Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Moral des dirigeants : la France décroche ou s'accroche en 2025 ?

À l’aube de 2025, le moral des investisseurs français oscille entre incertitude et résilience. Sous le signe de la prudence, sans céder au pessimisme, les dirigeants Français doivent composer avec les défis immédiats dans des contextes national et international incertains et difficiles “Il faut absolument que le chef d’entreprise soit et reste optimiste“ insiste Alain di Crescenzo, Président de CCI France.

Photo d'une pierre avec écrit espoir en anglaisPhoto d'une pierre avec écrit espoir en anglais
Écrit par Jean Bodéré
Publié le 13 janvier 2025

Au moment d’entamer l’année 2025, le moral des investisseurs français n’est pas au beau fixe. Après une année 2024 marquée par l’incertitude et des défis économiques majeurs sur les scènes nationales et internationales, le Baromètre des dirigeants français 2025, réalisé par Eurogroup Consulting, révèle un paysage contrasté de l’état d’esprit entrepreneurial. Si les craintes n’ont pas totalement disparu, l’espoir se dessine, notamment grâce à un « volontarisme prudent » porté par une dynamique internationale globale.

 

 

Méthodologie du Baromètre 2025

Le Baromètre des dirigeants français 2025 repose sur une enquête réalisée entre le 14 novembre et le 20 décembre 2024 auprès de 1.048 dirigeants français, issus de PME, ETI et grandes entreprises, en France et à l’étranger. Les données ont été recueillies via des questionnaires en ligne et des entretiens. L’étude analyse les indicateurs clés (activité, rentabilité, investissement, effectifs), les risques (géopolitiques, économiques, climatiques) et les leviers de compétitivité (internationalisation, souveraineté économique). Les résultats combinent une approche statistique et des verbatims de dirigeants pour offrir une photographie représentative de leurs enjeux en 2025.

 

 

les risques sont à prendre en 2025

 

 

Une confiance timide, mais en hausse

D’après le baromètre, 51 % des dirigeants français se déclarent neutres, confiants ou optimistes à l’aube de 2025, marquant une très légère hausse par rapport à 2024. L’incertitude reste cependant bien présente avec 41 % des investisseurs qui affichent un sentiment d’indécision face aux perspectives économiques, une hausse de 6 points par rapport à l’année précédente. Seuls 8 % des dirigeants se déclarent franchement pessimistes, un chiffre qui témoigne d’une capacité de résilience face aux crises.

 

 

« Il faut absolument que les chefs d’entreprise soient et restent optimistes »

 

« Malgré un contexte géopolitique tendu, nous avons appris à composer avec l’imprévisible », confie un dirigeant participant à l’enquête. Pour lui, l’essentiel est de transformer cette incertitude en opportunité. « Il ne s’agit pas d’ignorer les risques, mais de miser sur nos équipes et notre capacité à rebondir », estime-t-il. Un état d’esprit partagé par d’autres, qui insistent sur l’importance d’une posture positive pour diriger dans la tourmente. « Il faut absolument que les chefs d’entreprise soient et restent optimistes », affirme notamment Alain di Crescenzo, Président de CCI France lors d’une table ronde à laquelle lepetitjournal.com a assisté. 

 

 

À lire aussi : L’attractivité économique de la France se dégrade-t-elle à l’aube de 2025 ?

 

 

 

Image d'une fleur qui pousse au milieu de la rouille

 

 

 

Les prévisions économiques : entre stabilité et rebond international

Si la stabilité reste l’information dominante des prévisions pour 2025, le baromètre dévoile tout de même quelques signaux encourageants. En France, les grands indicateurs (activité, rentabilité, investissement et effectifs) progressent avec une hausse moyenne de +4,3 % par rapport à 2024. Mais c’est à l’international que l’optimisme s’exprime pleinement puisque les prévisions y voient une hausse globale de 17 %, reflétant une confiance accrue dans les opportunités offertes hors des frontières hexagonales. Un dynamisme qui s’appuie sur des marchés considérés comme plus stables et porteurs, particulièrement en Asie-Pacifique et dans d’autres pays d’Europe.

 

 

34 % des dirigeants envisagent de s’implanter dans un nouveau pays en 2025

 

 

 « À l’étranger, nous retrouvons une certaine confiance, notamment grâce à des marchés mieux structurés et offrant des perspectives de croissance intéressantes », témoigne un dirigeant interrogé dans le cadre de l’étude. Cette quête d’opportunités à l’international s’accompagne d’une volonté affirmée de diversification, permettant de limiter les risques liés à la dépendance au marché intérieur selon Alain di Crescenzo. Une telle ambition se traduit par un intérêt croissant pour l’expansion internationale puisque 34 % des dirigeants envisagent de s’implanter dans un nouveau pays en 2025 selon l’étude. Parmi les destinations privilégiées, l’Asie-Pacifique se démarque comme une région clé, suivie de près par l’Europe ou les États-Unis.

