Guerre en Ukraine : que retenir du conflit un an après son début ?

Jeudi 24 février 2022. La Russie envahit l’Ukraine après des mois de relations de plus en plus tendues. Un an plus tard, où en est la situation et que faut-il en retenir ? 

 

La Russie a entamé l’invasion de l’Ukraine il y a maintenant un an jour pour jour, le 24 février 2022. Malgré les mois extrêmement tendus précédant cet événement, et les années de relations conflictuelles, notamment depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, l’initiative du président russe Vladimir Poutine a pris le monde entier de court. Le peuple ukrainien a évidemment été le premier à en pâtir et, bien que résistant encore et toujours à l’envahisseur en lui infligeant de cuisantes déconvenues, de nombreux civils se sont vu contraints de quitter le pays pour leur survie. 

 

Cette agression a provoqué la réaction des pays occidentaux, qui ont d’abord prononcé des sanctions économiques lourdes à l’encontre de la fédération de Russie, tout en soutenant l’Ukraine et son peuple. Cette dernière avait notamment réagi en suspendant la livraison de gaz à certains Etats membres de l’Union européenne. Parmi les nombreuses conséquences économiques figure par exemple l’inflation drastique des marchés de l’énergie et des denrées alimentaires en Europe et dans le monde. Quels sont les cinq points à retenir de la guerre en Ukraine, un an après son commencement ? 

 

L’effroyable bilan humain de la guerre en Ukraine

Depuis le début du conflit, soldats et civils ont subi de lourdes pertes, d’un côté comme de l’autre. Il est difficile d’estimer avec exactitude le nombre de morts et de blessés, tant la Russie et l’Ukraine communiquent peu sur le sujet ou choisissent de minimiser les chiffres rendus publics. Cependant, des estimations ont été faites par la Norvège et le Royaume-Uni, qui déclarent respectivement que 180.000 soldats russes ont été tués ou blessés au cours du conflit, contre 137.000 tués selon les Britanniques. Pour ce qui est des soldats ukrainiens, seul l’état-major norvégien s’est prononcé en estimant les pertes à 100.000 soldats, alors que le gouvernement ukrainien parlait de chiffres allant de 10.000 à 13.000 soldats tués. 

 

Du côté des civils, l’Ukraine annonçait au milieu du mois de janvier un bilan total de 40.000 pertes, parmi lesquelles figurent 400 enfants. Des chiffres proches de ceux présentés par la Norvège, selon laquelle 30.000 citoyens ukrainiens auraient perdu la vie, mais bien éloignés des estimations de l’ONU avançant que 18.000 civils ukrainiens ont été tués ou blessés et évaluant le nombre de pertes à 7.000 individus. Quel que soit le chiffre exact, nul doute que la population a grandement souffert depuis le début de l’invasion par la Russie. Une grande partie a d’ailleurs dû fuir le pays, dont plus de 7,2 millions de réfugiés ont été enregistrés en Europe selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (ou HCR). Viennent s’ajouter à tous ces chiffres, les décès de huit journalistes présents en Ukraine depuis le début de la guerre, dont l’Ukrainien Maks Levin, qui aurait été exécuté par des soldats russes en pleine forêt, selon Reporters sans frontières (RSF).

 

La résilience de l’Ukraine et de son président Volodymyr Zelensky dans une guerre aussi militaire que médiatique

Focalisés dans l’est de l’Ukraine depuis un an, les combats entre les forces russes et ukrainiennes ont la plupart du temps tourné à l’avantage du pays attaqué en 2022. La guerre anticipée comme “éclair” par Vladimir Poutine n’a pas eu la durée ni le déroulement escomptés. Fin 2022, les Russes avaient dû se replier et quitter les villes de Kharkiv et Kherson après des défaites infligées par les Ukrainiens. Plus récemment, à la mi-janvier 2023, les forces de Moscou ont inversé légèrement la tendance en prenant la ville de Soledar, notamment grâce au groupe paramilitaire Wagner. Les combats s’intensifient mais le pays au drapeau jaune et bleu continue à tenir bon. 

 

En guise de figure de proue de la résistance ukrainienne, nous retrouvons Volodymyr Zelensky. D’abord défini par son passé de comique, la crise provoquée par la guerre a permis au président ukrainien de révéler une facette collant réellement à la stature d’un chef d’Etat. N’hésitant pas à s’afficher sur le front et proche de son peuple pendant la première partie du conflit, Volodymyr Zelensky s’est déplacé dans des pays soutenant l’Ukraine. Devant le Congrès américain, devant le Parlement britannique, ou à l’Elysée, le président ukrainien n’a pas lésiné pour plaider sa cause et celle de sa patrie. Des déplacements que son conseiller Mykhaïlo Podolial juge nécessaire, comme le rapporte le magazine Society : “Pour la première phase de la guerre, c’était important qu’il reste en Ukraine, [...] pour montrer qu’il est dans cette guerre. Mais aujourd’hui, il faut aller mener des négociations directes avec nos partenaires.” 

