de la vie, incroyablement élevé, et le mode de vie un peu fou, qui implique de longs trajets pour aller travailler, et un réseau de transports saturé. Ce que j’aime à Leicester (qui n’est pas si petit, 350.000 habitants tout de même !), ville médiévale à une heure de Londres en train, c’est le fait de pouvoir mener une vie calme, où l’on peut tout faire à pied et vivre en plein centre dans une belle maison pour moins cher que le prix d’une chambre en colocation en zone 3 à Londres. Je suis contente d’avoir vécu ces deux visages de la vie au Royaume-Uni !

 

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C’est lors de votre séjour aux Etats-Unis que vous vous êtes lancée dans le récit de voyages, que vous mettez en avant sur votre blog. Quel souvenir gardez-vous de votre séjour en Amérique ?

Une fascination totale. C’est un pays qui est culturellement si différent de la France, tout y est plus grand et différent, qu’il s’agisse de la nature (les parcs nationaux y sont gigantesques), de la scène politique ou de l’accès à l’enseignement ou à la santé, par exemple. J’ai vécu à Boston et à San Francisco, et j’ai beaucoup voyagé à travers le pays, j’ai donc eu la chance de pouvoir prendre la mesure des grandes différences culturelles qui le divisent. Mon premier séjour à Boston s’est fait dans le cadre d’un stage en sociologie politique pour un professeur qui travaillait sur le Green Party américain, tandis que mon mémoire de Master portait sur le parti républicain, au moment de la première élection de Barack Obama. Cela m’a permis d’explorer des visages complètement différents de l’Amérique, et de côtoyer des américains de différents milieux. Le résultat a été une immersion culturelle si riche que je me suis lancée dans l’écriture de récits de voyage, pour partager ce que je vivais avec mes proches. Je n’ai jamais arrêté : depuis j’ai écrit sur tous les pays dans lesquels j’ai vécu, ainsi que sur le cheminement d’une expatriée, à partir du moment où l’idée a commencé à naître dans mon esprit jusqu’à aujourd’hui, en passant par toutes les étapes personnelles et émotionnelles traversées en chemin. Et tout ça, je le dois aux Etats-Unis ! 

 

Pourquoi avez-vous créé le blog « l’Allée du monde » ? Et pourquoi ce nom ?

Après des années à travailler dans le marketing et à gérer, entre autre, des blogs d’entreprises, j’ai voulu utiliser mes connaissances en création de contenus pour parler d’un sujet qui me passionne, l’expatriation. Cela s’inscrit également dans une reconversion professionnelle : quitter un statut de salariée pour devenir consultante en marketing, et accorder plus de temps à l’écriture en général, qu’il s’agisse de mon blog ou de mes récits de voyage. J’avais envie de partager mon expérience de vie à l’étranger avec d’autres expats et de créer une communauté avec laquelle discuter de ce mode de vie enrichissant, mais pas toujours facile non plus ! Le nom, L’Allée du monde, est inspiré du titre de mon livre préféré, “L’Allée du roi” de Françoise Chandernagor, que j’ai lu et relu pendant mes années d'adolescence. Il s’agit d’une biographie romancée de Madame de Maintenon, seconde femme de Louis XIV, née dans la pauvreté dans une prison de Niort. La force de son esprit et sa capacité à suivre son instinct et un chemin de vie pas toujours linéaire lui ont permis d’atteindre des sommets, et de vivre une vie passionnante. Un peu comme l’expatriation, en somme, qui n’est pas toujours une expérience linéaire, mais qui fortifie ! 

 

En quoi votre expatriation a influencé votre parcours professionnel ?

Mon expatriation a, je pense, complètement transformé mon parcours professionnel. Comme évoqué plus haut, je pense qu’en France il aurait été assez difficile pour moi de trouver un emploi intéressant en CDI dans le domaine du marketing avec un diplôme en sociologie en poche. Le fait de partir vivre dans des pays anglophones m’a permis de me rendre compte que les diplômes en sciences humaines n’étaient pas intrinsèquement inutiles, comme on me l'avait souvent répété en France, mais qu’il s’agissait simplement d’une construction culturelle française. Cela m’a donc permis de reprendre confiance en moi et en mes capacités ! Ensuite, cela m’a permis de construire une carrière internationale entre plusieurs pays, et de voyager en même temps. 

