Marlène Schiappa et ses homologues du G7 ont signé, vendredi 10 mai à Paris, une déclaration commune pour « faire de l'égalité femmes-hommes une cause mondiale ». Des engagements jugés encore insuffisants par la société civile.
« Aucun pays au monde n'a atteint l'égalité femmes/hommes, et aucun ne peut l'atteindre seul », a déclaré la secrétaire d’Etat française chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, lors de la cérémonie de signature qui a clôturé une réunion des ministres organisée les 9 et 10 mai à Paris et Bondy. Pendant 48h, Marlène Schiappa et ses homologues du G7 ont planché sur les moyens de lutter à leur niveau contre différentes inégalités de genre, depuis la discrimination au travail jusqu’à l’alphabétisation des femmes sur le continent africain, en passant par les violences sexuelles.
La réunion ministérielle a pu compter sur l’expertise du Conseil consultatif pour l’égalité entre les femmes et les hommes (CCEFH), institution créée en 2017 par le Canada lors de sa présidence au G7 et rassemblant des experts et personnalités de haut-niveau, membres de la société civile internationale, et artistes engagés tels que l’actrice Emma Watson. « Nous exhortons les leaders du G7 à avoir le courage d’adopter, financer et mettre en œuvre le cadre législatif le plus ambitieux pour créer un environnement digne pour tous les êtres humains », a appelé cette dernière à la tribune parisienne.
Terribles statistiques
Une femme sur trois victime de violences de son partenaire et une fille mineure mariée de force toutes les deux secondes dans le monde, une femme ou une fillette tuée tous les deux jours et demi au Canada… « Les statistiques sont terribles » s’est lamentée la baronne Williams of Trafford, ministre britannique à l’égalité hommes-femmes, faisant écho aux propos de Phumzile Mlambo-Ngcuka, secrétaire générale adjointe de l’ONU et membre du CCEFH. « Il y a un recul du droits des femmes, déplorait la femme politique africaine. A nous de lutter contre ce recul. Et si les pays du G7 ne peuvent pas tout faire, ce sont les seuls à pouvoir faire passer des lois ».
Bouquet législatif
Lors de la réunion, le CCEFH a dévoilé auprès des ministres du G7 le très attendu « bouquet législatif » recensant les meilleures propositions de loi féministes autour du globe. Parmi les priorités identifiées, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, le soutien à l’éducation des femmes, leur émancipation économique, notamment en Afrique via le soutien à l’entrepreneuriat, ainsi que la lutte contre le cyber-harcèlement.
A Marlène Schiappa et ses homologues la charge de mettre en place au moins une loi tirée de ces propositions. Comment s’assurer que cette décision sortira de sa dimension symbolique pour imprégner les appareils législatifs nationaux ? Le CCEH ne disposant d’aucun pouvoir de contrôle sur le respect des engagements des Etats, à la table des négociations, de nombreux militants de la société civile sont sceptiques.
« Ne pas se contenter de déclarations de principes »
« Il est impératif d’établir un plan d’action, des échéances claires, d’allouer des financements et d’établir des mécanismes partagés de redevabilité afin que ces lois soient réellement appliquées » interpelle la fédération féministe Women 7.
Déplorant l’absence des droits sexuels et reproductifs dans la déclaration commune signée par les ministres, symbole d’ « un recul permanent de certains pays sur les droits des femmes à disposer de leur corps », Women 7 appelle les Etats à ne pas se contenter des déclarations de principes. « Si la France veut vraiment faire de l’égalité femmes-hommes une grande cause mondiale, cette ministérielle n’a pas fait ses preuves. Emmanuel Macron a une ultime chance de rectifier le tir lors du Sommet des leaders à Biarritz en annonçant davantage d’actions concrètes en faveur des droits des femmes », a déclaré l’organisation dans la foulée du sommet.
Les ambitions françaises de mettre en place une diplomatie féministe paraissent fortement contrariées par l'épreuve du terrain, ne serait-ce que dans les rangs des hauts fonctionnaires de l'Hexagone. La nouvelle vague de nominations des ambassadeurs se fera, cet été encore, au détriment des femmes, lesquelles ne forment que 30% de ce corps diplomatique.