La réalité augmentée fait partie des nouvelles technologies qui ont aujourd’hui le vent en poupe, auprès des particuliers et des entreprises. Un défi que s’est lancé Gildas Coldeboeuf (SK 1993), fondateur d’Artasi. Il répond à nos questions sur ses aventures entrepreneuriales et personnelles depuis sa sortie de SKEMA.
Quelles sont les grandes étapes de votre parcours qui vous ont amené à vous lancer dans l’entrepreneuriat aujourd’hui ?
Après une classe préparatoire à Pau, j’ai intégré SKEMA en 1990, qui s’appelait alors Sup de Co Lille. Une fois diplômé, j’ai effectué un VSNE (volontaire au service national en entreprise), l’équivalent du VIE aujourd’hui. J’ai travaillé pour le groupe CFAO au Gabon, une entreprise d'import-export dans l’automobile. Comme beaucoup de jeunes diplômés qui partent travailler à l’étranger, je me suis rapidement retrouvé avec beaucoup de responsabilités (gestion du personnel, des stocks, de la stratégie de communication, des ventes…). À 23 ans, tout juste sorti de l’école, je gérais alors une équipe d’une douzaine de personnes. J'en garde un souvenir assez extraordinaire bien que le contexte politique ait été très compliqué à l’époque. Après cette aventure, j’ai eu l’occasion d’échanger avec un ami de SKEMA qui travaillait chez Canon, et ses retours d’expérience m’ont donné envie de les rejoindre. Au fil de mes 21 années chez Canon, j’ai eu l’occasion de m’expatrier de Paris, à Amsterdam puis Londres. J'ai adoré l'expérience et je reste émotionnellement toujours attaché à la marque. Mon épouse s’est ensuite vue proposer une opportunité professionnelle en Asie. C’est ainsi que j’ai mis fin à mon histoire avec Canon et nous nous sommes expatriés avec nos deux enfants à Singapour, en 2016. En Asie, j’ai travaillé comme CEO pour Manzalab, une société qui crée des expériences digitales innovantes pour effectuer notamment des présentations de produits et des formations. Je n’avais pas vraiment envisagé de créer ma société, mais 4 ans après mon arrivée en Asie, l’envie d’être dans l’action et de créer de la valeur m’a poussé à me lancer un nouveau challenge, et ainsi Artasi est née !
Pouvez-vous nous parler d’Artasi ?
Le besoin m’a été soulevé par un étudiant d’école de commerce lors d’une conférence où j’intervenais en tant que speaker. L’entreprise où il travaillait rencontrait un problème sur une machine installée en Chine. La machine était en panne et tous les experts ou ingénieurs se trouvaient en Europe, avec l’impossibilité de voyager dans le contexte de crise sanitaire. J’ai alors eu l’idée de lui proposer un écosystème intégrant un casque de réalité augmentée et la technologie pour communiquer afin de mettre en relation l’expert en Europe avec l’opérateur en Asie qui souhaitait réparer la machine. C’est comme ça qu’est né le projet d’Artasi. Notre but, grâce à la réalité augmentée, est d'aider les sociétés à améliorer leur productivité et leur efficacité sur trois verticales : la formation, l'audit et la maintenance des machines. Et le tout à distance, de façon entièrement remote. Dans le contexte actuel, avec notamment l’impossibilité de voyager, les réductions budgétaires dans les entreprises et pour certaines d’entre elles la volonté de réduire leur empreinte carbone, cet outil innovant prend tout son sens car il permet une nouvelle façon de collaborer et le travail à distance pour les entreprises de dimension internationale.
Comment un casque de réalité augmentée (RA) fonctionne-t-il ?
Le principe est très simple : l’opérateur qui met le casque de RA verra toujours son environnement réel avec la machine en panne qui se trouve devant lui. L’expert, lui, va avoir accès à tout ce que cette personne voit, où qu’il se trouve dans le monde. Cet expert va pouvoir parler et faire parvenir les informations à son interlocuteur, qui va les voir apparaître directement sur les verres du casque. Cette information virtuelle additionnelle va donc venir se superposer à l’environnement réel. De cette façon, l’expert va pouvoir transmettre toutes ses instructions, indiquer la source des dysfonctionnements, et la marche à suivre pour réparer la machine.
Comment la réalité augmentée peut-elle se mettre au service des entreprises aujourd’hui ?
La réalité augmentée est tout d’abord très utile lors d’opérations de maintenance à distance, car elle permet de mettre dans l’instant un expert en contact avec un opérateur situé à des milliers de kilomètres, qui n’a pas les compétences pour réparer la machine par exemple. Mais la réalité augmentée peut aussi être utilisée pour réaliser des formations, ou même un audit. Chez Artasi, nous avons construit un écosystème, avec les lunettes ou casque de RA, une plateforme qui permet de coordonner ensemble tous les utilisateurs de casques d’une même entreprise, le service pour accompagner le client et la technologie Artasi pour faire communiquer les intervenants. Cet écosystème complet permet donc à tous les collaborateurs de communiquer entre eux, et peut mettre en relation un expert avec son opérateur, un auditeur avec un audité, un formateur avec un apprenant, tout ça entièrement à distance et in fine, en gagnant beaucoup de temps.
Quelles sont les grandes forces d’Artasi ?
Aujourd’hui, nous répondons à une problématique et un besoin très actuel : connecter les équipes, les auditer et les former. Notre partenaire Lenovo, leader mondial dans le monde de l'informatique, nos équipes compétentes et flexibles et notre offre customisable nous permettent d’être un acteur solide dans le secteur des nouvelles technologies. Basé à Singapour, nous envisageons un déploiement mondial, car nos équipes et clients n’ont pas de frontières.
Quel lien gardez-vous aujourd'hui avec l’école ?
Je suis ambassadeur SKEMA pour la communauté des diplômés de Singapour (environ 100 membres) et les French Grandes Écoles, un groupe de 18 grandes écoles françaises (écoles de commerce, écoles d'ingénieurs, grandes universités). Nous proposons plusieurs fois dans l’année des manifestations pour réunir tous les diplômés, autour de différentes thématiques environnementales, professionnelles avec l’’intervention cette année de Franck Seguin, Directeur des photographes & rédacteur en chef au journal l’Equipe, networking autour de fêtes nationales comme le 14 juillet ou tournoi de pétanque). J’ai accepté d’être ambassadeur car je trouvais important de donner de mon temps, de partager mon réseau et mon expérience avec les diplômés. Cela nous permet aussi d’aider des anciens qui se trouvent dans une situation professionnelle délicate en ce moment à cause de la crise actuelle, de faire preuve d’entraide, d’empathie et de bienveillance. J’ai constaté, au fil des ans, l’incroyable évolution de l’école et notamment son implantation dans le monde entier, en Asie, en Amérique du Sud, en Afrique, aux États-Unis. Ayant moi-même un parcours international, je suis sensible à cette ouverture sur le monde, aux différentes cultures et façons de travailler. Je trouve que cette évolution et tout le travail qui a été réalisé ces dernières années en ce qui concerne l'internationalisation mais également la qualité de l’enseignement est absolument formidable, et c’est ce qui fait toute la renommée de SKEMA aujourd’hui.
Interview réalisée par Soraya Benaziza