Ce mercredi 27 septembre se tenait la rencontre d’Emmanuelle Léonard et de Geronimo Inutiq au Centre Culturel Canadien, en marge de l’exposition Le Déploiement. Au programme de la conférence : leur expérience artistique dans le Grand Nord canadien.


Depuis le 9 juin et jusqu’au 14 novembre 2023, l’ambassade du Canada accueille dans son Centre Culturel l’exposition Le Déploiement d’Emmanuelle Léonard. À travers un travail photographique et vidéographique - réalisé lors d’une résidence au sein des Forces armées canadiennes -, l’artiste québécoise s’est plongée dans le Grand Nord canadien.
Durant trois semaines, Emmanuelle Léonard “s’est faite discrète” aux côtés des Rangers inuits et des Forces armées canadiennes et dans un climat d’extrême froid. Moins 50 degrés, avec les aléas de la nature à gérer et la captation d’une collaboration cruciale pour préserver ce territoire et ses communautés qui y vivent.
Notre rédaction est allée au vernissage de l’exposition : (re)découvrez “Le Déploiement” avec notre article présentation.
@lepetitjournal.com Déploiement de Emmanuelle Léonard au Centre Culturel Canadien du 9 juin au 14 novembre 2023. #deploiement #emmanuelleleonard #canada #quebec #centreculturelcanadien ♬ Flow - Jeff Kaale
S’interroger sur la communauté nordique
Animé par Louise Déry, commissaire et directrice de la Galerie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’échange de deux heures entre Geronimo Inutiq, artiste inuit multidisciplinaire, et Emmanuelle Léonard, a été l’occasion d’entendre deux voix du Canada, du Sud au Grand Nord.
Dans son travail, Emmanuelle Léonard s’intéresse à la place de l’individu dans le groupe en étant au plus proche du corps militaire. Quant à lui, Geronimo Inutiq se concentre sur les populations et nombreuses communautés du Grand Nord. Deux propositions artistiques différentes au sein d’un même et vaste territoire où la place du récit reste centrale pour Géronimo. Avec sa radio communautaire déployée depuis 2020 et son projet “J’appelle chez nous”, il recréé une expérience esthétique et sociale du vécu de chacun.
La réalité d’un terrain “extrême” a aussi été au cœur de l’échange. Un territoire où il faut prendre l’avion puis le bateau et être très patient pour rejoindre une des grandes villes canadiennes - situées au sud du pays. Où les lieux essentiels du quotidien” ne sont pas présents. Mais aussi où le concept de “dénordication” est observé. Une problématique qui traduit la réduction de l’éloignement et du froid de ces zones reculées par rapport aux zones davantage peuplées.
Les travaux de Geronimo Inutiq sont à retrouver sur son internet.

Emmanuelle Léonard : “un voyage spectaculaire, qui m’avait pris au coeur”
Au terme de la conférence, Emmanuelle Léonard est revenue à notre micro sur son exposition “Le Déploiement”, visible pendant encore un mois et demi au Centre Culturel canadien.
À quand remonte votre voyage dans le Grand Nord ?
J’y étais avec les soldats en 2018 et j’avais pu réaliser des captations aussi avec les scientifiques installés là-bas en 2016. L’exposition s’est montée en 2019. Je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner depuis mais c’est un voyage qui coûte très cher.
Votre voyage est hors du commun. Est-ce que vous vous attendiez à ce que vous alliez voir ?
C’est très très beau, spectaculaire. Cela m’avait pris au cœur. On ne s’y attend pas mais on se prépare beaucoup. C’est de la technique. Rien que pour la caméra, il fallait que je ferme les sacs quand j’étais à l'extérieur, que je rentre, que je laisse le sac fermé pendant plusieurs heures avant de le rouvrir pour éviter la condensation. Il fallait faire très attention au matériel en sachant que si quelque chose casse, c’est fini ! Les habits aussi, j’étais bien équipée et pourtant ils ont préféré me donner un autre pantalon à eux à mon arrivée.

Pouvez-vous nous raconter la relation entre les Rangers, installés dans leur territoire, et les soldats de l’armée canadienne ?
Ils appartiennent tous les deux à l’armée mais avec un statut très différent pour les Rangers qui sont des réservistes et souvent dans l’inaction. Mais admettons qu’un avion se crashe, ce sont aux rangers d’aller le secourir. Les soldats, au contraire, sont jeunes et vivent en vase clos. Les Rangers et les Soldats sont en parallèle, ils ne se connaissent pas vraiment.
Est-ce que “Le Déploiement” est le projet le plus extrême que vous ayez fait durant votre carrière artistique ?
Dans un tout autre registre, j’ai réalisé un projet avec des religieuses qui a été extrêmement long. J’ai aussi travaillé sur la photographie de scène de crime avec quatre années de recherche avant de démarrer le projet.
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