Bien que l’amour transcende les frontières, les couples de même sexe restent cependant confrontés à des avancées inégales sur le globe. Alors que la Grèce, la Thaïlande, et plus récemment le Liechtenstein, célèbrent des victoires significatives pour le mariage pour tous, d’autres régions du monde maintiennent des lois répressives, allant jusque’à punir l’homosexualité par la peine de mort. Voici l’état des lieux du mariage pour tous en 2024 à travers le monde entier.
Mariage pour tous : des avancées récentes en Europe
En termes de droits LGBTQ+*, l’Europe demeure le continent du monde le plus avancé. Au sein des 27 États membres de l’Union européenne, 22 pays autorisent une forme d’union civile pour les couples homosexuels, comme le partenariat civil en Italie. 16 pays autorisent le mariage entre deux personnes du même sexe, si l’on compte la Grèce qui a adoptée la loi en février 2024. Malgré tout, six autres pays interdisent toujours toute forme d’union civile, certains l’ayant même inscrit dans leur constitution, à l’image du Monténégro ou de la Croatie.
La Grèce dit « oui »
Le 16 février 2024, la Grèce devient le 37e pays du monde, mais surtout le premier chrétien orthodoxe, à légaliser le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe. Une proposition de loi débattue durant deux jours, portée par le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, qui a salué « un tournant pour les droits de l’homme » dans un « pays progressiste et démocratique, passionnément attaché aux valeurs européennes ».
Adoption de la loi sur le mariage pour tous: la Grèce franchit une étape historique
24 ans de combat en Lettonie
Alors que la première tentative remontait à 1999, la Lettonie légalise en novembre 2023 l’union civile entre deux personnes de même sexe. Suite à un jugement en faveur d’un couple homosexuel, en décembre 2020, la Cour constitutionnelle avait ordonné aux députés de changer la loi pour assurer l’égalité pour tous. L’arrivée en septembre de la centre-gauche et libérale au gouvernement a permis d’appliquer cette loi, qui entrera en vigueur le 1er juillet 2024. Quant au mariage pour tous, il reste cependant encore interdit.
L’Estonie en tête dans les pays baltes
Entrée en vigueur au premier jour de cette année 2024, la loi légalisant le mariage pour tous a été approuvée en Estonie le 20 juin 2023. Il s’agit du premier pays balte à assurer cette égalité. Avec la légalisation de l’union civile en Lettonie, la Lituanie reste, quant à elle, bien en retard…
Le Liechtenstein entame un nouveau pas vers l’égalité
En ce qui concerne le continent européen, le Liechtenstein est le dernier pays à avoir légalisé le mariage homosexuel, après avoir autorisé les partenariats en 2011. Le 16 mai 2024, la principauté adopte à la quasi-unanimité le projet de loi, qui entrera en vigueur dès le 1er janvier 2025.
L’évolution du mariage pour tous dans le monde
Dans le reste du monde, la législation concernant le mariage pour tous reste ambivalente et bien différente de celle que l’on connaît en Europe : au total, seulement 37 pays autorisent les couples de même sexe à se marier.
En Thaïlande notamment, le gouvernement a récemment re-discuté le texte autorisant le mariage pour les personnes homosexuelles, qui s’était vu refuser à de nombreuses reprises les années passées, sur fond d’instabilité politique plus particulièrement. Mardi 2 avril 2024, le Sénat a adopté le texte en grande majorité. Le premier jour marquant le mois des fiertés, les Thaïlandais étaient tous rassemblés pour célébrer cette avancée sociale cruciale, lors de la Marche des Fiertés, en présence notamment du Premier ministre Srettha Thavisin. Une troisième et dernière lecture du texte a lieu le 18 juin. La Thaïlande deviendrait ainsi le premier pays de la région à légaliser le mariage pour tous, mais également le troisième du continent, après Taïwan en 2019 et le Népal en juin 2023.
Thaïlande: la légalisation du mariage homosexuel franchit une première étape au Sénat
Les pays où les droits LGBT reculent dangereusement
Bien que des progrès significatifs aient été réalisés en Europe et dans certains pays d’Asie, le mariage pour tous ne fait pas l’unanimité sur le reste du globe. Dans plusieurs pays, l’homosexualité demeure illégale, particulièrement pour les hommes, comme en Palestine ou au Zimbabwe, où le lesbianisme est bien plus accepté. Dans certains cas, l’expression de l’amour peut même être punie de la peine de mort.
En 2024 :
- 71 pays n’ont pas de reconnaissance légale pour le mariage homosexuel, et donc aucune protection à l’égard de la communauté, ou l’interdisent explicitement ;
- 17 pays punissent l’homosexualité d’une peine de prison, parfois à perpétuité ;
- 9 imposent la torture et la peine de mort ;
Dans certaines régions, en particulier en Afrique, les lois anti-LGBTQ+ tendent même à se renforcer. En février 2024, le Parlement ghanéen adopte un projet de loi visant à réprimer la communauté, ainsi que les associations et militants. D’après le texte, toute personne reconnue comme queer* s’expose à une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. En cas de « promotion » ou de « soutien d’activité LGBTQ+ », la peine peut être encore plus sévère, allant jusqu’à dix ans d’emprisonnement, notamment en cas de « campagne à destination des enfants ».
En 2023, l’Ouganda avait déjà mis en place l’une des législations les plus répressives envers la communauté, avec des peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour les citoyens concernés, voire la peine de mort dans les cas « aggravés ».
Ces pays toujours fortement opposés à la communauté queer
Dans d’autres pays, l’opposition aux droits LGBTQ+ demeure très forte. En Afghanistan, la prise de pouvoir des talibans en 2021 a conduit à l’application stricte de la charia, loi islamique qui impose des droits et devoirs rigoureux pour les musulmans. Cette interprération de la charia considère notamment l’homosexualité comme un crime sévèrement puni, allant jusqu’à la peine de mort. Toutes formes d’union entre deux personnes du même sexe restent évidemment interdites. En Afrique, des nations comme la Mauritanie et le Nigeria appliquent également des peines sévères pour la communauté, souvent influencées par des interprétations strictes de la charia. De même, des pays comme l’Iran, l’Arabie Saoudite ou le Yémen maintiennent des lois extrêmement répressives. Au Yémen, les personnes LGBT font face à des risques de torture par flagellation en public et à la peine de mort.
Au total, neuf pays dans le monde criminalisent l'homosexualité par la peine de mort - la légalisation du mariage homosexuel y semble encore très lointaine.
*LGBTQ+ singifie Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre, Queer. Le “+” fait référence à toutes les autres orientations sexuelles ainsi que ceux et celles s’identifiant à la communauté, d’une manière ou d’une autre.
*queer est un terme plus global renvoyant à la communauté.