A l’occasion de la rentrée scolaire 2024, les députés des Français établis hors de France, Eléonore Caroit, Marc Ferracci, Frédéric Petit, Stéphane Vojetta, Caroline Yadan et prennent la parole sur lepetitjournal.com pour aborder les enjeux et leurs actions liées à l’éducation.
En Turquie, nos concitoyens binationaux demeurent très inquiets en raison de la décision du gouvernement turc d’interdire toute nouvelle inscription d’élève binational ou turc dans nos deux écoles françaises
Comment s’est passée la rentrée à l’étranger ?
Les députés confirment une rentrée scolaire qui s’est bien déroulée “sous le soleil de la fin de l’été dans nos 24 établissements français d’Espagne, du Portugal et d’Andorre” selon Stéphane Vojetta, député de la 5e circonscription des Français établis hors de France. “Aux parents des élèves qui font leur première rentrée dans un établissement AEFE, je les félicite pour leur choix qui est également une volonté d’investir dans l’avenir de leurs enfants. Ils rentrent dans la grande famille de l’enseignement français à l’étranger.”
En Allemagne, l'entrée des nouveaux élèves de CP passe par une cérémonie émouvante avec un accueil effectué par les classes supérieures
Frédéric Petit, quant à lui, rappelle que “la rentrée scolaire s'étend de la mi-août avec la reprise progressive de certaines régions en Allemagne jusqu'à début septembre avec des pays comme la Bulgarie et la Roumanie. En Allemagne, l'entrée des nouveaux élèves de CP passe par une cérémonie émouvante avec un accueil effectué par les classes supérieures et la remise de Schultüten ("sacs d'école" remplis de petites surprises).” raconte le député de la 7ème circonscription.
Dans la 2ème circonscription, la rentrée scolaire concerne les établissements suivant le calendrier nord, à savoir le Mexique et la plupart des pays d'Amérique Centrale et des Caraïbes - Eléonore Caroit, députée des Français de cette zone, prévoit de se rendre au Mexique “pour accompagner la rentrée des Français de Mexico, un moment fort pour les élèves, les familles et toute la communauté éducative.”
Marc Ferracci, député de la 6e circonscription (Suisse et Liechtenstein), tient à rassurer les Français de l'étranger : "un nouveau Premier ministre a été nommé et les ministres en charge de l'éducation nationale et des Français de l'étranger vont l'être également rapidement. Nous allons rapidement pouvoir nous mettre au travail et, me concernant, je vais pouvoir faire remonter les problématiques rencontrées par nos compatriotes franco-suisses en matière d'éducation."
Dans la 8ème circonscription, la députée élue en juillet 2024 a eu de bons échos. “Néanmoins, en Turquie, nos concitoyens binationaux demeurent très inquiets en raison de la décision du gouvernement turc d’interdire toute nouvelle inscription d’élève binational ou turc dans nos deux écoles françaises (Pierre Loti à Istanbul et Charles de Gaulle).” explique Caroline Yadan. “Une solution a été rapidement trouvée pour préserver la scolarité des élèves déjà inscrits. En revanche, les discussions se poursuivent quant à la finalisation d’un accord de coopération plus global.”.
Les nouveaux inscrits turcs interdits dans les écoles françaises en Turquie ?
J’ai conscience que les frais de scolarité de ces établissements, mais aussi les frais de transports, constituent souvent un obstacle pour de nombreuses familles françaises
Bourses, frais scolaires… une rentrée non sans défis
Les augmentations de frais de scolarité sont un sujet central de la rentrée selon les représentants des Français de l’étranger. Frédéric Petit le rappelle : “je continue à prêter une attention particulière aux dix établissements gérés par la Mission Laïque Française en Espagne, après quelques mois de tensions liées aux augmentations brutales de frais de scolarité”.
Consciente de cette préoccupation dans sa circonscription, Caroline Yadan, plaide pour un soutien accru des élèves via les bourses scolaires : “J’ai conscience que les frais de scolarité de ces établissements, mais aussi les frais de transports, constituent souvent un obstacle pour de nombreuses familles françaises, qui sont parfois contraintes de trouver un établissement moins onéreux, parfois au détriment de l’enseignement du français. (...) Nous devons impérativement continuer à soutenir les familles, notamment dans l’attribution des bourses scolaires ou la prise en charge de frais annexes.”
Même volonté du côté de Stéphane Vojetta, qui déclare s’engager à soutenir l’accès aux bourses scolaires : “Cela demeure un enjeu central et je continuerai à prendre part aux Conseils Consulaires de Bourses pour être au plus près de cette problématique. À Paris, je lutterai pour que les enveloppes budgétaires qui financent nos établissements AEFE et les bourses scolaires soient renforcées ou tout au moins sanctifiées dans le difficile contexte budgétaire qui nous attend.” Frédéric Petit souhaite rappeler aux familles que les bourses scolaires AEFE existent et bénéficient d’un budget en hausse : “Même si la procédure est complexe, le jeu en vaut la chandelle”
Alors que les Français représentent parfois moins de 10 % des effectifs de ces écoles, je milite pour que les élèves français aient une priorité d'accès dans les lycées français à l'étranger.
Eléonore Caroit est favorable à la mise en place de tarifs préférentiels "pour permettre aux familles françaises les plus modestes mais qui ne sont pas éligibles aux bourses d'y accéder”. L’élue accompagne d’ailleurs chaque semestre des familles boursières afin que tous les élèves français puissent avoir l'opportunité d'étudier dans ces établissements : “Alors que les Français représentent parfois moins de 10 % des effectifs de ces écoles, je milite pour que les élèves français aient une priorité d'accès dans les lycées français à l'étranger.”
