Que reste-t-il de Noël quand il n’y a ni neige, ni feu de cheminée ? Entre sapin en bambou et volaille au barbecue, des expatriés racontent comment ils recréent Noël au bout du monde.


Pas besoin de neige pour fêter Noël. Parfois, il suffit d’une paire de tongs, d’un barbecue et d’un sapin en bambou pour que la magie opère. Au Vietnam, en Afrique du Sud ou encore en Nouvelle-Calédonie, des expatriés nous racontent leurs Noëls loin du froid et des leurs.
Un Noël au Vietnam avec Esperanza et Claire
Au Vietnam, pas de neige ni de lumière d’hiver. Là-bas, Esperanza* et Claire*, deux mamans expatriées avec leurs enfants, ont appris à réinventer Noël loin du froid. À Hanoï, où Claire est installée, les températures sont presque familières : « Il ne fait pas chaud en décembre ici, c’est l’hiver, un peu comme en France », raconte-t-elle.
Esperanza, elle, vit dans un climat bien plus tropical, mais hors de question d’abandonner les traditions. « Nous nous mettons sur notre 31 même s’il fait chaud : chemisettes, nœuds papillon, shorts… »
Pour recréer la magie, chacune a ses rituels. Esperanza mise sur la décoration : « Sapin, lutins, chaussettes, lumières et lampions… Même si ce n’est pas trop le pays pour, ça passe très bien », dit-elle, fière de son sapin en bambou « recyclable et local ». Et pour Esperanza, l’esprit de Noël passe autant par les guirlandes que par un moment spirituel : « Aller à la cathédrale ce jour-là recrée l'esprit de Noël aussi. »

Chez Claire, la tradition passe d’abord par le repas. Sa famille ramène du foie gras depuis la France et elle prépare un « dîner festif » avec dinde ou volaille, avant de compléter avec ce qu’elle trouve sur place : « Aujourd'hui on trouve des bûches au Vietnam pour garder l'esprit de Noël comme à la maison. »
« Les amis deviennent la famille. »
Toutes les deux connaissent la difficulté de fêter Noël loin des leurs. Esperanza l’avoue : « C’est dur pour les enfants de ne pas faire Noël sous la neige avec les cousins. » Claire, elle, a trouvé une solution pour adoucir la distance : « On se retrouve à deux ou trois familles, on invite des amis vietnamiens, et finalement les amis deviennent la famille. »
D’Haïti à Johannesburg : les Noëls solaires de Philippe Petit
Philippe Petit a quitté la France en 2010. Depuis, ses Noëls se vivent presque exclusivement sous les tropiques : « La majorité des fêtes de Noël depuis cette date, je les ai passées à l’étranger, confie le retraité. Au soleil le plus souvent, en Haïti et au Congo Brazzaville, au Rwanda et en Afrique du Sud : Jacmel, Port au Prince, Brazzaville, Pointe Noire, Kigali et Johannesburg. »

Voici venu le temps de Noël, en République du Congo
Installé en Afrique du Sud depuis 2018, Philippe Petit fête désormais Noël avec son épouse haïtienne et leurs deux garçons, qui n’ont encore jamais connu un 25 décembre dans le froid. Et le père de famille ne s’en plaint pas : « Vivre un Noël en barbotant dans la mer n’est pas désagréable. »
Côté assiette, Noël suit les saveurs locales : « À Noël, les repas sont améliorés avec des produits recherchés : des homards fraîchement pêchés en Haïti, du poisson de Pointe Noire ou encore une belle volaille au barbecue. »
Sa famille célèbre aussi Kwanzaa, une tradition apportée par son épouse : « Elle nous a introduits à fêter Kwanzaa et à suivre pendant la semaine les 7 principes de cette célébration afro-américaine. Cela semble mieux adapté que les Noëls nordiques et plus profond que l’évocation de la nativité. »
De Nouméa à San Francisco, Anne-Lorraine Bahi fait voyager les traditions
Anne-Lorraine Bahi est expatriée à San Francisco depuis bientôt 30 ans. Elle se souvient encore de son tout premier Noël sans neige. C’était en 1977 à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. « Je me rappelle avoir nagé à la plage le jour de Noël. »
Le soleil, la chaleur, la plage… Rien à voir avec la Lorraine, où ses cousins vivent. « J’avais vraiment le sentiment d’être privilégiée. À l’époque, très peu de gens voyageaient, donc passer Noël là-bas était le Noël dont tout le monde rêvait. »
Adulte, Anne-Lorraine vit plusieurs Noël à San Francisco. Le premier, en 1997, est marqué par la naissance de sa fille, mais aussi par la distance : « C’était vraiment difficile car mes filles étaient petites et j’étais loin de ma famille », confie-t-elle.
« Nous gardons certaines traditions familiales : toujours du foie gras et toujours les 13 desserts. »
Pour retrouver un bout de la maison à l’étranger, Anne-Lorraine et son mari s’accrochent à quelques traditions culinaires : « Nous faisions des raclettes à Noël. Et même maintenant, nous gardons certaines traditions familiales : toujours du foie gras et toujours les 13 desserts, une tradition héritée de mes parents. » Quant à la bûche, c’est elle qui la fait tous les ans : « Je fais le gâteau, je le roule, je prépare la crème et je la garnis de pâte Ovomaltine », précise-t-elle.

Cette année, Anne-Lorraine Bahi ne sera ni à Nouméa, ni à San Francisco pour fêter Noël : direction le Portugal où elle retrouvera ses deux frères. Et si le menu n’est pas encore décidé, Anne-Lorraine sait déjà qu’elle emportera dans ses valises quelques-uns de ses rituels : du foie gras, les 13 desserts… et sa bûche maison, bien évidemment.
13 desserts, 13 pays : faites voyager vos papilles pour les fêtes
À Buenos Aires, le Noël d’Alice Dubernet sent le bourguignon
Pour son tout premier Navidad argentin, en 2024, Alice Dubernet, originaire d’Agen, découvre un pays où décembre rime avec vacances d’été. Fraîchement arrivée le 1er décembre, elle vit un décalage total : « J’étais surprise car il n’y avait pas de décorations dans les magasins. Il n’y avait pas du tout d’ambiance de Noël. » Un paradoxe, selon elle : « L’Argentine est à 90 % catholique, Noël est donc très important ici. Et pourtant, on ne ressent pas l’esprit de Noël. »
« On s’est fait un bœuf bourguignon et ils ont même ramené du foie gras pour l’occasion. »
À Buenos Aires, Noël est plutôt carnivore : « Ici, c’est viande à gogo, barbecue dans le jardin et maté. » Mais pour Alice Dubernet, alors expatriée depuis quelques semaines, impossible de vivre un Noël 100 % argentin. Avec deux Français rencontrés sur place, elle improvise un réveillon à la française, en petit comité : « On s’est fait un bœuf bourguignon et ils ont même ramené du foie gras pour l’occasion. » De quoi se sentir comme à la maison.
Voilà un peu plus d’un an qu’Alice Dubernet est installée en Argentine. Plus le temps passe, plus le manque se ressent : « Chez moi, à Agen, tout le monde rentre à Noël. Si je reste à Buenos Aires, je vais voir tout le monde rentrer… sauf moi. » Alors cette année, pour la jeune Agenaise, le choix est vite fait : c’est auprès des siens en France qu’elle passera Noël.
*Le prénom a été modifié.
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