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La paix pour Paris 2024 : la “trêve olympique” est-elle possible ?

À moins de 70 jours du début des Jeux olympiques, les conflits armés sévissent aux portes de l’Europe et ne cessent d’occuper notre actualité. L’événement sportif planétaire a pour coutume de fédérer le monde entier et faire la promotion des droits de l’Homme. Paris 2024 peut-il alors provoquer le temps de la paix ?

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Écrit par Teddy Perez
Publié le 13 mai 2024, mis à jour le 7 juillet 2024

Un peu d’histoire : aux origines de la “symbolique” trêve olympique

Telle que la présente le Comité International Olympique, la tradition de la "Trêve olympique", ou "Ekecheiria", fut instituée dans la Grèce antique. Au IXe siècle avant J.-C., il y a eu la réalisation de la signature d'un traité entre trois rois - Iphitos d’Élide, Cléosthène de Pisa et Lycurgue de Sparte – afin que les athlètes et spectateurs de ces cités, presque constamment en guerre, puissent participer en toute sécurité aux Jeux Olympiques.

Prenant en compte la nouvelle réalité politique dans laquelle s’inscrivent le sport et les Jeux Olympiques, le CIO a décidé de faire revivre cette Trêve olympique lors des Jeux olympiques modernes, à partir de 1992. Son objectif est de “préserver les intérêts des athlètes et du sport en général” ainsi que “d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation”.

Dans le cadre de la promotion de cette paix par le biais du sport et de l’idéal olympique, le Centre International pour la Trêve Olympique (CITO) a été ainsi créé en juillet 2000 à l’initiative conjointe du CIO et de la Grèce. Son siège se situe à Athènes, et il dispose d’un bureau symbolique à Olympie.

 

“La trêve olympique, elle nous fait rêver mais elle a été violée trois fois par la Russie”

Pas seulement une histoire de sport, la trêve olympique s’est installée à l’agenda des Nations unies. Ainsi, à l’occasion de chaque édition des Jeux olympiques d’été comme d’hiver, mais aussi des Jeux paralympiques, un appel solennel est lancé par le Président de l'Assemblée générale de l’ONU. Réalisée tous les deux ans, la prochaine déclaration de l’ONU par l’actuel Président de l’Assemblée générale des Nations unies Dennis Francis devrait être promulguée quelques jours avant le début des JOP de Paris 2024.

Fin 2023, la trêve olympique est déjà au cœur des préoccupations des Nations unies avec l’adoption de sa résolution relative pour Paris 2024 par l’Assemblée générale de l’ONU. Présentée par Tony Estanguet (président du comité d’organisation) et saluée par Thomas Bach (président du CIO), la résolution relative est adoptée lors de la 78e Session de l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU). Mais à la différence des précédentes adoptions, cette dernière s’est réalisée pour la première fois de son histoire à la suite d’un vote forcé par la Russie. Dans un contexte de forte tension entre la Russie et l'Ukraine, la trêve finalement est adoptée à une écrasante majorité de 118 voix pour, 2 abstentions (dont le scrutin russe) et aucune voix contre.

 

tony estanguet appel trêve olympique à l'ONU
© CIO / Greg Martin. Thomas Bach et Tony Estanguet dans la salle de l'Assemblée générale des Nations Unies le 27 novembre 2023.

 

Les Ukrainiens et les Russes déposeront-ils les armes du 26 juillet au 15 septembre ? L’armée israélienne et le Hamas stopperont-ils aussi leurs attaques entre le début des Jeux olympiques et la fin des Jeux paralympiques ? Nous n’avons pas les réponses mais il est difficile d’être optimiste. Quelques jours avant le ramadan 2024, le 10 mars dernier, une trêve envisagée à Gaza n’avait finalement pas eu lieu.

Quant à la Russie de Vladimir Poutine, elle pourrait poursuivre sur sa lignée en rompant l’accord de trêve olympique de l’ONU… pour la quatrième fois. “Elle nous fait rêver la trêve olympique, elle a été violée trois fois par la Russie.” rappelle la journaliste de sport Anne-Laure Bonnet. La dernière en date a été commise quatre jours après la fin des Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février 2022, avec l'envahissement de l’Ukraine.

Invitée du colloque 'Paris 2024 : enjeux sociétaux et géopolitiques' organisé par l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), Anne-Laure Bonnet a pris part à la table-ronde 'Le sport comme instrument de puissance' le vendredi 3 mai. “Le pouvoir du sport, c’est le pouvoir des athlètes” présente-t-elle en guise d’introduction. Dans ses exemples de sportifs qui “se sont très bien servis de ce pouvoir” : le footballeur Didier Drogba qui a appelé à poser les armes lors de la guerre civile en Côte d’Ivoire ou Megan Rapinoe et sa lutte incessante pour les droits des femmes. Pour les JOP 2024, elle songe déjà “aux athlètes russes et ukrainiens qui vont se rencontrer, tout comme les athlètes israéliens et palestiniens.” Si tel est le cas, peu importe la discipline, nul doute que les images feront le tour du monde en guise de plébiscite pour la paix. Le sport qui rassemble, qui fait abstraction de toute idéologie etse présente comme forme de médiation entre les nations en tension sont des valeurs prônées par l’Olympisme. Mais dans l’histoire récente, cette tradition antique se révèle utopique.

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