Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Cécile Richard, candidate Volt pour la 7ème circonscription (Allemagne, Albanie, Autriche, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Hongrie, Pologne, Roumanie...), a répondu à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Cécile Richard, j’ai 40 ans. Je suis née au Havre, dans une famille d’officiers de marine marchande, j’ai grandi principalement à Tours et la grande majorité de mes proches se trouve désormais en Bretagne. Je suis diplômée de Sciences politiques et je travaille en tant que chargée de ressources humaines dans un think tank international en pointe dans le développement durable et la sobriété. J’habite à Berlin depuis maintenant douze ans, mon conjoint est allemand, je l’ai d’ailleurs rencontré lorsqu’il prenait des cours à l’Institut français. Nous avons deux petites filles bi-nationales.
Je suis arrivée à Berlin après quelques années passées en Turquie dans le cadre de mon travail, au Service culturel de l’Ambassade de France. Je pensais y rester trois mois, j’y suis maintenant depuis de longues années. Une vraie aventure européenne !
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Je suis consternée et attristée de voir que l’offre politique en France peine à se renouveler et que les idées nouvelles n’arrivent pas à émerger. Cela met clairement notre démocratie en danger. Je ne me retrouve plus depuis longtemps dans le clivage gauche-droite et je souhaite clairement privilégier le pragmatisme en politique. Étant Française de l’étranger, j’ai donc décidé de rejoindre le Parti Volt il y a près de deux ans, et j’en suis actuellement la co-présidente.
C’est donc non seulement un honneur, mais aussi une évidence de porter haut et fort les couleurs de Volt pour ces élections législatives, et de proposer à nos concitoyens une vision paneuropéenne pour aborder les problèmes d’aujourd’hui. Nous ne sommes pas des idéalistes, nous ne sommes pas des « eurobéats », nous sommes des Européens responsables : fermement convaincus que l’union fait la force, au-delà de nos frontières, et qu’une Europe fédérale est indispensable pour répondre à ces défis. En premier lieu : le changement climatique, la montée des inégalités ou encore les menaces qui pèsent sur l’Europe.
Quel est votre rapport avec cette circonscription ?
J’y réside et y travaille depuis douze ans, et je connais très bien les défis que peuvent représenter la recherche d’un emploi, d’un logement, voire même l’accès aux soins. A Berlin, j’ai déjà travaillé en tant que Freelance, dans une start-up, dans un grand groupe allemand et aujourd’hui dans une ONG internationale. Les différences de culture au travail, mais aussi les enjeux en termes de protection sociale n’ont plus aucun secret pour moi. Mes deux petites filles profitent à la fois des cultures françaises et allemandes, souvent aux antipodes en termes d’éducation. Et je suis devenue incollable sur les démarches administratives à réaliser en Allemagne, qui sont loin d’être faciles.
En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français·es de l'étranger ?
J’ai eu plusieurs vies à l’étranger, ce qui me permet de comprendre la complexité de cette population et des défis auxquels elle peut être confrontée.
En Turquie, j’ai pu travailler sur les enjeux de coopération culturelle et linguistique. Le défi était que des établissement scolaires de langue française qui ne font pas partie de l’AEFE puissent eux aussi proposer une offre d'éducation en français cohérente avec celle de l’Education nationale. Ces enjeux sont pour moi d’autant plus importants que j’élève désormais des petites Françaises dans une famille bilingue à l’international.
En changeant de pays, je me suis également rendue compte des différences existant en matière d'accès aux soins mais aussi en termes de recherche d’emploi. Je suis arrivée en Turquie avec un contrat de travail français et un fort soutien du réseau sur place. Je suis ensuite repartie de zéro en Allemagne : je me suis alors confrontée seule aux réalités du marché de l’emploi local, à des taux d’imposition ou de charges sociales injustement élevés pour les petits entrepreneurs. Ce sont des choses très compliquées à comprendre pour les Français et Françaises qui vivent en métropole.
Comment voyez-vous le mandat de députée ?
Je vois ce mandat comme une aventure passionnante entre la France et notre circonscription. Je le vois comme une mission particulière : celle de réformer un système politique français vieillissant en profondeur pour apporter aux Français une offre politique nouvelle et innovante. Je le vois comme l’aboutissement de longues années de réflexion sur le terrain que je souhaite désormais porter au niveau politique pour gommer les injustices et les difficultés auxquelles font face les Français de l’Etranger. Comment améliorer et protéger le quotidien des ressortissants français qui partent refaire leur vie en Europe ? Comment apporter une réponse européenne au changement climatique, à la crise de la démocratie, au décrochage économique ? Comment mieux connecter nos États européens ?