 

Une déclaration qui en dit long sur la guerre médiatique menée par l’Ukraine, loin de sous-estimer l’importance du “4ème pouvoir”. Un media center a ainsi été mis en place pour accueillir les journalistes internationaux et leur fournir des nouvelles idées de sujet concernant le conflit, avec un Volodymyr Zelensky régulièrement mis à contribution pour des interviews. 
 

 

Etats-Unis, Canada, Union européenne… l’Occident au soutien de l’Ukraine

Nombre de pays se sont mobilisés et ont apporté une aide financière ou matérielle. Côté français, le soutien a été renouvelé en tout début d’année comme l’annonçait le président Emmanuel Macron avec la livraison de chars de fabrication française à l’Ukraine, tout cela dans le but de “manifester la pérennité et la continuité” de l’aide militaire française. Etats-Unis et Canada, entre autres, consacrent respectivement 3 milliards et 1 milliard de dollars au soutien militaire de l’Ukraine. L'OTAN et l'Union européenne poursuivent aussi leurs efforts pour aider l’Ukraine dans son combat. L’UE et ses États membres ont conjointement fourni 67 milliards d’euros depuis le 24 février 2022. 

 

Un an après le début de la guerre, aucun des pays ayant apporté son soutien à l’Ukraine n’a cependant dépêché de troupes sur place, notamment pour ne pas entrer dans un conflit direct avec la Russie. Seuls des volontaires, formés ou non, s’y sont rendus. Au 6 mars 2022, le gouvernement ukrainien recensait 20.000 volontaires étrangers en provenance de 52 pays, des chiffres qui n’ont pu être vérifiés depuis. 

 

De nombreuses voix se sont malgré tout fait entendre pour critiquer l’Occident, et notamment l’Union européenne, qui s’est émue du sort de l’Ukraine alors que d’autres conflits d’envergure à travers le monde n’avaient pas suscité autant d’attention. 

 

La Chine soutient-elle vraiment la Russie ? 

Difficile d’établir si oui ou non la Chine soutient la Russie dans son invasion de l’Ukraine. Ni pour, ni contre, le gouvernement chinois veille à ne froisser ni Vladimir Poutine, ni l’Occident. 

 

Si le président Xi Jinping assurait son soutien total à son homologue russe avant la guerre sur les matières de souveraineté et de sécurité, comme le rapportait TF1 en juin 2022, il ne s’est que peu exprimé sur le conflit, gardant une position ambivalente vis-à-vis des deux côtés. La Chine est consciente des répercussions si elle devait subir les mêmes sanctions que la Russie en affichant son soutien à l’invasion russe de l’Ukraine. 

 

Tout pourrait cependant basculer selon le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui a annoncé sur CBS que “la Chine envisage de fournir un soutien létal à la Russie”. Une déclaration qui survient suite à la Conférence sur la sécurité du 18 février 2023 à Munich, en marge de laquelle il a pu s’entretenir avec son homologue chinois Wang Yi. Pékin nie en bloc cette affirmation, accusant les Etats-Unis de répandre des mensonges.

 

 

Guerre en Ukraine : des conséquences économiques au niveau européen 

Économiquement, la guerre a largement dépassé les frontières de l’Ukraine, jusqu’à impacter fortement les pays européens, entre autres. Déjà fragilisée par la crise du Covid-19, l’économie des pays membres de l’Union européenne a vu le taux d’inflation grimper tout au long de l’année 2022, même s’il faut noter une légère accalmie en décembre 2022, avec un taux moyen d’inflation à 10,2%. Ce chiffre atteint 9,2% pour les pays de la zone euro. 

 

Ce sont les marchés de l’énergie et des denrées alimentaires qui ont été les plus touchés par les conséquences de l’invasion russe en Ukraine. Les prix des combustibles ont par exemple augmenté pour atteindre des niveaux bien supérieurs à ceux affichés au cours de la crise des gilets jaunes. En mars 2022, les dirigeants de tous les Etats membres de l’UE se sont entendus, par la déclaration de Versailles, sur la nécessité de s’affranchir progressivement et au plus tôt de leur dépendance concernant les combustibles fossiles russes. La forte diminution de denrées alimentaires importées en provenance d’Ukraine a aussi provoqué une hausse des prix des aliments pour animaux, générant donc des répercussions sur l’agroalimentaire.