Erasmus + fête ses 35 ans cette année, l’occasion pour l’Agence Erasmus + France de dresser un bilan et d’évoquer l’avenir. Elle affiche entre autres sa volonté d’offrir à tous la chance de bénéficier de ce programme qui change des vies, et rêve de le voir s’étendre à un nombre toujours plus grand d’individus.
Erasmus + fête ses 35 ans, un anniversaire qui a été célébré en grande pompe depuis la Maison de la Radio à Paris le vendredi 20 janvier 2022. La conférence de presse et la cérémonie qui s’y sont tenues ont réuni différents acteurs qui font vivre le programme Erasmus + et leur ont permis de s’exprimer autour de ce programme phare pour la mobilité étudiante. Etudiants, élèves, apprentis, enseignants, formateurs, professionnels, volontaires, tous ont eu droit à la parole afin de présenter leurs points de vue et leurs expériences rendues possibles par Erasmus +.
Au cours de la journée, ont été présentés les résultats d’un sondage national réalisé sur Erasmus + en France ainsi que 35 propositions élaborées par les participants au Forum citoyen Erasmus + afin d’améliorer et de faciliter l’accès au programme pour tous.
35 propositions qui préparent l’avenir pour les 35 ans d’Erasmus +
Au mois d’octobre 2021, l’Agence Erasmus + France avait mis en place un Forum citoyen au cours duquel elle donnait la parole à 35 bénéficiaires du programme et 35 personnes non bénéficiaires afin qu’elles puissent échanger et réfléchir ensemble à l’avenir d’Erasmus +.
En ont ainsi découlé 35 propositions réparties en cinq grands axes : Promouvoir Erasmus+ au plus près des bénéficiaires potentiels ; Faire de la mobilité une étape reconnue dans tous les parcours ; Réunir les conditions favorables pour inciter les apprenants à partir ; Lever les freins financiers pour une mobilité accessible à toutes et tous ; Accompagner l’apprenant du début à la fin de son projet de mobilité.
Ces propositions ont été présentées pendant la journée célébrant les 35 ans du programme et soumises au Président de la République française Emmanuel Macron qui y a par ailleurs fait une intervention en vidéo. Elles seront portées au niveau européen les 16 et 17 mai prochains à l’occasion de la réunion des agences Erasmus + de toute l’Europe se déroulant à Arcachon.
D’anciens participants Erasmus + ont également pris la parole pour témoigner de l’importance et des bienfaits du programme, et de la nécessité d’informer tous ceux qui peuvent y prendre part. « Tout le monde a le droit de partir, mais tout le monde ne le sait pas », déclare Rémi Moura, un boulanger-pâtissier ayant effectué 4 mobilités à l’étranger, avec proposition d’emploi à l’issue de chacune d’elles.
Un propos confirmé et appuyé par Sarah Schmidtke, Généraliste Ressources humaines établie à Malte : « Je ne connaissais pas du tout le programme pour les demandeurs d’emploi, c’est ma conseillère pôle emploi qui m’a fourni les informations dont j’avais besoin. Erasmus + a été un grand tremplin dans ma vie car j’ai pu effectuer mon stage à Malte où je suis aujourd’hui salariée et résidente. Je veux maintenant promouvoir l’accès à Erasmus + pour tous. C’est très enrichissant, c’est une fierté de pouvoir communiquer sur ça et surtout de pouvoir aider. »
Une volonté de montrer qu’Erasmus s’adresse à tous
Encore aujourd’hui, la majorité des Français pense qu’Erasmus ne s’adresse qu’aux seuls étudiants. Le sondage national CSA réalisé en ligne sur Erasmus + en France auprès de personnes âgées de 15 à 64 ans du 30 novembre au 9 décembre 2021 confirme cette tendance. 52% des personnes interrogées pensent en effet que le programme est réservé aux étudiants d’universités, or il n’en est rien. Le programme s’adresse non seulement aux étudiants mais aussi aux apprentis, aux jeunes de manière générale, aux enseignants et autres formateurs. Les représentants d’Erasmus + France cherchent d’ailleurs à briser certaines idées reçues sur le programme Erasmus +, dont certaines qui ont la peau dure notamment à cause du film L’Auberge Espagnole de Cédric Klapisch.
Si le programme dispose néanmoins d’une notoriété incontestable (87% des personnes sondées disent avoir déjà entendu parler d’Erasmus), ses applications et son accessibilité restent méconnus de beaucoup. Selon ce même sondage, 42% des parents ne savent pas si l’établissement de leur enfant participe à Erasmus +.
Pour y remédier, Erasmus + France souhaite augmenter l’accès à l’information et ce de différentes manières. Pour Sébastien Thierry, directeur adjoint de l’agence Erasmus + France, « la question de l’accès à l’information est cruciale ». Une campagne de publicité a été lancée le 20 janvier 2022 avec pour message « c’est fait pour vous ».
Les nouveautés Erasmus + à l’étude : 5 nouveaux bureaux territoriaux en France et un projet d’application mobile
Dans l’optique de faciliter l’accès aux informations sur le programme Erasmus +, cinq nouveaux bureaux territoriaux ont été mis en place dans l’Hexagone à titre expérimental. Ceux-ci vont travailler conjointement avec le réseau des Développeurs Erasmus + qui était déjà en place et qui a été reconfiguré afin de remplir deux missions, comme le déclare Sébastien Thierry : « la première consiste à accompagner les porteurs de projet dans leur candidature et la seconde vise à fournir une information de proximité. L’idée est d’avoir un point de contact, notamment dans les établissements, un peu à l’image du service des relations internationales d’une université qui est la première porte d’entrée d’un étudiant. »
On espère que d’ici un an ou deux l’étudiant/apprenant pourra regarder les destinations disponibles dans son établissement depuis l’application
Dans le but de faciliter la procédure pour préparer une mobilité, la création d’une application mobile est à l’étude. L’idée est de mettre en place une mobilité qui pourra être pilotée depuis son téléphone portable. Ceci représente un défi technologique et institutionnel considérable sur lequel les différentes agences et la Commission travaillent actuellement. « On espère que d’ici un an ou deux l’étudiant/apprenant pourra regarder les destinations disponibles dans son établissement depuis l’application. Il pourra faire une demande de mobilité pour une destination en particulier et pourra signer son contrat de mobilité directement sur son mobile », ajoute Sébastien Thierry.
L’UE met la main à la poche : 28 milliards d’euros investis pour 2021-2027
Parmi tous les chiffres présentés le 20 janvier, certains marquent plus que d’autres et la somme de 28 milliards d’euros débloquée pour soutenir Erasmus + arrive en tête de liste. Ce montant représente une hausse de 80% par rapport à la période 2014-2020 et montre la volonté de l’Union Européenne de s’inscrire dans une dynamique d’encouragement des jeunes à se lancer à la découverte de l’étranger.
L’ambition de l’institution est de permettre à 10 millions de citoyens européens d’effectuer une mobilité à l’étranger sur la période 2021-2027. Un milliard d’euros va également être investi pour les étudiants arrivant de pays hors Europe. Au vu de ce nouveau budget qui va lui être alloué pour permettre à toujours plus de personnes de partir à l’étranger, le fameux programme lancé en 1987 par la Commission européenne a encore de beaux jours devant lui.
L’impact du Covid-19 : moitié moins de personnes en mobilité
Comment parler d’un programme de mobilité sans évoquer le Covid-19 ? Erasmus a évidemment été fortement touché par la pandémie survenue en début d’année 2020 et les conséquences désastreuses sur les déplacements internationaux. Tous les objectifs qui avaient été fixés pour les premières années de la décennie 2020 en ont été perturbés. Les agences espéraient compter 15.000 apprentis en mobilité pour 2022, un chiffre qui aurait été atteint en temps normal selon Sébastien Thierry.
Ce sont surtout les mobilités de courte durée qui ont été touchées, notamment en raison des durées de quarantaine très longues à l’arrivée dans certains pays
Ce dernier déclare que le nombre de mobilités a chuté de 50% à partir de la survenance de la pandémie, ce qui représente plusieurs milliers de personnes. « Ce sont surtout les mobilités de courte durée qui ont été touchées, notamment en raison des durées de quarantaine très longues à l’arrivée dans certains pays. L’impact a été beaucoup moins important en ce qui concerne les étudiants et demandeurs d’emploi qui sont partis sur des périodes plus longues », ajoute-t-il.
Il salue la réactivité de la Commission européenne dans l’accompagnement des participants Erasmus + qui se trouvaient en mobilité au moment où la pandémie a frappé le monde entier. Celle-ci avait mis en place des conditions de rapatriement et de mobilités dites hybrides, avec une partie virtuelle comptée comme une mobilité à part entière.