Chaque année, la rédaction lepetitjournal.com met en lumière des récits écrits pendant ou sur la vie à l’étranger. Les auteurs sont souvent expatriés, parfois de retour en France, inspirés par une culture ou des souvenirs qu’ils souhaitent transmettre. Entre une déambulation dans les rues de Tokyo, des nouvelles tachées de violence, l’entrepreneuriat au féminin, des histoires d’amour au-delà des frontières, la vie au Sénégal, l’inspiration d’une patiente ou encore un voyage à travers le désert américain… Voici nos pépites pour vous évader cet été.


Tokyo n’attend personne, un livre au cœur du Japon d’une profondeur inattendue
Tokyo n’attend personne raconte l’histoire d’un jeune expatrié français, Elliot au cœur de la ville japonaise. Il a plusieurs mois devant lui dans le cadre d’un visa vacances travail et se donne l’objectif de proposer une chanson à un groupe tokyoïte. Mais quelque chose semble le bloquer, comme un passé pesant qu’il a fui en quittant la France… L’auteure Léa Bouzit propose un livre de 140 pages qui explore la profondeur de l’âme. Le personnage d’Eliott, héros du roman, résonne, sans être le miroir de Léa : “Il se fixe un but et s’y accroche.” L’écrivaine insiste, ce n’est pas une autobiographie : “Lui, il porte une vraie blessure que je n’ai pas. Mais à travers lui, j’ai grandi.” Le roman aborde un sujet délicat : la culpabilité… “Je voulais qu’Eliott ait réellement fait quelque chose de grave. Et je voulais que le lecteur se demande : à sa place, est-ce que je me serais pardonné ?”... Le livre se dévore ! Et si la musique est très présente dans Tokyo n’attend personne, ce n’est pas un hasard…
Éléa voyage, le livre qui fait le tour du monde
Vous êtes vous déjà demandé quelle vie avait vécu votre livre avant qu’il n’arrive dans vos mains ? Franck Stepler, un Français résidant en Thaïlande, s’est posé la question et a imaginé son histoire. Dans Éléa voyage, son livre sillonne le monde, passe de main en main et traverse une palette d’émotions humaines. Le roman est rythmé par une idée : souligner une phrase dans un livre et le transmettre à quelqu’un d’autre. Comme une chaîne humaine. Son style d’écriture hybride rend la lecture fluide "Je ne suis pas un écrivain au sens classique. J’écris par fulgurance, souvent sur mon scooter, dans ma tête, sans méthode fixe ". Alors prenez vos billets, ou plutôt votre livre, et partez en voyage avec des personnages riches. Avec Éléa voyage, c’est l’occasion de découvrir le Laos, le Canada et plusieurs belles villes européennes.
Éléa voyage de Franck Stepler « Chaque personnage laisse une trace dans le livre »

Philippe Petit, trois romans, trois tonalités… et beaucoup de sincérité
Expatrié en Afrique du sud, Philippe Petit transforme ses souvenirs d’ailleurs en récits littéraires singuliers. Le correspondant lepetitjournal.com de Johannesburg écrit trois romans auto édités, s’inspirant des lieux qu’il a foulés. Son aventure littéraire commence à Haïti, via un blog. Une décennie plus tard, il publie son premier roman, Le Fils d’Ariane, une histoire de disparition et de retour. “Il me manquait la fin, et un jour elle est venue.” Suivra un deuxième livre plus mystique, qui fait voyager deux âmes entre terre et ciel, de Cuba au Congo : “un livre un peu fou, mais qui m’a permis de raconter beaucoup d’histoires.” Enfin, Lettres d’un Mundele, son dernier ouvrage, adopte le ton de la correspondance, entre un jeune expatrié à Brazzaville et sa maman restée en France. Un roman tendre, nourri de son regard de terrain. “Le vrai défi, ce n’est pas d’écrire ni même d’imprimer. C’est de faire voyager les livres jusqu’à leurs lecteurs.” Trois romans, trois tonalités, et une seule constante : un regard curieux et sincère.

L’expatriation de Cyrille Montain à Dakar, entre chaleur humaine et dure réalité
Installé à Dakar pendant plusieurs années, Cyrille Montain, expatrié français, raconte son quotidien dans la capitale sénégalaise, entre richesse culturelle, contrastes sociaux et adaptation personnelle. Son témoignage est rassemblé dans un livre publié : Dakar expat' : Six années d'expatriation au Sénégal. Un récit intime et lucide de la vie d’expatrié en Afrique de l’Ouest. Interrogé longuement par lepetitournal.com, Cyrille nous confie que, derrière cette vie d’expat relativement confortable, la réalité sénégalaise ne laisse pas indemne. “Je voulais écrire ce livre pour ceux qui s’interrogent sur la vie à Dakar, la vraie.” Pour lui, la capitale sénégalaise est d’abord une ville où l’humour et la dignité du peuple marquent profondément. Mais… Comment s'adapter au quotidien bouillonnant d'une capitale de 2 millions d'habitants quand on a toujours vécu dans des villes moyennes ou des villages ? Comment s'intégrer quand on est le conjoint d'expatrié sans emploi ? Comment un enfant s'habitue à un changement de vie radical ? Le ton est donné.

