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Deux combats obstinés pour aider les expatriés victimes de violences

A l’occasion de la journée internationale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes, lepetitjournal.com choisit de mettre en lumière deux combats menés dans le monde et qui montrent que les femmes et les hommes victimes de violences en expatriation – quelles qu’elles soient - ne sont pas seul(e)s. 

Deux combats obstinés pour aider les expatriés victimes de violencesDeux combats obstinés pour aider les expatriés victimes de violences
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 25 novembre 2022, mis à jour le 31 mai 2023

La journée internationale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes a lieu chaque 25 novembre depuis 1999. Cette date a été instaurée par l’ONU, en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines brutalement assassinées sur les ordres du chef d'État, Rafael Trujillo. Aujourd’hui, selon le rapport du Gouvernement , les violences conjugales et feminicides ne cessent d’augmenter dans le monde, passant de 50 cas officiels en 2019, à 182 en 2020 et à 285 en 2021 ! Sans parler de toutes les situations muselées… Cette journée internationale est donc pour nous l’occasion de vous présenter deux initiatives dans le monde pour venir en aide aux hommes et aux femmes expatriés, victimes de violences quelles qu’elles soient. 

 

Isabelle Tiné se bat pour briser le tabou de la séparation en expatriation

En Janvier 2012, Isabelle Tiné, maman de deux enfants, part en expatriation à Singapour « la fleur au fusil » pour suivre son conjoint. De retour en France en 2015, la séparation est inévitable en 2016. Vivant un choc culturel inversé et un sentiment d’isolement, Isabelle réalise que le sujet de la séparation en expatriation n’est évoqué nulle part. Elle décide de créer un groupe Facebook « Expats nanas séparées divorcées ». Le lieu de parole prend vite de l’ampleur « Et là je comprends la puissance des mots, qu’il y a un tabou à briser. ». En septembre 2019, Isabelle Tiné créé sa micro-entreprise pour « aider les personnes en instance de séparation (notamment les expatriés) à rester sereins et confiants. » Selon l’experte, les séparations en expatriation ont un dénominateur commun : la dépendance financière de laquelle découle une violence économique : « Je caricature, mais si monsieur n’a pas envie de donner de l’argent ou l’accès au compte bancaire, il peut. C’est plus courant que l’on ne le pense… ». D’autres dénominateurs sont constatés : le manque de préparation, l’isolement d’un conjoint, ou encore l’infidélité. 

 

journée internationale lutte violence femmes

 

Début octobre 2022, Isabelle intervient lors de l’Assemblée des Français de l’étranger autour du sujet des Droits des Femmes françaises à l'étranger, notamment sur la question des violences intrafamiliales : « J’ai été très honorée de poser des mots - après 6 ans d’alerte - sur des situations très difficiles, tirées notamment du groupe Facebook qui compte environ 1075 personnes aujourd’hui. » Après avoir longtemps frappé aux portes des ministres, Isabelle Tiné ne se sent plus seule dans son combat, notamment avec la mise en place de la plateforme SAVE YOU , dédiée aux femmes françaises établies hors de France victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Mais l’experte veut surtout que ces violences « ne soient pas simplement évoquées le 8 mars et le 25 novembre, ou juste avant des élections, parce que c'est tendance … ». Isabelle Tiné continue donc plus que jamais à donner de la résonance aux victimes, à travers ses accompagnements individuels, le groupe Facebook, ou ses interventions publiques. 

 

 

Une clinique juridique gratuite accompagne les Françaises en difficulté à Singapour 

A l’image de Léa* qui a subi des violences conjugales en expatriation, avoir accès à des soutiens associatifs ou juridiques dans un pays qui n’est pas le sien est très compliqué. Souvent isolée, mal informée et dépendante d’un conjoint, la victime a du mal à parler et recourir à une aide extérieure. Tous les pays du monde sont concernés, Singapour aussi. 

Chloé Vialard est avocate au Barreau de Paris et exerce dans le domaine de l’arbitrage international au sein du cabinet d’avocats d’affaires Shearman & Sterling depuis 2014, à Paris puis à Singapour depuis 2018.  En 2019, elle décide – avec les services Pro Bono des Barreaux de Paris et de Singapour et en lien avec l’Ambassade de France à Singapour - de se lancer dans un projet de soutien aux femmes victimes de violences, et particulièrement celles issues de la communauté française expatriée à Singapour. L’idée est de favoriser l’accès au droit et à la justice, loin du pays d’origine, de manière sécurisée et confidentielle. Avant la pandémie, elle rencontre les acteurs du réseau local (associations, foyers d’urgence, psychologue, etc.), recrute des bénévoles parmi les avocats français exerçant à Singapour et coordonne des formations avec les deux Barreaux. En 2021 naît un partenariat solide et durable sous la forme d’une Convention tripartite entre la Singapore Law Society, le Barreau de Paris et l'Ambassade de France à Singapour. Le projet est unique en son genre car c’est la première fois qu’une permanence de consultations juridiques pro bono en droit français est lancée hors des frontières nationales, et qu’une permanence de droit étranger ouvre à Singapour. L’initiative entièrement bénévole se nomme « Support Centre »,  et est officiellement lancée le 10 décembre 2021, lors de la journée mondiale des droits de l’homme.

 

 

Avec détermination, Chloé Vialard et les avocats bénévoles français - Laudine Daniel, Estelle Malone, Lucas Nicolet Serra, Elodie Dulac, Mathilde Broustau et Sabrine Cazorla – assurent, à tour de rôle, une permanence physique chaque 1er vendredi et 3ème mardi du mois de 12h à 14h dans des locaux au sein du Help Centre de la State Court, avec ou sans rendez-vous. Des avocats bénévoles singapouriens sont d’astreinte téléphonique pour répondre aux questions spécifiques de droit local, dans un souci de complémentarité et d’efficacité. L’avocat de permanence écoute et accompagne toute personne française ou francophone victime de violence quelle qu’en soit la nature ( psychologique, physique, sexuelle, financière…), dans la sphère privée et professionnelle. Sans pouvoir entrer dans les détails pour des raisons de confidentialité, Chloé Vialard évoque l’accompagnement de plusieurs femmes depuis la création du « Support Centre ». Le caractère pluridisciplinaire de la cellule permet, au-delà du conseil juridique, la mise en relation directe et personnalisée avec des acteurs locaux (ou en France) pertinents.

 


 

Si des personnes à Singapour lisent ces lignes et veulent bénéficier de conseils ou partager ces informations, les éléments pratiques sont résumés ci-dessus ou sur ce lien 

 

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