Les couloirs de la maison de la radio viennent de vivre une cure de jouvence francophone, grâce à 182 jeunes musiciens et choristes venant de 27 pays. En point d’orgue, le concert de l’orchestre des lycées français du monde, donné samedi devant un public époustouflé.
Il est 19h à Paris. La neige tombe à gros flocons sur la maison de la radio. A l’intérieur, des frissons parcourent l’auditorium plongé dans l’obscurité lorsque résonnent les premières notes du célèbre Guillaume Tell de Rossini. Pour sa quatrième édition, le concert de l’orchestre des lycées français du monde a attiré, le 17 mars, près de 1.400 personnes. Deux heures d’un spectacle vibrant conclues par les larmes de la violoniste Candela, élève au lycée français de Madrid, qui peine à contenir son émotion face aux applaudissements chaleureux d’un public conquis. Pour les jeunes musiciens et choristes sur la scène, ce concert est le point culminant d’une aventure musicale et humaine inédite, sous la baguette d’Adriana Tanus et l’engagement sans fausse note de l’AEFE et de Radio France.
« Je voulais rencontrer des gens du monde entier et participer à un projet unique »
Pour Ana, élève au lycée français de Bucarest et violoncelliste en herbe, participer à l’orchestre des lycées français du monde est synonyme de progrès et d’enrichissement. « C’est extraordinaire d’un point de vue humain et j’ai beaucoup évolué comme musicienne au contact des autres ». Cette jeune Roumaine a été sélectionnée pour la deuxième fois au sein de l’orchestre, au terme d’un processus rigoureux. Dès la rentrée 2017, les candidats ont dû envoyer une lettre de motivation ainsi que les vidéos de deux pièces, l’une « technique », l’autre « expressive ». « J’ai mis un temps fou, rien que pour choisir ce que j’allais jouer. C’est beaucoup de pression », raconte Naomi, qui attaque, à Varsovie, sa neuvième année de violon.
Une fois sélectionnés, les élèves se sont retrouvés à Madrid, en janvier, pour une semaine de répétitions suivie d’un concert, sous la houlette d’une cheffe d’orchestre ainsi que cinq musiciens de l’orchestre philarmonique de Radio France. Autant de moments de pratique musicale intense qui créent des liens forts entre les jeunes talents. « En à peine quelques jours, on a l’impression de se connaître depuis toujours, car on a tous un point commun : la passion pour la musique », explique Raphael, élève de quatrième au lycée français de Kopstal au Luxembourg. « Et aussi le français ! Sans cela, on serait incapable de communiquer », renchérit Ana.
Tout faire comme des pros
« Je jouais tout seul dans ma chambre. Je n’étais même pas sûr de voir une fois dans ma vie un concert à Radio France et dire que je vais jouer dedans. C’est génial ! » s’exclame Nathan, élève corniste du lycée français de Bruxelles. Pour Naomi, faire partie de l’orchestre « permet de donner un objectif, car quand on est au lycée, c’est dur de continuer la musique. Le fait de savoir qu’on va rencontrer des gens, retrouver des amis, et travailler avec des musiciens expérimentés, ça nous donne une énergie incroyable ». Le jour J, le trac est à son comble. Preuve en est cette jeune fille appelée à se présenter sur la scène qui en perd sa géographie, en annonçant au public venir de "Shanghai en Italie".
A l'ombre des musiciens, d’autres adolescents ont la pression : les jeunes reporters internationaux, chargés de réaliser des reportages vidéo, Facebook live et retransmission radio. Parmi eux, Fabio, lycéen à Porto, a une maitrise exceptionnelle des outils audiovisuels pour son âge. « C’est un énorme défi mais on apprend beaucoup. On se couche très tard, se lève très tôt. Le soir après le repas, il faut encore s’occuper du montage. C’est un style de vie que j’aime bien et qui me conforte dans mon envie de travailler dans le cinéma ». Pour l’épauler, Fabio peut compter sur cinq autres jeunes reporters, dont Jade, élève de terminale du lycée français de Phnom Penh, qui a déjà couvert d’autres évènements organisés par l’AEFE, tels que les Jeux Internationaux de la Jeunesse. La jeune femme est consciente de l’importance de cette expérience pour ses choix universitaires futurs. « C’est toujours le petit truc en gras sur un dossier qui montre une ouverture d’esprit et une compétence supplémentaire ». Elle n’échangerait sa place à aucun prix.
Se retrouver entre élèves de lycées français à l’étranger, dans un même endroit pour un même évènement, c’est mémorable
De belles retombées pour l’AEFE
« L’administration de Bruxelles nous pousse beaucoup ; je crois qu’ils sont assez fiers », explique Nathan. Beaucoup de proviseurs d’établissements ont d’ailleurs fait le déplacement. Pour Eve Bal Dufrene, responsable communication au lycée français de Phnom Penh, « tous les établissements sont sollicités pour retransmettre le concert auprès de leur communauté scolaire. C’est l’un des évènements de l’année qui a le plus de retombées ». L’orchestre n’est pas seulement une belle vitrine pour l’AEFE, mais l’occasion d’essaimer les initiatives des élèves, une fois rentrés dans leur institution. « Ils repartent avec une grande énergie et volonté d’organiser des évènements », corrobore Claire Bricquel-Gauthier, adjointe au chef de service communication de l’AEFE. « C’est une vraie plus-value dans leur dossier mais c’est aussi, pour nous, très valorisant de côtoyer des élèves de nos établissements aussi matures », confesse-t-elle.
A la fin du concert, les jeunes artistes font voler leur partition. Avec en tête, la joie d’avoir raté des cours mais surtout la ferme volonté de revenir l’an prochain.
Retrouvez l'intégralité du concert, ainsi que d'autres informations sur l'initiative ici.