Jean-Baptiste Lemoyne a présenté ce mercredi matin les mauvais chiffres du commerce extérieur français avec un déficit qui se creuse encore. Le secrétaire d’Etat a prévenu : il va falloir se retrousser les manches. Un préambule de la prochaine refonte de l’équipe de France export
« L’image de la France s’améliore dans le monde à vitesse grand V » selon Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d ‘Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, mais le déficit du commerce extérieur français ne cesse lui de plonger. Les chiffres 2017 sont encore dans le rouge et le secrétaire d’Etat a prévenu qu’il fallait « se retrousser les manches ». Le 23 février prochain le Premier ministre présentera la stratégie du gouvernement dans ce domaine et il est à prévoir des changements dans l’équipe de France Export. Jean-Baptiste Lemoyne a averti qu’on ne pourrait plus se contenter de « simples conventions qui ne sont plus à l’échelle » et qu’il allait y avoir « un véritable partage des tâches » entre les acteurs (Business France, CCI, CNCCEF, Régions…) « avec des rapprochements très forts des équipes » et un découpage territorial.
En 2017, le déficit des échanges de biens s’est donc alourdi et passe à -62,3 milliards, après les -48,3 milliards de 2016. Dans le même sillage, le déficit des échanges de biens et services s’élève à -38,3 milliards, son deuxième niveau le plus mauvais depuis 2006, date de sa chute dans le rouge. Pourquoi un tel bilan ? Première raison, la nette reprise des achats de biens intermédiaires, stimulée par la reprise de l’activité économique, a tiré les importations vers le haut (+ 6,8 %), creusant ainsi le déficit. De plus, la facture énergétique s’alourdit de 24 % en 2017. En cause première, l’augmentation du prix de l’or noir. Le prix annuel moyen du baril de pétrole passe de 40,68 dollars en 2016 à 51,85 en 2017, après quatre années de baisse consécutives.
Exportations et compétitivité en hausse
Côté points positifs, la compétitivité française à l’exportation est en meilleure santé (+ 3,8 % depuis 2014 selon l’OCDE). Bien que le secteur de l’aéronautique sous-performe (-2,2 milliards), les produits chimiques français se vendent bien à l’étranger et rapportent 4,7 milliards de plus qu’en 2016. Le secteur automobile se porte aussi bien, avec + 3,7 milliards de recette en 2017. D’un autre côté, la balance des services est excédentaire, augmentant de 5,4 milliards. Elle profite de la reprise dans le secteur touristique, + 7,6 %, soit une plus-value de 41,3 milliards. Globalement, les exportations sont en progression de + 4,5 %. Moins satisfaisant, la quantité d’exportateurs (120.057 en 2017) stagne. Depuis les dix dernières années, ils sont en moyenne 120.651.
La part de marché dans les exportations mondiales toujours autour de 3 %
La part de marché dans le commerce mondial reste aussi en panne. Stabilisée depuis 2012, celle-ci est encore bien loin de ses niveaux d’avant 2000 (+ de 5%). Au premier semestre 2017, la part de marché des biens est de 3,1 %, une baisse très légère d’environ 0,2 points par rapport à 2016. Plus rassurant, sur la même dynamique que les années précédentes, le solde commercial de la France demeure excédentaire avec le Proche et Moyen-Orient, mais aussi avec le continent Africain. Cependant, le déficit se creuse avec les pays de la Zone euro, avec -44,2 milliards en 2017 contre -36,8 milliards en 2016. Pour finir sur une bonne note, les prévisions du FMI pour la croissance du commerce mondial tablent autour de 4,7 % pour 2018, une hausse de plus de deux points par rapport en 2016. Côté France, le commerce extérieur peut espérer tirer profit du CETA, notamment dans le domaine des exportations de vins et de spiritueux au Canada.
Hervé Heyraud et Adrien Filoche