Frédéric Petit, député de la 7e circonscription rappelle son action depuis 2017 pour une réorganisation de l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Étranger
L’AEFE, un réseau à réorganiser ?
Les réseaux AEFE sont d’une grande richesse, témoigne Eléonore Caroit : “Ces lycées ne se contentent pas d'offrir une éducation de haut niveau ; ils sont aussi des lieux d'échanges culturels riches, où les élèves grandissent avec une véritable ouverture internationale. J'ai moi-même fait toute ma scolarité au Lycée Français de Saint-Domingue, et j'en garde d'excellents souvenirs. Encore aujourd'hui, je suis en contact avec de nombreux alumni de mon lycée.”
Frédéric Petit, député de la 7e circonscription rappelle son action depuis 2017 pour une réorganisation de l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Étranger : “Je suis convaincu qu'aujourd'hui la gestion entre les Établissements en Gestion Directe (EGD) d'une part, et celle entre les établissements conventionnés et partenaires d’autre part, n'est pas adaptée aux enjeux. Elle brouille la mise en place de la stratégie de développement et le contrôle des moyens de l'État, tant pour le Parlement, pour les associations engagées, que pour les familles des EGD. C'est bien l'ensemble des établissements du réseau qui assument les missions. Je présenterai des amendements au projet de loi de finances à nouveau cette année en ce sens.” déclare-t-il.
Un maintien de la langue française essentiel
Stéphane Vojetta souhaite encourager les familles à maintenir le lien culturel et linguistique, au-delà du réseau AEFE. Dans ce sens, “j’ai participé début septembre 2024 au rassemblement des associations FLAM de la Péninsule ibérique afin de mieux connaître leurs projets et préoccupations actuelles, et de trouver la meilleure manière de les soutenir dans leur développement. Il faudra notamment s’assurer qu’elles aient accès à tout le soutien public et notamment aux subventions auxquelles elles ont droit sans encombres administratives excessives.”.
Même priorité pour Caroline Yadan, qui considère que la langue maternelle est un atout à conserver dans le parcours éducatif d’un élève, ajoutant que le réseau associatif FLAM est un formidable dispositif de soutien extrascolaire à la langue française. “J’œuvrerai pour favoriser son expansion ou son maintien au sein des pays de ma circonscription. Je sais que certaines villes, par exemple, en Israël, rencontrent des difficultés de mise en œuvre de ce programme.”
Stéphane Vojetta envisage de présenter une proposition de loi pour renforcer l'interdiction de l’usage de téléphones mobiles dans les collèges de France et de l’étranger.
Harcèlement, accès aux stages…les actions de nos élus
A l’heure où 50.000 élèves français vont expérimenter l’école sans téléphone dans l’Hexagone, Stéphane Vojetta envisage de présenter une proposition de loi pour renforcer cette interdiction dans les collèges de France et de l’étranger. Le député a également écrit à l’AEFE “pour réclamer la mise en place d’un dispositif spécifique de signalement de situation de harcèlement subie par des élèves de nos lycées français de l’étranger.” Marc Ferracci insiste sur le fléau du harcèlement : "Je veux dire à nos jeunes de ne jamais renoncer à s'exprimer. Nous le savons, de nombreux élèves souffrent de situations personnelles difficiles ou sont victimes de harcèlement scolaire. Los professeurs et les membres du personnel de l'établissement scolaire seront toujours là pour les écouter et les aider !"
Eléonore Caroit veut faciliter notamment l’accès aux stages pour les établissements qui suivent le calendrier sud - dont la rentrée scolaire est en janvier -
Eléonore Caroit, de son côté a décidé de s’investir dans les liens entre l’école et le monde professionnel : “Je travaille au développement de partenariats entre les Chambres de Commerce et d'Industrie et l’AEFE afin que les entreprises françaises implantées à l'étranger puissent offrir des stages aux élèves.” La députée veut faciliter notamment l’accès aux stages pour les établissements qui suivent le calendrier sud - dont la rentrée scolaire est en janvier - car les élèves qui achèvent leur année en décembre doivent attendre septembre pour leurs études : “Ayant fini le lycée, ces élèves ne peuvent pas disposer de conventions de stage durant cette période de transition. Je suis en contact avec les différents acteurs pour remédier à cette situation."
Ne jamais renoncer à la soif d'apprendre, de découvrir de nouvelles choses et de s'interroger
Des déplacements et une présence auprès des Français de l'étranger
En déplacement en septembre et octobre, les députés se veulent présents pour les Français de leur circonscription, à l’instar de Caroline Yadan qui se rend à Chypre, en Italie et en Israël en septembre, Marc Ferracci qui se rend à l'école primaire française de Genève, pour échanger avec la direction, le corps enseignant et les élèves, Stéphane Vojetta qui suit de près le rapprochement annoncé entre le Lycée Français de Séville et le Groupe Odyssey, Eléonore Caroit qui se rend au Mexique et Frédéric Petit qui met un point d’honneur d’assister tous les ans à la rentrée scolaire des écoles françaises de la 7ème circonscription, en Allemagne, en Europe centrale et dans les Balkans.
Et, pour ceux qui vivent leur toute première rentrée scolaire à l'étranger ? "Je leur dirais tout simplement de profiter pleinement de leur scolarité. De ne jamais renoncer à la soif d'apprendre, de découvrir de nouvelles choses et de s'interroger" conclut Marc Ferracci.