 

 

 

 

Des préoccupations immédiates au détriment de l’avenir

Malgré des signaux encourageants sur le front économique, le rapport met en évidence une mise en arrière-plan des enjeux à long terme, comme la transition écologique et l’innovation technologique. Des thématiques pourtant cruciales pour garantir la compétitivité mais qui peinent à mobiliser les dirigeants français. Seuls 18 % considèrent la transition énergétique comme un défi prioritaire, et à peine 13 % s’inquiètent des risques climatiques. Une faible priorité qui tranche avec l’urgence des sujets régulièrement soulignés par les experts.

 

 

Photo d'une jeune pousse dans les mains

 

 

 Mais cette tendance pourrait évoluer rapidement. « Les récents incendies à Los Angeles et les catastrophes climatiques susceptibles de survenir dans des lieux stratégiques en 2025 pourraient déclencher un regain d’intérêt parmi les dirigeants français », explique Alain di Crescenzo. Des évènements potentiels qui, s’ils impactent directement les chaînes d’approvisionnement ou les marchés internationaux, peuvent alors forcer les entreprises à réintégrer les questions environnementales dans leurs priorités.

 

« Ignorer les transitions technologiques et climatiques aujourd’hui, c’est risquer de perdre en compétitivité demain »

 

Pour l’heure, l’attention des investisseurs reste captée par des problématiques jugées plus immédiates. En tête des préoccupations figurent les risques géopolitiques, cités par 74 % des sondés, et les risques économiques, mentionnés par 68 %. Des enjeux, amplifiés par l’instabilité mondiale et nationale qui semblent monopoliser les ressources et l’énergie des entreprises, au détriment d’une réflexion plus large sur les transitions à venir. Néanmoins, « ignorer les transitions technologiques et climatiques aujourd’hui, c’est risquer de perdre en compétitivité demain », alerte un participant.

 

 

Photo présentation baromètres dirigeants 2025

 

 

Un volontarisme prudent qui doit être soutenu par l’État

“Pour transformer ce volontarisme prudent en un élan durable, les dirigeants français auront besoin d’un État fort qui s’engage résolument à leurs côtés”, explique Gilles Bonnenfant, Président d'Eurogroup Company qui ajoute que “la protection de la souveraineté économique, à échelle française comme européenne, est plus que jamais décisive dans ce contexte”. Il faut dire que la souveraineté économique est désormais considérée comme un enjeu prioritaire par 61 % des dirigeants. Une ambition qui vise à garantir l’indépendance et la compétitivité des entreprises françaises mais qui repose sur la mise en place de mesures concrètes. Les dirigeants réclament donc la sécurisation des cadres réglementaires et une simplification administrative pour réduire les lourdeurs bureaucratiques, souvent perçues comme des freins à la compétitivité. « Les processus administratifs trop complexes nous coûtent du temps et de l’argent », confie un participant à l’étude.

 

 

Photo générée par l'IA d'un homme croulant sous la paperasse
Image générée par l'IA (Pixabay)

 

 

 Mais les chiffres du baromètre mettent en évidence un manque de satisfaction généralisé vis-à-vis des mesures actuelles puisque 82 % des sondés jugent les actions françaises et européennes insuffisantes pour répondre aux défis d’aujourd’hui. Ils accusent notamment la lenteur des réformes fiscales et des incitations économiques, jugées inadaptées pour rivaliser avec les politiques plus attractives de certains pays concurrents. « Pour être compétitifs, nous avons besoin d’un État partenaire, capable d’anticiper et de soutenir nos initiatives face à la concurrence internationale », souligne notamment un dirigeant. 

 

"Nous sommes bloqués par des lois européennes qui nous limitent dans le temps"

 

Seulement, « le verre est plutôt à moitié plein » selon Sophie Sidos, Présidente des CCE qui estime que « les entrepreneurs ont leur mot à dire et leur rôle à jouer ». « Mais nous sommes bloqués par des lois européennes qui nous limitent dans le temps, à 2040, et nous ne pouvons pas investir dans un délai aussi court alors qu’aux États-Unis, on nous propose d’investir sur un temps long » regrette la cheffe d’entreprise. Elle souhaite alors « que nos politiques se réveillent suffisamment rapidement, changent certaines réglementations européennes de façon à arrêter de nous plomber en permanence ».


Pour conclure, Arnaud Vaissié, Président de CCI France International, estime que l’avenir repose sur une prise de conscience collective : « Il faut rester optimiste et réaliste. Nous allons survivre et grandir mais il faut un travail absolument fondamental pour convaincre ce pays que la résolution de la plupart de nos problèmes passe par l’entreprise. Nous sommes peut-être au point d’inflexion où nous pouvons convaincre nos citoyens que l’entreprise est la clé pour cela. »

 

 

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions