C’est durant ses études à SKEMA Business School que Maxime Parra, passionné de finance et de marketing, crée sa première entreprise, New Trading, qui marque le début d’une longue aventure entrepreneuriale. Aujourd’hui expatrié au Brésil, il nous raconte son expérience au sein de l’école de commerce, et revient sur son parcours 100 % entrepreneurial dans la finance.
Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique et professionnel ?
Maxime Parra : Après deux années de classe préparatoire, j’ai choisi d’intégrer SKEMA Business School sur le campus de Sophia Antipolis, puis sur celui de Lille. Au 2ème semestre de mon M1, je me suis spécialisé dans la finance avec le Master « Analyse financière internationale ».
Entre ces deux années de masters, SKEMA permettait de consacrer une année de césure à la création d'entreprise. J'ai saisi l'opportunité pour lancer ma première société, New Trading, afin de permettre aux particuliers de découvrir le Trading sérieusement (sans stratégie miracle ni promesse de richesse facile).
Ma formation à SKEMA m’a permis d’obtenir un double diplôme avec l'Université de Lille 2 et de développer une double compétence, à la fois marketing et financière. Comme j’avais déjà lancé mon entreprise pendant mon année de césure, j’ai continué à la gérer en parallèle de mes études. À la fin de mes études, j’ai enchaîné sur la voie de l'entrepreneuriat.
Pourquoi avoir choisi d'intégrer SKEMA Business School ?
À l’époque, SKEMA proposait un master spécialisé en finance de marché, très bien classé, notamment dans le classement du Financial Times, et l’école faisait partie des business school de référence en France par rapport à cette spécialisation.
J’ai aussi fait le choix d'une école de commerce car je souhaitais avoir plusieurs cordes à mon arc : la finance, mais aussi le marketing, le droit et toutes les matières spécifiques aux grandes écoles de commerce. Quand j'y repense aujourd’hui, je réalise que c'est effectivement ce qui m'a permis de créer mon entreprise rapidement. Le fait d'avoir des notions dans des champs de compétences aussi divers et d'avoir une approche très pratique et très concrète de ces différentes disciplines m’a beaucoup aidé.
Quels sont les moments forts de votre formation à SKEMA Business School ?
Pendant mes études à SKEMA, j'ai présidé l'Association financière étudiante de Skema Sophia Antipolis (SKEMA Finance), en M1, dont l'objectif était de promouvoir et de faire découvrir la finance de façon concrète en organisant des conférences, entre autres. Et l'année suivante, pendant mon année de M2, j'ai continué sur cette voie en présidant la Fédération Sud Finance, qui regroupait toutes les associations financières étudiantes du sud de la France.
Cette vie associative très dynamique est vraiment l’un des gros points forts des écoles de commerce, et de SKEMA en particulier, qui regroupait plus d’une vingtaine d’associations étudiantes sur des thématiques diverses. C'est vraiment une très bonne façon de découvrir l'entrepreneuriat et la vie professionnelle, et de développer un réseau.
Le réseau que vous avez développé à Skema a donc été bénéfique pour le reste de votre parcours d’entrepreneur ?
SKEMA permet en fait un networking à deux niveaux. D'une part, en rencontrant des professionnels de la finance via les activités associatives, ce qui permet de voir concrètement ce que chacun d'entre eux faisait. Et d'autre part, un networking avec les personnes avec qui l’on monte l'association et développe des projets.
Je pars du principe que le networking, ce n'est pas juste un tableur Excel ou un annuaire avec des contacts, c'est avant tout des expériences partagées avec des personnes, autour d’un intérêt commun. J'ai d’ailleurs fondé New Trading, ma première entreprise, avec 4 associés qui étaient eux aussi étudiants à SKEMA Business School à l’époque.
Pouvez-vous nous parler de vos différentes entreprises ?
Aujourd'hui, j'ai trois entreprises distinctes.
New Trading, l’entreprise de mes débuts, qui propose de faire découvrir le trading à des particuliers, avec une formation en ligne et des interventions auprès d’une quarantaine de campus partenaires.
Suite à cela, j'ai lancé une deuxième entreprise, Syntax Finance, une agence marketing spécialisée à destination des services financiers, et qui propose du conseil, de la production, de l’édition et de la traduction de contenus. Nous sommes, à ma connaissance, la première agence marketing spécialisée en finance en France et cela nous permet de répondre aux besoins très spécifiques de nos clients. C’est grâce à SKEMA que j’ai eu la légitimité et les connaissances pour créer Syntax Finance, qui met en pratique ma double compétence en marketing / finance.
La troisième entreprise est le Finclub, un média ayant vocation à rapprocher étudiants et professionnels de la finance. Il sera lancé officiellement à partir de la rentrée prochaine. L'objectif est notamment de proposer à des étudiants d'interviewer des professionnels de la finance prêts à partager leurs expériences et leurs conseils avec bienveillance, et ainsi de cristalliser ce savoir sous la forme d'un média.
Ces trois entreprises ont donc pour point commun d’être toutes dans le domaine de la communication financière, via la formation et la pédagogie avec New Trading, via le marketing avec Syntax Finance, et via l'information avec le Finclub.
Vous gérez donc ces entreprises françaises depuis le Brésil où vous êtes expatrié ?
Je me suis expatrié au Brésil en 2019 pour des raisons personnelles, et j'ai profité de l'occasion pour internationaliser mon activité. Pour l'instant, nous commençons à décliner principalement Syntax Finance ici au Brésil, et nous prévoyons de lancer également New Trading et Finclub sur le marché brésilien prochainement.
L'entreprise a donc son siège en France, mais nous avons la particularité d'être en digital office à 100%, sans aucun bureau. C'est un choix stratégique que j'ai fait dès le début. J'ai voulu mettre tout le budget dans des salaires et dans des compétences, et non dans des locaux qui coûtent en général très cher. Nous avons donc un salarié à Bordeaux, un autre à Pau, un autre en Thaïlande…
En fait, dès que je me suis expatrié au Brésil, je me suis dit qu’il y avait deux manières de voir les choses : je pouvais soit percevoir mon expatriation comme une épine dans le pied, un obstacle, ou bien je pouvais la voir comme une opportunité de développer un business model différent.
C’était un challenge au début, car il faut du temps pour appréhender tout cela. Mais l’on se rend compte que quand tout est digital, on peut automatiser énormément de tâches chronophages et répétitives. Cela permet aux collaborateurs de l'entreprise de se concentrer sur les choses qui sont vraiment à forte valeur ajoutée. Cela nous a aussi permis d’être beaucoup plus résistants pendant la crise sanitaire, car nous étions déjà en télétravail. Je pense d’ailleurs que nous faisons partie des rares entreprises qui ont eu la chance de voir leur activité augmenter durant cette période.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés de Skema souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Mon premier conseil serait de développer une double, voire une triple compétence, afin d'apporter quelque chose que le marché n'apporte pas déjà. En effet, si l’on développe une compétence unique, en finance par exemple, il faudra vraiment faire partie des meilleurs du secteur pour se distinguer. De même en marketing. Alors qu’avec une double compétence, le nombre de concurrents est bien plus restreint et donc, a priori, les chances de succès sont plus grandes.
Le deuxième conseil serait de minimiser le coût des erreurs et le coût de l'apprentissage à la création de son entreprise. Selon moi, vouloir lever des fonds et faire appel à des investisseurs extérieurs en étant jeune diplômé pour créer sa société, c'est se mettre une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Les erreurs que j’ai pu commettre au début de mon activité ne m’ont pas coûté cher, car j'ai justement créé toutes mes entreprises en fonds propres, sans faire appel à des investisseurs extérieurs et sans contracter de dettes. Cela m'a demandé de me former sur beaucoup de compétences diverses (création de sites, automatisation des campagnes d’e-mailing, comptabilité d’entreprise…), mais c’est aussi ça qui m’a plu.
Mon troisième conseil, ça serait de faire simple. Quand on pense à créer une entreprise, on imagine tout de suite lancer le nouveau Facebook ou Google. Or, d'après mon expérience, il faut partir de quelque chose de très simple, s’assurer que l’on est rentable en commercialisant, puis éventuellement complexifier au fur et à mesure.
Enfin, je pense que développer un écosystème a été quelque chose de très important dans la stratégie de développement de mes entreprises. Par exemple, si j’avais juste créé un blog amateur qui proposait des formations en finance, cela aurait été difficile de percer. Mais comme le blog est adossé à Syntax Finance, qui a une capacité de production de contenu marketing et SEO, cela me permet d’utiliser ces compétences pour développer NewTrading. Par ailleurs, NewTrading et le Finclub permettent quant à eux de promouvoir le savoir-faire de notre agence Syntax Finance. Les synergies sont nombreuses.
Il est donc vraiment important de penser les différents projets que l'on souhaite lancer en tant qu’un même écosystème. Pour moi, l'entrepreneuriat, c’est poser des pierres, des briques de légitimité et des briques de compétences sur des choses assez simples. Et au bout d'un moment, les planètes s'alignent, et c'est là que le projet commence vraiment à décoller. Il faut être résilient parce que ça prend du temps. Mais après 8 ans d'expérience dans l'entrepreneuriat, l'une de mes principales conclusions, c'est que je ne crois plus du tout à "l’overnight success", c'est-à-dire à la boîte que l’on crée en une nuit, sur un coup de génie ou sur une idée innovante. La qualité et la vitesse d'exécution, l’intuition, et la résilience sont à mes yeux les trois vrais atouts de l’entrepreneur.
Interview réalisée par Soraya Benaziza