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français·es de votre circonscription ?
La 7ème circonscription des Français de l’étranger est composée majoritairement de pays faisant partie de l’Union européenne. Ce ne sont pas seulement des expatriés : il y a aussi beaucoup de personnes qui, tout comme moi, ont vu les évolutions de l’Union européenne avoir un impact direct sur leur vie, notamment au travers de la libre circulation des personnes. Nous avons pu du jour au lendemain refaire notre vie dans un nouveau pays de résidence, sans en être ressortissant. Et sans vivre en France pour autant.
Il existe également des Français expatriés pour lesquels il est important que les services proposés à l’étranger soient en adéquation parfaite avec le système national pour favoriser leur retour, notamment en matière d’éducation.
Une autre priorité doit être de fluidifier l’accès à l'emploi des français, en tenant compte des réalités du terrain, et en assurant le suivi de leur carrière en cas d’éventuel retour. Il faut également veiller à ce que l’accès à l'enseignement français soit accessible et suffisant pour toutes les familles, même celles qui font le choix ou qui doivent, faute de place ou de moyens, renoncer à une scolarité dans les établissements de l’AEFE.
Il est également crucial de continuer à travailler sur la mobilité et les trajets en train, notamment transnationaux, en proposant la création d’une plateforme centrale européenne permettant de coordonner les différentes informations sur les trajets ferroviaires transnationaux. Souvent, les disponibilités d’horaires s’arrêtent aux frontières.
J’ai enfin une pensée pour les Françaises et Français résidant dans les États d’Europe du Sud-Est qui ne font pas encore partie de l’Union européenne. Il est temps de relancer la politique d’élargissement de l’Union européenne et d’en faire un processus transparent, efficace, proportionné et juste. J’en porterai l’urgence à l’Assemblée nationale.
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Nous avons une petite équipe de campagne composée de quelques volontaires. Cependant, faire une campagne totalement inattendue en trois semaines est incroyablement complexe. Nous ne sommes pas des politiques à temps plein, mais travaillons tous et cherchons des subventions en parallèle : chaque candidate ou candidat doit financer les bulletins de vote, les circulaires et les affiches – ce qui bien entendu crée là encore une grande inégalité entre les nouveaux partis, et ceux qui sont déjà établis. Nous essayons donc de jongler au mieux avec les préoccupations du quotidien – le rhume de la petite dernière, les deadlines au travail, les vacances qui arrivent… – et les impératifs de la campagne. On donne tout au maximum car nous voyons et croyons en l’importance de Volt pour ces élections ! À plus grande échelle, nous espérons pouvoir compter sur le soutien de Volt Allemagne et de Volt Europa, dont Volt France est un chapitre national.
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?
Nous commencerons par revoir l’architecture du système politique français en profondeur, notamment en introduisant le vote à la proportionnelle et le bulletin unique, pour favoriser l’arrivée de nouvelles idées et de nouveaux projets politiques.
Je serai personnellement attachée à suivre et améliorer la politique de l’emploi et du marché du travail, un sujet qui m’a toujours passionnée. En tant que chargée de ressources humaines, cela fait clairement partie de mon ADN, car je passe mes journées à déjouer des complexités administratives dues aux différentes lois nationales ! Dans ce contexte, je me pencherai notamment sur le rapport entre emploi et parentalité, qui concerne souvent les femmes en premier lieu. De ce côté là, je peux compter sur de nombreux succès et de belles idées venues de toute l’Europe.
Concernant les Français de l’étranger, je souhaite soutenir les familles composées de parents de nationalités différentes dans leur parcours de vie (enfants, adoption, mariage, divorce, décès) et consolider le réseau associatif français en offrant un soutien digne de ce nom de la part de l’État, notamment dans l’aide à la recherche d’emploi, ou dans le développement de l'enseignement du français. Et il me semble impératif de travailler sur les enjeux d’un accès à la mobilité toujours plus verte et équitable. Là encore, nous pouvons analyser ce qu’essaient de faire nos voisins européens.
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