 

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La France vous manque-t-elle à des moments ? Pensez-vous à un retour ?

La France me manque, oui, elle reste mon pays, et un pays dont je suis fière, notamment pour ses acquis sociaux, qu’on entend souvent critiqués en France, mais dont on prend pleinement la mesure lorsqu’on vit à l’étranger. De manière plus concrète, ce qui me manque en France, ce sont surtout ma famille et mes amis proches d’avant le départ, et aussi quelques produits français (je suis très gourmande !). Mais je ne pense pas à un retour pour le moment, je suis heureuse dans le pays qui m’a donné ma chance professionnelle et où j’ai construit ma vie d’adulte (et trouvé mon mari, anglais !). Cependant, je ne l'exclus pas, en fonction de ce que le Brexit nous réserve, notamment. Mais comme beaucoup d’expats que je connais, si je devais quitter le Royaume-Uni, cela serait certainement pour aller poser mes valises dans un autre pays… On ne se débarrasse pas si facilement du virus de l’expatriation ! 

 

Le 21 mars prochain, vous co-présenterez deux présentations intitulées « la check-list pour partir à l’étranger » avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères lors du salon « S’expatrier mode d’emploi ». En quoi consistent-elles exactement ?

Ces deux présentations ont pour but d’aider les candidats à l’expatriation à anticiper un certain nombre de choses avant, pendant et après leur expatriation (pour ceux qui reviendront en France). Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères se chargera de parler de démarches importantes de l’ordre, par exemple, de la couverture santé, du respect de la loi locale ou des visas. Pour ma part, j’évoquerai l’angle plus émotionnel, psychologique et culturel de l’expatriation, en citant notamment 5 conseils de cet ordre qui me semblent importants, tirés de mon expérience personnelle et des commentaires et questions des lecteurs de L’Allée du monde. L’idée est d’offrir une check-list complète de préparation à l’expatriation, en évoquant aussi bien l’aspect pratique qu’émotionnel, afin de pouvoir partir vivre à l’étranger préparé sur les deux fronts, qui sont complémentaires ! 

 

Quels sont les principaux conseils que vous donneriez à nos lecteurs qui souhaiteraient s’expatrier ?

Je pense que j’en ai deux. Le premier, et le plus important, est : si l’envie de vivre à l’étranger est réellement là, il faut partir ! Il est important de préparer son départ et de se renseigner, mais aussi de sauter le pas, et de ne pas laisser cette petite voix intérieure, ou parfois celle des proches inquiets, vous décourager. L’envie de vivre à l’étranger, si elle est ancrée en vous, ne disparaîtra pas, et vous regretterez surement dans le futur de ne pas l’avoir fait. Vous pourrez toujours rentrer si vous en ressentez l’envie ! Le second conseil est de ne pas perdre de vue les gens restés en France qui comptent vraiment : vos amis proches, notamment, avec qui il est facile de perdre contact. Vous vous ferez de nouveaux amis à l’étranger, mais il est également important d’entretenir les quelques amitiés les plus précieuses à vos yeux, car la distance, si vous ne faites pas attention, pourrait bien avoir raison d’elles ! 

 

Le 21 mars prochain, ne manquez pas le salon « Journée S’expatrier Mode d’Emploi » à la Cité Universitaire de Paris ! En présence du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères ainsi que de Gabrielle Narcy qui co-présenteront ensemble deux conférences intitulées « La check-list pour partir à l’étranger », avec notamment une partie consacrée à l’expatriation des femmes.

Plus d’informations sur le site expatriermodedemploi.org

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Publié le 15 mars 2018, mis à jour le 22 mars 2018