Rouge Tangerine, six nouvelles qui poussent à la reflexion
Parfois, l’expatriation permet de reconnecter avec ses origines. Hanane Oulaïllah est franco-marocaine et a toujours vu le Maroc comme une terre de vacances. Mais lorsque l’occasion se présente de s’installer à Casablanca au début des années 2000, elle y voit l’opportunité unique de se rapprocher de ses origines. De cette expérience naît Rouge tangerine. Son recueil de six nouvelles déploie une écriture engagée, marquée par une violence dénonciatrice qui interroge et pousse à la réflexion. Elles abordent des thèmes d’une grande dureté, tels que le meurtre d’enfants, les agressions envers les femmes et des formes intenses de répression. "Ce n’est pas une violence pour choquer, c’est un regard sur ce que la vie peut parfois avoir de plus sombre : les injustices, les pertes, les failles humaines", exprime l’autrice lors d'une entrevue avec Lepetitjournal.com.
Hanane Oulaïllah, autrice de Rouge tangerine: « Un regard sur la violence de la vie »

Karim Belayane et sa passion pour les nuages
"Mon livre L'enfant nuage part de cette expérience que nous avons tous vécue dans notre enfance : donner des formes aux nuages. J'ai donc choisi une première photo que j'avais prise depuis un avion en provenance d'Argentine, et j'ai laissé faire mon imagination en y mettant des couleurs". Avec L’enfant nuage, son tout premier livre, Karim Belayane concrétise un rêve d’enfance et embrasse pleinement sa vocation artistique. Cet auteur franco-barcelonais, également comédien, danseur et ancien consultant, livre un ouvrage poétique inclassable, né de son imaginaire et de son amour des nuages. Autoédité grâce à une campagne de financement participatif et soutenu par la librairie Jaimes à Barcelone, ce recueil illustré marque une étape fondatrice dans la vie de l’artiste. Une ode au rêve, à la liberté et à l’expression sous toutes ses formes.
Depuis Barcelone, Karim Belayane donne corps à ses rêves d'enfant

Des blessures muettes aux mots qui libèrent
Frédéric Pignon, kinésithérapeute depuis près de vingt ans, puise dans son quotidien et les récits de ses patients pour écrire. “Beaucoup de peine s'accumule dans mon esprit. J'avais besoin d'exprimer la souffrance que je reçois”, confie-t-il. L’écriture devient alors un exutoire, jusqu’à la parution, le 30 avril 2025, de La clé du ciel. Nourri de témoignages, le roman met en scène Yvonne Verdier, 89 ans, inspirée d’une patiente. Sa vie se déroule entre souvenirs réels et envolées poétiques guidées par un canard. Frédéric Pignon y aborde vieillesse, guerre et solitude, sans renoncer à la fantaisie. Désormais installé à Madrid, il explore d’autres formes de narration, comme les jeux de piste. Inspiré par la communauté française expatriée, un second roman est en préparation.
Frédéric Pignon : un expatrié qui soigne, écrit et imagine

Quand l’expatriation devient un tremplin pour se réinventer au féminin
Avec Expatpreneures : Les audacieuses globe-trotteuses de l'entrepreneuriat, Adeline Verdier Velten et la graphiste Pauline Hargot-Thonon livrent un ouvrage aussi drôle qu’engagé, qui démonte avec finesse les clichés sexistes et condescendants sur les femmes expatriées. À travers des illustrations percutantes et des témoignages inspirants issus du réseau The Musettes, le livre célèbre l’audace, la résilience et la solidarité féminine. Un manifeste pétillant et nécessaire, à mettre entre toutes les mains. Ce livre s’adresse à celles et ceux qui se sont déjà demandé : “Qui suis-je vraiment, et que veux-je faire de ma vie maintenant que j’ai peut-être le temps, l’espace, l’opportunité ?”
"Expatpreneures" : le livre pour briser les clichés avec humour et audace

Providence Canyon : un voyage à travers le désert
C’est en écrivant Providence Canyon que Corinne Cotereau, expatriée à San Diego, a découvert et réinventé le désert d’Anza Borrego et son "impossible railway", comme son personnage principal, un expatrié français, plongé dans l’Amérique des laissés-pour-compte. "Écrire en français alors que je vivais dans un pays anglophone m’a permis une grande liberté. Ç’a été aussi un moyen de me rapprocher de mon propre pays grâce à ma langue maternelle", confie-t-elle à la rédaction lepetitjournal.com dans une interview en 2024.
Corinne Cotereau, Providence Canyon : « J’ai ressenti une urgence à l’écrire »

Oublier Gabriel : grandir sous le poids des silences, des blessures
Karine Yoakim Pasquier, de la Riviera vaudoise à Hong Kong, signe un premier roman poignant sur l’adolescence et la mémoire. Dans Oublier Gabriel, l’autrice suisse retrace la vie de Louise, marquée par le harcèlement, le racisme et le deuil, entre Montreux et Milan. Inspiré de sa propre jeunesse, le roman mêle récit initiatique et sauts temporels, explorant perte d’identité et résilience. Installée à Hong Kong depuis 2018, Karine partage son temps entre écriture, théâtre et enseignement. Elle prépare aussi un roman jeunesse, À la poursuite du dragon, inspiré d’une histoire écrite pour ses filleuls.
« Oublier Gabriel » le premier roman de Karine Yoakim Pasquier, Suisse de Hong Kong
