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Sarah, 26 ans, doctorante en anthropologie sociale au Cambodge

Sarah Kerboas (1)Sarah Kerboas (1)
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 28 avril 2022, mis à jour le 28 avril 2022

Sarah Kerboas est Doctorante en Anthropologie sociale au LISST-CAS1, rattachée au CASE2 et à l’IRASEC3. Elle étudie la question du volontourisme au Cambodge vue par le prisme des « bénéficiaires »cambodgiens. Elle cherche, pour sa thèse à entrer en contact avec des traducteurs cambodgiens qui travaillent pour des ONG. Lepetitjournal s’est promis de l’aider dans sa recherche. 

 

Sarah a 26 ans. C’est assez jeune pour un chercheur en anthropologie. Elle est arrivée au Cambodge en 2017 pour réaliser son master. Venue initialement dans le Royaume pour y étudier l’accès à la propriété privée après le régime des Khmers Rouge, elle y découvre l’omniprésence des humanitaires et commence à se questionner sur la pratique d’un nouveau phénomène : le volontourisme. Fascinée par cet univers elle décide de l’aborder par le prisme des traducteurs cambodgiens, ces intermédiaires indispensables entre les volontaires et les bénéficiaires.

 

 Bonjour Sarah, avant de parler plus particulièrement de votre doctorat, pouvez-vous nous dire s’il existe des spécificités de la recherche en Anthropologie ? 

 

La recherche anthropologique suppose un investissement à plein temps, comme de nombreuses recherches. Mais pour cette science, peu connue, il s’agit vraiment d’être en immersion sur le terrain et cela pendant plusieurs mois. Cela consiste à observer, participer à la vie quotidienne, s’entretenir avec des personnes, recueillir des récits de vie. Je pense que ce qui différencie vraiment l’anthropologie d’autres sciences sociales c’est sa démarche inductive, toutes les données récoltées viennent du terrain, c’est l’expérience du terrain qui parle, le terrain prime toujours. Il ne s’agit pas de faire des généralités à tout prix. 

 

Comment cette recherche est-elle financée ?

 

Malheureusement, les financements sont rares dans ces cursus. Je postule occasionnellement à des bourses, que l’on appelle bourses de terrain, ou aides à la mobilité, et qui permettent, dans une certaine mesure, de contribuer à une partie du financement du séjour lorsque l’on doit effectuer son terrain. Sinon, la moitié de l’année je dispense des cours en tant que chargée de cours à l’Université, et cela depuis les débuts de ma thèse. Encore une fois, ce poste est assez précaire et nous ne sommes payés que tous les 6 mois. Je complète donc mes revenus en travaillant de manière intensive pendant la saison d’été ou faisant occasionnellement des retranscriptions et des petites enquêtes. 

 

Pourquoi avoir choisi comme thème de recherche le volonturisme et plus particulièrement le prisme des traducteurs cambodgiens ? 

 

Le volontourisme est un néologisme formé à partir des termes volontariat et tourisme, il s’apparente à une expérience de l’aide humanitaire au cours de vacances. Je trouvais que cette pratique pouvait poser des questions éthiques. Comment les motivations humanitaires considérées comme désintéressées peuvent rencontrer les motivations du tourisme qui se trouvent aux antipodes ? De nombreuses recherches se sont penchées sur ces phénomènes de volontariats alternatifs estampillés par différents termes pour les définir. Pour autant, on a rarement questionné le point des vues des personnes directement concernées par ces phénomènes philanthropiques et leurs intermédiaires. Je pense que les traducteurs sont essentiels, sans eux, l’établissement des ONG ne peut pas avoir lieu, ils sont le lien, permettent aux missions de se réaliser, aux volontaires de communiquer avec les populations et aux projets de se réaliser concrètement. Pourtant, ils sont souvent invisibilisés. J’aimerais donc pouvoir recueillir leur point de vue et savoir finalement comment ils sont devenus traducteurs. 

 

Comment les lecteurs du lepetitjournal.com peuvent-ils vous aider ? 

 

Si les lecteurs ont connaissance de traducteurs khmers, ou encore des personnes qui feraient de la traduction plus occasionnellement pour des ONG étrangères et qui parleraient en anglais ou en français, je serais très intéressée de les rencontrer. Il s’agirait d’une discussion d'une petite heure afin de parler de leurs expériences de la traduction ainsi que leur parcours de vie. 

Merci de me contacter sur mon mail : sarah.kerboas@univ-tlse2.fr

Ou bien sur telegram :+855 16 593 611

 

NOTES

1 Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires   c'est un laboratoire qui réunit plusieurs disciplines des Sciences Humaines et Sociales dont la mobilisation conjointe permet d'éclairer quelques unes des transformation les plus significatives du monde comtemporain.

2 Le Centre Asie du Sud-Est constitue le pôle majeur des études sur l’Asie du Sud-Est en France. Il rassemble une trentaine de chercheurs relevant de différentes disciplines : histoire, archéologie, philologie, économie, épigraphie, géographie, linguistique, anthropologie, ethnomusicologie

3 Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine. Son’objectif principal de cet Institut est de développer la recherche française en sciences humaines sur l’Asie du Sud-Est contemporaine et d’apporter un éclairage sur les grands enjeux et les perspectives dans les onze pays de cette région en plein développement.

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