Un jeune sur cinq est victime de harcèlement scolaire en France. En Europe et Amérique du nord, un adolescent sur six a déjà été victime de cyberharcèlement. A l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, le 9 novembre 2024, retour sur ce fléau dans les écoles françaises, pas seulement dans l’Hexagone mais aussi à l’étranger.
En 2023, la lutte contre le harcèlement scolaire était l’une des priorités de la rentrée du gouvernement Attal. Et pour cause, selon une étude publiée le 7 novembre 2023 un jeune sur cinq est victime de harcèlement scolaire en France. Un chiffre très alarmant, en deçà de l’estimation régulièrement annoncée (un élève sur dix).
En 2024, environ 11 % des adolescents ont été victimes de harcèlement à l’école, et un adolescent sur 6 a été victime de cyberharcèlement.
En 2023, une étude Ifop à la demande de l’association « Marion la main tendue », mettait en lumière une photographie précise du harcèlement en France, basée sur un échantillon de 1001 collégiens et lycéens, 1001 parents d’élèves et 200 enseignants. Précision, les établissements français de l’étranger ne sont pas pris en compte. Dans l’enquête, sont d’abord dénoncés des moqueries et propos vexants (91%), des insultes (89%), mises à l’écart (86%) des actes violents (66%) et des messages en ligne ou par téléphone (53%). 53% des victimes sont au collège, 27% au primaire. Plus récemment, fin mars 2024, une enquête sur le comportement des enfants d’âge scolaire en matière de santé (HBSC), portant sur les formes de harcèlement et de violence entre adolescents en Europe et Amérique du Nord , est publiée. En moyenne, 6% des adolescents se livrent à des actes de harcèlement à l’école. Par ailleurs, environ 11 % des adolescents ont été victimes de harcèlement à l’école, et un adolescent sur 6 a été victime de cyberharcèlement.
Le 6 novembre 2024, l’ancien Premier ministre lance une fondation Faire Face. L’objectif est de faire mieux travailler ensemble les acteurs engagés dans la lutte contre le harcèlement. Cependant, cette fondation ne concerne pas les établissements d’enseignement français à l’étranger. Qu’en est-il d’ailleurs de la lutte contre le harcèlement à l’étranger ?
Un dispositif unique de signalements des actes de violence, discrimination, harcèlement et agissements sexistes, a été créé, “opérationnel début 2025”
Les mesures de lutte de l’AEFE contre le harcèlement à l’étranger
Il n’existe pas de chiffres officiels concernant le harcèlement dans les établissements français à l’étranger. Selon l’AEFE, “Les établissements n’ont pas d’obligation de remonter de manière systématique les situations de harcèlement, notamment lorsqu’ils parviennent à le résoudre.” Ce qui ne veut pas dire que le fléau n’existe pas.
Le critère du bien-être est d’ailleurs dorénavant « gravé dans le marbre » de l’homologation des établissements français de l’étranger. Interrogée en 2023, l’AEFE met un point d’honneur à lutter contre le harcèlement "Le déploiement du programme PHARe, mis en place par le ministère de l’Education, concerne aussi les établissements à l’étranger" explique Claudia Scherer-Effosse, directrice générale de l’AEFE. Il comporte trois volets : la mesure du climat scolaire, la prévention et la prise en charge des situations de harcèlement. Concrètement, les établissements peuvent déployer des enquêtes pour réaliser le diagnostic du climat scolaire.
Début 2024, une nouvelle étape est franchie avec l’annonce de la création d’un dispositif unique de signalements des actes de violence, discrimination, harcèlement et agissements sexistes. Cet outil “opérationnel début 2025” selon l’AEFE, va permettre de “renforcer la sensibilisation de ses personnels en matière de prévention des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles au travail (VSST), d’accueillir la parole des personnes à l’origine de signalements dans des conditions optimales et adaptées, et d’assurer un traitement efficace des faits signalés.” selon le communiqué officiel.
Les établissements français se mobilisent à l’étranger
Bien sûr, en France ou à l’étranger, élèves, parents et enseignants mettent de nombreuses actions en place et la journée nationale de lutte contre le harcèlement est un porte-voix idéal pour se faire entendre. A l’étranger, de très belles initiatives sont prises comme en Uruguay par exemple, où des vidéos de formation de personnel sont mises en ligne, au Costa Rica, où un programme poussé de lutte contre le harcèlement scolaire a été mis en place, et encore en Bolivie, où un atelier de sensibilisation sur le harcèlement pour les parents du secondaire a vu le jour.
Les parents jouent un rôle essentiel contre le harcèlement
Selon l’étude Ifop de 2023, 73% des répondants considèrent que les parents sont les premiers à être informés et ceux qui viennent le plus en aide en cas de harcèlement. Ils interviennent sous forme de réconfort émotionnel (73%), d’accompagnement sur les moyens d’affronter ou se défendre (51%) ou pour les démarches à suivre (53%). Les points d’alerte sont principalement l’isolement, le fait que l’enfant s’efface et la détérioration des résultats scolaires. Mais il y a aussi des signes de perte de sommeil, de tristesse constante, de maux de tête ou de ventre, ou encore de changement radical d’habillement. En situation d’expatriation, ces signes peuvent être aussi dû à un changement d’environnement ou d’école, ce qui ne facilite pas l’identification d’un quelconque harcèlement scolaire.
A SAVOIR - Le harcèlement scolaire est considéré comme un délit depuis mars 2022. La loi est très claire, « aucun élève ou étudiant ne doit subir de faits de harcèlement résultant de propos ou comportements, commis au sein de l'établissement d'enseignement ou en marge de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d'apprentissage. Ces faits peuvent être constitutifs du délit de harcèlement scolaire prévu à l'article 222-33-2-3 du code pénal. Le harcèlement scolaire est puni jusqu’à 10 ans d'emprisonnement et 150.000 € d'amende dans les cas les plus graves à savoir si les faits ont conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider.