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Zone de turbulence pour les compagnies low-cost

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Écrit par Selma Djebbar
Publié le 26 septembre 2019, mis à jour le 26 septembre 2019

Après Aigle Azur, la compagnie française XL Airways a été placée en redressement judiciaire et a jusqu'à samedi pour trouver un repreneur. Le voyagiste Thomas Cook n'échappe pas à la règle et n'a pas réussi à faire valider un plan de sauvetage par son actionnaire principal, le chinois Fosun. Quelque 600000 passagers dans le monde sont concernés et attendent de se faire rapatrier ou rembourser. En 18 mois, ce sont une dizaine de compagnies low-cost qui ont cessé leurs activités en Europe, d'après l'Association internationale du transport aérien (iata).

Tous les clients de Thomas Cook sont affectés par la faillite de l’opérateur de tourisme britannique. Le plus vieux voyagiste du monde n'a pas réussi à trouver les fonds nécessaires à sa survie, laissant entrevoir le pire pour les 22000 employés du pionnier des voyages groupés. Mais ce dépôt de bilan pose aussi un problème de taille pour les quelque 600000 touristes, dont 10000 français, actuellement à l’étranger, et pour ceux qui avaient payé à l’avance un voyage avec Thomas Cook.

Ils sont près de 22000 employés à perdre immédiatement leur emploi, dont 9000 au Royaume-Uni. Les autorités britanniques n'ont pas eu d'autres choix que d'organiser le rapatriement des 600000 clients en vacances dans le monde entier. D'ailleurs, l'opération est d'une si grande ampleur qu'elle a été nommée «Opération Matterhorn» en référence à la Seconde Guerre Mondiale.

Quelles solutions pour les voyageurs des pays de l'Union européenne ?

Les autres pays de l’Union européenne devaient également organiser le retour de leurs ressortissants, qui devraient bénéficier de la directive européenne ATOL protégeant les voyages prépayés : 140000 Allemands sont concernés, mais également 10 000 Belges et autant de Néerlandais.

De son côté, Thomas Cook France fait état de 10000 clients actuellement en vacances. Un numéro d’urgence a été mis à disposition et la filiale recommande à ses clients devant voyager lundi de ne pas prendre le départ afin d’« éviter davantage de difficultés ». Dans un communiqué, elle informe également ses clients que les remboursements pourront avoir lieu uniquement « lorsque Thomas Cook France se placera en cessation de paiements ».

Pour le moment, leur situation financière reste « conditionnée par certains paramètres et différentes mesures, conformément à ce que prévoit la loi française dans un tel contexte », toujours selon le communiqué de la filiale, et d'ajouter que pour le moment la situation n'entraîne pas l'insolvabilité immédiate. Si la filiale française venait à être placée en liquidation, le rapatriement des vacanciers français pourrait coûter 5 millions d'euros, selon l'Association professionnelle de solidarité du tourisme (APST), qui gère un fonds de garantie collective.

Une conjoncture globale défavorable

Primera Air au Danemark, Cobalt Air à Chypre, Wow Air en Islande... Depuis 2018, la liste de compagnies aériennes low-cost fermant boutique ne cesse de s'allonger. D'après Les Échos, huit d'entre elles ont mis la clef sous la porte en à peine six mois. Même Ryanair, pourtant bien installée, a récemment accusé sa première perte trimestrielle depuis 2014, avec 20 millions d'euros de déficit au troisième trimestre 2018.

Ces petites compagnies, telles que l'Islandaise Wow Air ou encore la Danoise Primera Air"se sont lancées trop rapidement sans avoir la connaissance du marché", précise Yves Crozet, économiste spécialiste des transports, avant d'ajouter qu'en raison de la chute des cours du pétrole en 2014, ces compagnies se sont lancées dans le long-courrier, car le coût de fonctionnement était bas.

Le constat est similaire pour le low cost long-courrier, où la concurrence s'est accrue au cours des dernières années. XL Airways, qui s'était positionnée sur des vols transatlantiques à bas prix, fait désormais face à l'offre de Norwegian Airlines – elle aussi en difficulté – mais également à celle de Level, filiale du groupe rassemblant British Airways et Iberia. Sans compter la réponse de majors tels qu'Air France : en réaction, la compagnie a proposé des billets à coûts réduits vers les mêmes destinations.

Faire du low cost à coût réduit sur de telles distances "est une erreur de stratégie", juge Yves Crozet. "Sur des longs-courriers, vous ne pouvez pas écraser vos coûts : il y a les frais d'hôtel, de repas des pilotes à l'étranger, leurs journées de repos... Les coûts du personnel sont bien supérieurs", précise l'économiste. Le choix du long-courrier s'est aussi révélé périlleux pour Aigle Azur. Comme le rappelle L'Obs, la deuxième compagnie aérienne française est connue pour ses vols à destination de l'Afrique du Nord. En souhaitant saisir le créneau des vols plus longs, avec des offres vers Sao Paulo ou Pékin, la société a perdu pied. Au total, elle affiche 148 millions d'euros de pertes, d'après l'hebdomadaire.


Dans un contexte de montée du prix du pétrole et d’une concurrence accrue, cette hécatombe pourrait bien se poursuivre. « Très clairement, un baril de pétrole à 80$ va faire des victimes en Europe cet hiver », a d’ores et déjà prévenu Michael O’Leary, à la tête de Ryanair, lors d’une intervention à la télévision américaine.