Christophe Frassa, sénateur des Français établis hors de France, s’est entretenu avec nous sur l’importance des élections consulaires, le rôle déterminant des conseillers des Français de l’étranger et sur la vision défendue par Les Républicains.
Les conseillers ont été au cœur de la crise
Pourquoi est-il important pour les Français de l’étranger de prendre part à ces élections consulaires ?
Les élections consulaires sont avant tout une élection permettant aux Français de l’étranger de choisir leurs représentants pour six ans et de pouvoir émettre un choix sur les propositions que vont leur faire les différents candidats qui vont se présenter. C’est d’abord une élection locale avec des personnalités qui sont impliquées dans la vie des 130 circonscriptions. Elles portent dans leur candidature une connaissance de la communauté française et ses aspirations auprès des pouvoirs publics. L’essence même de la représentation consulaire est d’avoir des élus locaux pour les Français établis hors de France, et donc d’avoir un échange entre les pouvoirs publics et la population française.
Pendant cette année difficile, les conseillers ont été auprès des communautés françaises et ont été au cœur de la crise. En tant que législateurs, nous avons essayé de répondre aux attentes au Parlement. Sans les alertes que les élus pouvaient signaler, nous n’aurions jamais pu corriger ou orienter le gouvernement. Les conseillers des Français de l’étranger sont un maillon essentiel du lien avec les Pouvoirs publics.
Tout système de vote repose sur une donnée essentielle : la confiance
Pensez-vous que le vote en ligne permettra une mobilisation plus importante des électeurs ?
Depuis sa mise en place, nous souhaitons tous que le vote en ligne mobilise le plus possible la communauté française. Il est un moyen supplémentaire d’expression du suffrage. Nous plaidons pour que tous les moyens d’expression soient autorisés. Nous regrettons que le vote par correspondance ne soit plus en vigueur, car dans une situation comme celle que nous traversons aujourd’hui, il est dommage de ne pas se donner tous les moyens pour renforcer les possibilités de vote. La France a ce tabou vis-à-vis du vote par correspondance. Nous aurions pourtant pu le réintroduire pour ces élections, quitte à ne l’étendre qu’à l’ensemble des circonscriptions qui ont un système postal efficace.
Le vote en ligne devient un procédé de démultiplication de la participation. Il a quand même eu de sérieux accrocs dans son organisation avec la mise en liquidation de SCYTL et la reprise de cette société. Tout système de vote repose sur une donnée essentielle : la confiance. Le vote par correspondance a eu ses problèmes mais pour les Français de l’étranger, lorsque le vote postal a eu lieu, il n’a jamais conduit à de la fraude massive et avérée, même s’il a subi quelques contestations à propos des modalités opératoires. Nous espérons que le vote en ligne aura une adhésion des électeurs puisqu’il reposera également sur un système de confiance.
Comment s’organise cette campagne au sein des Républicains ?
Cette campagne s’organise depuis longtemps car elle avait démarré l’année dernière avant le report des élections à mai 2021. Le parti met à profit cette année que nous qualifions de réflexion plutôt que de suspension pour pouvoir peaufiner et rester à l’écoute des Français de l’étranger. C’est une élection locale de Français qui sont avant tout des élus du quotidien. Ils sont à l’écoute et connaissent la réalité puisqu’ils se trouvent sur place. Avec cette année si particulière, ils ont pu nourrir leurs listes des attentes de leurs communautés et auxquelles ils essaieront de répondre pendant leur campagne.
Nous travaillons directement avec les élus locaux en lien avec ce qu’ils font dans leur pays respectif. Cette campagne est un travail collectif, pour pouvoir proposer des réponses qui soient tout à fait adaptées à la réalité, puisque ce que vit un Français à Buenos Aires est bien différent de ce que vit un autre Français au Togo.
Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français de l’étranger aujourd’hui ?
Les Français de l’étranger ont un défi en commun : être considérés comme une seule et même collectivité. Trop souvent, ils sont perçus comme difficiles à identifier. Nous parlons rarement des « Français de l’étranger », mais plus souvent des Français d’Angleterre ou d’Amérique par exemple. Or, les Français de l’étranger représentent 3,4 millions de citoyens, soit le cinquième département de France en termes de population.
Le président et le bureau du Sénat ont donné leur accord pour créer, à l’initiative de ma collègue Jacky Deromedi, un groupe d’études sur les Français de l’étranger. Quand nous avons lancé les adhésions à ce groupe, évidemment les 12 sénateurs des Français de l’étranger y ont participé, mais aujourd’hui nous sommes presque 45 à y avoir adhéré. Il y a un réel intérêt pour travailler collectivement sur les besoins et les attentes des Français de l’étranger.
Les conseillers des Français de l’étranger ont leur mot à dire !
Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme pour ces élections ?
Nous nous orientons sur des grands thèmes comme l’enseignement, la fiscalité, la protection sociale ou encore la sécurité. Évidemment, les questions sanitaires sont sur le devant des priorités partout dans le monde.
Depuis trois ans, le gouvernement nous a particulièrement « soignés », notamment sur l’enseignement -comme l’a souligné dans son rapport budgétaire mon collègue Ronan Le Gleut- avec des suppressions de postes pour les enseignants. Les conseillers des Français de l’étranger ne font pas partie d’une instance délibérative mais ils ont leur mot à dire ! Ils conseillent les Pouvoirs publics. Cela s’applique par exemple aux bourses. Nous entendons dire « des bourses pour plus », mais l’enveloppe budgétaire reste la même. Cela aboutit à avoir des familles, gagnant toujours la même chose et rencontrant des difficultés, qui voient leurs quotités baisser. Il appartient aux conseillers des Français de l’étranger d’examiner les dossiers de bourse et parfois de trancher. Ils ont donc un rôle déterminant. Les conseillers des Français de l’étranger sont également en première ligne sur la fiscalité. Ils sont à la fois des élus et des contribuables.
Les grands oubliés de tous les programmes d’aides restent les Français qui ont créé une entreprise à l’étranger. Ces entrepreneurs français à l’étranger participent au rayonnement de la France. Généralement, ils créent des emplois dans l’Hexagone et de la richesse pour le pays, car ils ne tournent pas le dos à la France. Il faut passer au-delà de la réflexion administrative et venir à leur aide !